LA GRANDE JATTE DE SEURAT

« ' ' •• •• lA GRANDE JATIE 1884 -1886 Pei ntre françai s Analyse ..,_, Un dimanche après-midi sur l'île de la Grande Jatte - titre complet de la toile -est sans conteste l'œuvre la plus célèbre de Seurat.

Véri­ table manifeste du néo-impressionnisme , elle fit l'événement à la huitième et dernière exposition impressionniste en 1886.

La scène représentée - les loisirs de la petite bourgeoisie parisienne le dimanche au bord de la Seine -correspond aux sujets des impression­ nistes, mais l'approche formelle de Seurat s' op­ pose radicalement à la spontanéité d' un Monet ou d'un Renoir.

Seurat veut aller au-delà de l'impressionnisme.

Il ne cherche pas à traduire l 'instant ou à capter l' aspect le plus éphémère de la nature ; bien au contraire, il veut en donner une image synthétique , immobile , éternelle.

Les dimensions ambitieuses de la toile et le nombre des personnages représentés s'opposent à une approche rapide ou improvisée.

L'espace et les formes sont réduits à une géométrie abstraite qui a souvent suscité la comparaison avec l'œuvre de Piero della Francesca.

Comme beaucoup de tableaux classique s, La Grande Jatte est le fruit de longues études préparatoires - dessins , croquis , esquisses - où l'on voit Seurat étudier chaque figure individuellement, puis mettre en place les ombres et les lumières , avant de tracer l' esquisse x:rxe siècle Néo-i mpress ion nisme H uile su r t oile 20 7 x 308 cm définitive de la composition.

Pour la première fois, Seurat tente d'appliquer la théorie qu'il a élaborée, fondée sur la lecture des ouvrages de Charles Blanc, de Chevreul ou de Rood .

Ici, la couleur est clairement divisée, posée sur la toile par petites touches juxtaposées dont les tons doivent se mélanger à distance.

C 'est Chevreul qui le premier avait découvert la loi du contraste sim ult ané selon laqu elle une cou­ leur primaire atteint un maximum d'intensité si elle voisine avec sa complémentaire (composée de deux autres couleurs primaires) : le rouge avec le vert , le bleu avec l'orange, le jaune avec l e violet.

Ainsi dans le tableau de Seurat, une aura de tons complémentaires entoure chaque forme pour la mettre en évidence.

L'œuvre C La toile fut exposée pour la première fois à la huitième exposition impressionniste en 1886 et parti­ cipa peu après au Salon des Artistes indép endants.

À la mort du peintre , elle resta dans la famille Seurat avant d'entrer en 1900 dans la collection de Lucie Cousturier, elle -m ême peintr e néo­ impressionniste.

En 1924 , la toile est vendue par la galerie Vildrac à F.

C.

Barlett, grand colle ctio nneur am éricain qui léguera ses tableaux à l'Art Institute de Chicago.

Réactions et critiques + L'impressionnisme commençait tout juste à peintre Stevens s'a mus ait à entraîner ses amis à être admis quand le public et la critique durent l'exposition pour tourner l'œuvre en dérision.

affronter l'a pproche radicalement neuve de Félix Fénéon fut à peu près seul à comprendre Seurat qui rêvait d' un art scientifique où les lois l'intérêt de la nouvelle technique et à prendre sa de la beauté seraient le fruit d'une réflexion défense.

C'est lui qui baptisa le mouvement en théorique.

Autour de Seurat apparaissait déjà inventant le terme de « néo-impressionnisme », une véritable école comme en témoignaient les puis tenta de faire comprendre que la nouvelle œuvres divisionnistes de Signac , de Camille et de école avait des liens directs avec les impression- Lucien Pissarro exposées dans la même salle.

nistes, étudiant comme eux la lumièr e et la La Grande Jatte suscita un tollé général.

Le couleur, tout en renouvelant leur langage .

Du mêm e pein tre : PICTO 887 à 892 P hoto A rt lnstitute, Chicago.

10 Nardini Editore, 1993 .

VPC Larousse-Laffont pour l'édition f r ançaise 1993 21·33. »