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Une gravure fantastique (Spleen et Idéal) BAUDELAIRE

Publié le 02/03/2011

Extrait du document

baudelaire

Ce spectre singulier n'a pour toute toilette, Grotesquement campé sur son front de squelette, Qu'un diadème affreux sentant le carnaval. Sans éperons, sans fouet, il essouffle un cheval, Fantôme comme lui, rosse apocalyptique, Qui bave des naseaux comme un épileptique. Au travers de l'espace ils s'enfoncent tous deux, Et foulent l'infini d'un sabot hasardeux. Le cavalier promène un sabre qui flamboie Sur les foules sans nom que sa monture broie, Et parcourt, comme un prince inspectant sa maison, Le cimetière immense et froid, sans horizon, Où gisent, aux lueurs d'un soleil blanc et terne, Les peuples de l'histoire ancienne et moderne.    (Spleen et Idéal)

Vous ferez de ce texte un commentaire composé en montrant comment l'accumulation des images permet de créer une atmosphère fantastique et de définir une esthétique poétique.

baudelaire

« C.

la chevauchée qui hésite entre l'errance et la conquête glorieuse. III.

À travers cette scène, effectivement, Baudelaire représente tout à la fois le pouvoir et la signification ambiguëde la mort traduite par : A.

la force inexorable de l'image de la mort ; B.

l'excès de la théâtralité qui la prend en charge, proche du grotesque ; C.

ainsi, la poésie se met au service de l'imaginaire, de ses obsessions.

Rédaction du développement Première partie Ce poème de Baudelaire impose un décor effrayant, caractéristique de l'esthétique du fantastique dont les élémentslui furent proposés par l'écrivain américain Edgar Poe. Comme dans tout conte fantastique, l'espace cesse de s'identifier à un lieu rassurant et rationnel.

Il est d'abord unlieu vague dont l'immensité est suggérée par la locution prépositive « au travers de », ainsi que par le terme «indéfini » qui l'assimile aussi à un lieu de perdition et d'engloutissement.

Tout d'ailleurs concourt à suggérer uneimmensité effrayante : le verbe « ils s'enfoncent » donne à cet espace imprécis une profondeur angoissante ;l'expression « sans horizon » suggère un spectacle dramatique car sans limites ; enfin, la course du cavalier, erranteet violente, anime le tableau d'une dimension frénétique qui en accentue la démesure.

C'est bien alors le théâtremême de la mort qui s'organise. Le caractère effrayant de cette immensité est amplifié par le jeu des ombres et des lumières.

L'essentiel du poèmese déroule dans une atmosphère obscure que nous suggère dès le départ la référence à l'au-delà.

Tranchant surcette obscurité, un « diadème affreux », un « sabre qui flamboie» rappellent cette esthétique admirée par Baudelairechez Rembrandt, et célébrée dans son poème Les Phares, esthétique fondée sur le spectacle ambigu de l'ombrebrutalement coupée d'éclairs menaçants.

La seule source positive de lumière, le « soleil » est ici comme morte etfantomatique, ainsi que le rappellent les adjectifs « blanc » et « terne » qui la qualifient.

Cette irradiation blafardequi surgit en fin de poème est plus terrifiante encore qu'une définitive obscurité.

Ombre et lumière sont donc icihabilement alternées comme dans un tableau pour solliciter notre imaginaire. Cet autre monde sans limites, éclairé d'un soleil mort, figure l'espace où tout s'anéantit.

Il semble qu'ici la mortimpose partout son spectacle.

Il s'agit d'un « cimetière immense et froid » et le sol incertain s'encombre de cadavresinnombrables comme nés sous le sabot du cheval.

Ces « foules sans nom », ces « peuples » qui « gisent » sont lesouvenir des champs de bataille où s'anéantissent les courages, les espoirs.

La vie de l'homme n'en paraît que plusprécaire, plus menacée avec cette évidence de la mort vers quoi tout le pousse. Deuxième partie Ce décor effrayant, qui transforme le réel en néant, est animé par un couple étrange, menaçant mais aussipathétique et dont l'identité confuse contribue à approfondir le mystère du poème. Le cavalier donne à lire en premier lieu sa présence surnaturelle ; comme frappé lui-même par la force de la mort, iljaillit sous nos yeux sous les traits d'un « spectre ».

La mort semble avoir d'ailleurs contribué à l'effondrement d'unpouvoir antérieur.

Le « diadème » induit une souveraineté que l'adjectif « affreux », construit avec un effetd'antithèse, anéantit.

Les instruments de l'autorité, le « fouet » et les « éperons » eux aussi semblent happés parune instance supérieure.

Cependant l'évolution des termes qui désignent le cavalier à l'intérieur du poème confirmel'accroissement progressif de son prestige ; de « spectre » et de « fantôme », il devient un « cavalier » farouche,muni d'un « sabre », pour enfin se hausser au rang de « prince ».

L'évolution du vocabulaire construit ainsi l'imaged'un conquérant des ténèbres. Cette conquête progressive du pouvoir, sa monture la partage avec lui. En effet, le terme de « rosse » évoquant la vieillesse fourbue de l'animal, qui caractérise le cheval au début dupoème, se voit remplacé par le terme plus positif de « monture ».

De plus, dans la première partie, cavalier etmonture semblent se malmener mutuellement.

Le fantôme « essouffle » son cheval, le torture plus qu'il ne lechevauche.

Progressivement cependant, cette chevauchée hagarde les associe pour une conquête glorieuse.

Augeste véhément du « cavalier » qui « promène » son « sabre » répond la foulée meurtrière du cheval qui « broie » unpeuple de gisants.

La force du cavalier et la force du cheval s'associent donc pour figurer une violente chevauchéefantastique. Le déplacement même des personnages, cavalier et monture, permet d'appréhender l'amplification de leur force.

Lesvers 7 et 8 les désignent comme possédés, conduits par une destinée qui les dépasse : ils « s'enfoncent », ils «foulent ».

Leur route ne s'ouvre que sous « un sabot hasardeux » qui les laisse à la merci de tous les pièges.

De. »

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