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La grande désillusion Par Joseph Stiglitz

Publié le 17/03/2012

Extrait du document

  • L' orthodoxie financière des institutions financières internationales (IFI)

  • les politiques d'ajustement structurel à travers l'exemple de L'Ethiopie

  • La gestion par le FMI de la crise asiatique

  • La crise russe et la transition dans les pays de l'Est

  • Les enjeux d'une réforme urgente de l'architecture financière mondiale

 1. L' orthodoxie financière des institutions financières internationales (IFI)

Lorsque le Fonds monétaire international (FMI) a été créé, la mission assignée était claire : engager des actions collectives au niveau mondial pour garantir la stabilité économique de pays en difficulté. Cela signifiait qu'il devait stimuler la demande globale et financer temporairement les déficits publics pour maintenir le plein-emploi. Le marché fonctionnant mal, les Etats en cause devaient adopter des politiques expansionnistes : augmentation des dépenses publiques, baisse des impôts et des taux d'intérêt. Aujourd'hui, le FMI se veut le gardien du temple du marché et ne verse ses fonds qu'aux Etats menant une politique d'austérité : baisse des déficits et augmentation des taux d'intérêt. L'auteur considère que le FMI, en favorisant la spéculation ou en intervenant massivement uniquement sur le marché des changes a cessé de servir les intérêts de l'économie mondiale pour servir ceux de la finance internationale.

« une stratégie de développement rural attentive aux pauvres, en particulier aux 85% de la population qui vivaientdans les campagnes.

Le gouvernement éthiopien avait deux sources de revenus : les impôts et l'aide étrangère -l'Ethiopie, comme beaucoup de pays en développement, tire une bonne part de ses revenus de l'aide étrangère.

Lebudget d'un Etat étant en équilibre tant que ses revenus couvrent ses dépenses, le FMI s'inquiétait du fait que, sicette aide venait à se tarir, le pays aurait des problèmes.

Par conséquent, soutenait-il, l'équilibre budgétaire del'Ethiopie devait être jugé solide que si ses dépenses ne dépassaient pas ses rentrées fiscales.

Cette logique soulèvepar ailleurs un problème : quand un pays pauvre obtient de l'aide pour une réalisation quelconque, la constructiond'écoles par exemple, il ne pourra jamais dépenser cet argent pour ce projet puisque le FMI lui impose de conserverces fonds dans ses réserves.

Or, les donateurs internationaux, qui n'ont aucune obligation envers le FMI, accordentleur aide pour voir le projet effectivement réalisé – la construction d'écoles.

Les réticences du FMI pourraits'expliquer en raison de doutes sur le devenir à long terme du projet - des pays utilisent les dollars de l'aide pourconstruire des écoles ou des hôpitaux, mais une fois l'argent de l'aide épuisé, n'ont plus les moyens de les fairefonctionner.

Mais les donateurs ont pris conscience du problème et en tiennent compte dans leurs projets.

En ce quiconcerne le cas éthiopien, les allégations du FMI allaient au-delà : il estimait que l'aide internationale était tropinstable pour que l'on puisse compter sur elle. Il y avait un autre point de friction dans les relations Ethiopie-FMI : la libéralisation des marchés financierséthiopiens - le dynamisme des marchés financiers est le signe distinctif du capitalisme, mais en nul autre domainel'écart entre pays développés et moins développés n'est plus grand.

Le FMI voulait non seulement que l'Ethiopieouvre ses marchés financiers à la concurrence occidentale, mais aussi qu'il scinde ses principales banques enplusieurs morceaux.

L'Ethiopie avait d'excellentes raisons de résister au FMI devant cette exigence « d'ouverture »de son système bancaire : les conséquences de ce qui s'était passé chez l'un de ses voisins d'Afrique orientale, leKenya, qui, ayant cédé avait subi quatorze banqueroutes pour les seules années 1993 et 1994. 3.

La gestion par le FMI de la crise asiatique Les échecs du FMI sont aussi spectaculaires que ses politiques.

Les crises sont aujourd'hui plus graves et plusfréquentes, l'action du FMI contribue à l'instabilité mondiale et les pays où il intervient voient leur situation sedégrader.

Dans les pays en voie de développement ou en transition, qui sont généralement des " petits bateaux " sans capitaine, ni gilets de sauvetage et dont la structure est fragile, le naufrage devient réalité si une grossevague se présente.

Le FMI a joué le rôle du déclencheur de raz de marée avec ses politiques, imposées au nom dufanatisme du marché reposant sur trois piliers : privatisation, libéralisation et austérité budgétaire à un rythmeeffréné.

L'absurdité des choix du FMI peut avoir des conséquences très néfastes pour l'économie mondiale commeen témoigne l'ampleur de la crise asiatique dont il est un des éléments déclencheurs. Pour les pays du Sud-est asiatique, le FMI a souhaité, dans un contexte de début de récession, imposer unelibéralisation des marchés financiers ouvrant la porte à l'arrivée de capitaux spéculatifs.

Les plans du FMI (maintiendu taux de change, austérité, hausse des taux d'intérêt, etc.) ont échoué lamentablement provocant fuite descapitaux et des investisseurs, augmentation du chômage, baisse du PIB et catastrophe sociale.

Plutôt que destimuler la demande globale dans ses pays par une politique budgétaire expansionniste (baisse des impôts etaugmentation des dépenses) et une politique monétaire détendue, le FMI a conseillé aux gouvernements de fairel'inverse.

Obligation leur était faite, par exemple, de porter les taux d'intérêts à des niveaux élevés (plus de 25points) pour favoriser soi-disant l'attractivité pour les capitaux étrangers, ceci permettant de stabiliser les taux dechange.

Au lieu d'un prétendu retour de confiance dans les marchés, la récession s'est installée avec lesurendettement des entreprises, une contraction simultanée de la demande et de l'offre globale, et la fuite decapitaux. La restructuration entreprise par le FMI en Asie a conduit à protéger les investisseurs et oublier les habitants dupays.

La libéralisation accrue des marchés financiers a semé le chaos.

L'imposition forcenée d'une telle politiquesurprend d'autant plus qu'elle ne réussit pas davantage aux pays riches : aux Etats-Unis par exemple, ladéréglementation du système financier voulue par Reagan a provoqué une débâcle des caisses d'épargne.

Mais si lespays riches peuvent réparer les "pots cassés" (intervention de l'Etat), il n'en est pas de même pour les pays en voiede développement.

Et les pays qui ont pu échapper aux ravages de la crise asiatique sont ceux qui menaient unepolitique indépendante de celle du FMI - l'Inde, la Chine et la Malaisie -, et contrôlaient ainsi les opérations encapitaux. Le FMI a donc réussi l'exploit de dégrader l'efficacité globale des marchés, notamment au niveau de l'allocation deressources, mettant en branle en partie le "miracle asiatique" qui paraissait durablement installé.

Cet "exploit"s'ajoute à ses échecs répétés dans les pays où il est censé gérer les crises en cours.

Le plus souvent, il s'acharne,à coups de privatisations et de libéralisation imposés, à créer le climat le plus favorable aux investissementsétrangers. 4.

La crise russe et la transition dans les pays de l'Est J.

Stiglitz constate qu'au moment de la crise, alors que l'exemple désastreux des privatisations confisquées par lesoligarques ex-communistes auraient dû faire réfléchir la communauté internationale, le FMI n'a pas hésité, à fondsperdus, à fournir des aides d'urgence au gouvernement russe, aides qui se sont retrouvées en deux jours sur les. »

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