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Les graînes

Publié le 15/02/2013

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Pour inciter les animaux à transporter les graines, rien ne vaut une petite récompense : ils mangeront l'a rille ou le fruit et rejetteront la graine, soit directement, soit par les voies naturelles. Les oiseaux consomment ainsi les boules blanches du gui en hiver : ils se débarrassent ensuite de la graine, entourée d'une chair très collante, en se frottant le bec contre une branche, où elle pourra germer. Beaucoup de fruits sont avalés entier, certaines espèces ne peuvent d'ailleurs germer qu'après être passées dans le tube digestif d'un animal. La taille du fruit est évidemment en rapport avec celle de la graine à transporter et de l'animal vecteur (de la fourmi à l'éléphant). Les gros fruits tropicaux sont ainsi destinés aux singes ou à de très gros animaux. Dans les régions à saisons marquées, beaucoup de fruits sont mis en réserve.

« réceptacle devient une masse charnue : les petits grains à sa surface sont des akènes contenant chacun une graine.

Plusieurs fleurs contiguës peuvent aussi donner un faux-fruit composé appelé infrutescence , comme l'ananas , la mûre de mûrier ou la figue : celle-ci est formée par le réceptacle des fleurs, presque entièrement fermé; les petits grains à l'intérieur sont autant d'akènes .

L a « pomme d'arrosoir» des lotus et le cynorrhodon des églantines et ~-- --- rosiers (genre Rosa) sont également des réceptacles floraux transformés.

Chez les anacardiers, le fruit est un akène, qui abrite la noix de cajou, mais celui-ci pousse à l'extrémité de la pomme de cajou, qui est son pédoncule transformé, charnu et comestible.

Enfin le fruit du physalis (alkékenge ou amour-en­ cage) est une baie, comme la tomate et les autres solanées, mais son enveloppe est le calice de la fleur transformé .

Qu'elles soient annuelles ou vivaces, les plantes se contentent rarement de laisser tomber leurs graines à leur pieds ; elles ont mis en place un ensemble de stratégies pour assurer leur transport, à proximité immédiate ou à plus grande distance.

PAR LA PLANT E Certaines plantes disséminent elles­ mêmes leurs graines par des procédés mécaniques (on parle de graines autochores).

Les Violacées (violettes, pensées) , les Balsaminacées (impatiences) et la plupart des Géraniacées ont pour fruit des capsules explosives: lorsqu 'elles sont sèches, elles s'ouvrent brutalement en projetant leurs graines Gusqu'à plusieurs mètres chez la balsamine des bois Impatiens noli-tangere ).

Le concombre d'âne Ecballium e/aterium est surnommé « concombre explosif» : à maturité , un simp l e contact le fait éclater , projetant ses graines et sa pulpe caustique dans toutes les directions .

La capsule du marron d'Inde tombe entière, mais elle éclate au sol, ce qui donne à sa grosse graine ronde de l'élan pour rouler un peu plus loin (tous les gros fruits ronds disposent ainsi d 'un léger avantage).

D 'autres capsules s'ouvrent simplement par des trous , comme celles des Papavéracées (pavot, coquelicot), ou par des fentes , comme celles des Liliacées (lys, tulipes), des Paéoniacées (pivoines), des crucifères ou Brassicacées , des Orchidées , etc.

Ces graines sont petites et profitent du mouvement des tiges pour sortir et s'éparpiller.

PAR LE VENT En fait, les graines d'orchidées sont même si petites (2 mg), qu'elles sont emportées par le vent comme de la poussière.

Chaque capsule en contient plusieurs centaines de milliers , parfois plus d'un million .

Cette petites se et cette abondance vont de pair : les graines d'orchidées n'ont pas de tissus de réserve.

Elles ne peuvent germer seules, mais sont dépendantes de glucides apportés par des champignons symbiotes.

La faible probabilité de rencontrer un symbiote implique un taux de germination très bas, qui est compensé par l'immense quantité de graines.

Les plus grosses graines anémochores (transportées par le vent) disposent d'adaptations spécifiques.

L'akène du pissenlit porte une aigrette, celle de la clématite une longue arrête plumeu se, les graines du cotonnier ou du kapokier sont entourées de fibres qui gonflent à l'ouverture de la capsule , avant que le vent les emporte.

Les akènes ailés (ou samares) sont fréquents : ailante , frêne , érables, etc.

Beaucoup de graines de conifères sont aussi ailées : presque toutes celles des Pinacées (sauf les mélèzes), les cyprès, etc.

Dans les régions sèches, enfin, certaines ombelles facilitent le transport des graines : leur tige se casse et le vent les fait rouler sur le sol.

PAR LES EAUX Les graines hydrochores sont surtout abondantes parmi les plantes aquatiques.

On en rencontre aussi parmi les palmiers .

Le fruit du cocotier (Cocos nuâfera ), grâce à son mésocarpe fibreux , peut flotter au gré des courants marin s, tout comme celui du coco de mer (ou coco-fesse, Lodoicea maldivica ).

Ce dernier , qui pèse jusqu 'à 25 kg, pourrait diffici lement se propager autrement.

P AR LES ANIMAUX Les plantes profitent de la mobilité des animaux , non seulement pour leur fécondation , mais aussi pour la dispersion de leurs graines.

Les animaux les transportent dans leur pelage , dans la boue sur leurs pattes , dans leur tube digestif ou volontairement , pour les manger plus tard .

Accrochage De nombreuses espèces se disséminent en s'accrochant au pelage des animaux .

Chez les bardanes (Astéracées du genre Ardium ), les fruits sont des akènes , rassemblés à maturité dans un faux-fruit en boule , hérissé de petits crochets.

Chez certains gaillets (Rubiacées du genre Galium) , toute la plante est adhésive, d'où le surnom de graterons.

Les caryopses des avoines sont entourés d'enveloppe s pointues , munies de poils orientés, qui leur permettent de se planter dans les pelages .

D 'une façon générale, les herbes des prés ou des savanes utilisent fréquemment ce mode de dissémination .

Con sommat ion Pour inciter les animaux à transporter les grai nes, rien ne vaut une petite récompense : ils mangeront l'arille ou le fruit et rejetteront la graine, soit directement, soit par les voies naturelles .

Les oiseaux consomment ainsi les boules blanches du gui en hiver : ils se débarras sent ensuite de la graine, entourée d'une chair très collante, en se frottant le bec contre une branche, où elle pourra germer.

Beaucoup de fruits sont avalés entier, certaines espèces ne peuvent d'ailleurs germer qu'après être passées dans le tube digestif d'un animal.

La taille du fruit est évidemment en rapport avec celle de la graine à transporter et de l'animal vecteur (de la fourmi à l'éléphant ).

Les gros fruits tropicaux sont ainsi destinés aux singes ou à de très gros animaux.

Dans les régions à saisons marquées , beaucoup de fruits sont mis en réserve.

Les écureuils stockent des fruits secs pour l'hiver , dont ils oublient une partie.

Les geais enterrent des quantités de glands en lisière de forêt , emplacement idéal pour la pousse des chênes.

Fourmi s Elles jouent un rôle très important pour la dissémination des petites graines, par exemple celles des violettes, des cyclamens , du ricin, des ajoncs, des genêts, de certaines euphorbes, etc.

On estime ainsi qu'en Australie près d'un tiers des espèces en bénéficient.

Les fourmi s récoltent les graines tombées au sol et les transportent vers leur nid.

Elles sont souvent attirées par une excroissance pous sant au niveau du hile et contenant des lipides et des substances chimiques attirantes , l'élaiosome (cette excroissance est assimilable à un tout petit arille, qui ne recouvrerait pas la graine).

La fourmi mange l'élaiosome et jette le reste: la graine n'a plus qu'à germer à l'abri du nid.

Dans d'autres cas, l'élaiosome se détache durant le transport et la fourmi abandonne la graine sur son chemin.

Plus simplement encore, la fourmi peut perdre la graine: c'est ainsi que les fourmis granivores contribuent aussi, dans une faible mesure , à la dissémination des espèces dont elles se nourri ssent.

DORMANCE ET GERMINATION Les graines permettent aux plantes de conquérir de nouveaux territoires , mais aussi de surviv re à des périodes défavorables à la vie végétale (typiquement , à l'hiver ) et ainsi d 'occuper d'autres zones que les Tropiques .

Ceci n'est possible qu'au prix de mécani smes raffinés : la graine adopte une vie ralentie , dont elle sera capable de sortir lorsque les conditions redeviendront favorables .

lON CÉVITÉ Il ne faut pas confondre dormance et longévité : la dormance est la durée naturelle pendant laquelle la graine ne germe pas.

La longévité est la durée maximale pendant laquelle une graine dormante pourrait germer.

Celle-ci est très variable : les graines du lotus sacré (Nelumbo nuâfera) peuvent germer après presque un millénaire , celles des légumineuses du genre Cassio après une centaine d'années, celles du cacaoyer, des saules ou des peupliers meurent au bout de quelque s jours.

Enfin celles du palétuvier ont une longévité nulle : elles germent directement sur l'arbre .

Cette longévité d épend de l'imperméabilité des téguments , de la composition des réserves et de la proportion d'eau (la graine de cacao contient 34 O/o d'eau).

DOR MANCE L'impo ssibilité de germer peut avoir plusieu rs causes.

Dormance cc vraie » Certaines graines ne peuvent pas germer pour des causes intrinsèques, indépendantes des conditions extérieures.

Celle s du Gingko biloba , par exemple, n'ont pas achevé leur maturation quand elles tombent de l 'arbre .

Dans beaucoup d'autres cas, la graine contient des substances inhibitrices, qui ne disparaîtront que progressivement, sous l'influence de divers facteurs .

On peut ainsi faire germer les graines d'érables, de frênes ou de noisetiers en les soumettant à une période de froid humide (stratification).

Une partie des inhibiteurs est détruite, la proportion de substances stimulantes augmente et provoque la levée de la dormance , prélude à la germination.

cc Fausse dormance » Certaines graine s pourraient germer, mais en sont empêchées par l'épaisseur de leurs enveloppes (tégument ou péricarpe ), qui ne laissent passer ni l'air ni l'eau .

Altérées par des bactéries , des moisissures ou les sucs digestif s des animaux, les enveloppes perdent leur imperméabilité et la graine germe (les jardiniers obtiennent le même effet en les enlevant ou en les scarifiant).

Les cônes de séquoia ne libèrent leurs graines qu'après avoir brûl é, de même que beaucoup de p lantes d 'Australie .

La résistance des enveloppes est génétique, mais peut dépendre aussi des conditions extérieures.

Chez Chenopodium po/yspermum , les graines mûries par jours longs ont un tégument deux fois plus épais que celles mûries par jours courts: les graines de la fin de l'été germeront plus vite que celle s du début.

Grâce à ce « réglage », elles germent toutes au moment favorable , au printemps .

Parfois , la barrière n'est pas seulement physique (bois , cires, mucilage), mais chimique : on trouve ainsi des polyphénols dans le tégument des pépins de pomme ou la coque des noix de cajou.

Ces substances peuvent être oxydées par des enzymes (polyphénoloxydases).

Chez la pomme , leur présence explique une particularité étrange: la germination n'a lieu qu'à basse température .

À température élevée, l'embryon de pomme s'étouffe: l'oxygè ne qui pourrait lui parvenir est moins abondant (plus un liquide est chaud moins il contient de gaz dissous), les polyphénoloxydases plus actives en consomment plus au passage, alors même que son propre métabolisme est plus important.

Ce mécanisme évite une germination trop précoce, lors des « coups de chaud » de la fin de l'hiver.

R ôle de la lumi ère Beaucoup de dormances sont photo sens ibles : elles sont levées par la lumière, qui agit sur un récepteur particulier, le phytochrome .

Cette protéine change de forme selon la lumière qu'elle reçoit : à une longueur d'onde de 660 nm (rouge clair ) elle adopte sa forme active ; celle-ci redevient inactive lorsqu'elle est éclairée à 730 nm (rouge sombre), ainsi qu'à l'obscurité .

En lumière naturelle , la forme active prédomine, car la réaction qui la forme demande un peu moins d 'énergie .

La forme inactive prédomine dans les jeunes graines, sauf dans les rare s cas de photosensibi lité négative : la graine mûre possède alors plus de forme active, mais celle-ci a une action inhibitrice.

C'est ce qui explique que la courge ou l'amarante ne germent qu'à l'obscurité , et le lierre dans les sous­ bois plutôt que sur les pelouses .

G ERM INATION Outre la lumière , la germination peut être régulée par la température , la présence d'eau, d'oxygè ne (seules les plantes aquatiques et le riz peuvent s'en passer presque complètement), le degré d'acidité , la présence d'organismes qui attaqueront les enveloppes de la graine, etc.

Les orobanches , san s chlorophylle, ne germent qu'en présence des plantes qu'elles paras itent (comme les orchidées, elles compensent cette dépendance par l'abondance et la longévité de leurs graines).

La germination peut aussi être entravée par des substances émises par d'autres plantes , comme la juglone des noyers , les excrétions des racines d'agrumes , les résidus de décomposition des feuilles marcescentes des hêtres.

La germination commence par l'absorption d'eau, d'abord passive , qui fait gonfler la graine et fend son tégument.

L'embryon peut alors respirer librement.

Sa consommation d'oxygè ne connaît trois phases: un accroissement rapide, correspondant à son réveil, une période de stabilité, où il commence à métaboliser ses réserve s, enfin un nouvel accroissement, lorsque la radicule se met à pousser.

Elle sort de la graine, préparant l'enracinement et l'épanouissement de la nouvelle plante .. »

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