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LA GUERRE DES CIVILISATIONS - EXPOSE DE Huntington

Publié le 01/09/2012

Extrait du document

C’est en fin de compte ce processus, que nous appelons aujourd’hui « société-monde «, qui caractérise le fonctionnement de notre monde, bien mieux que le fausse théorie du « choc des civilisations « comme on le voit avec la montée en puissance de certaines puissances économiques comme la chine et l’Union européenne. Le monde musulman n’est pas ou du moins ne devrait pas être vu par l’occident comme « l’ennemi « car comme on l’a vu un peu partout dans le monde arabe ces temps ci l’aspiration a la liberté et a la démocratie même tout ayant son propre visage ,sont des valeurs auxquelles aspirent la civilisation arabo-musulmane indépendamment même de la volonté d’imposition idéologique de l’occident ( les contestations sociales en Egypte a l’origine , n’était pas le produit de complot de l’occident).Dans leur ouvrage de 2007 Le Rendez-vous des civilisations, Youssef Courbage et Emmanuel Todd répondent à Samuel Huntington avec une analyse démographique du « monde musulman « : étant donné la diversité de l'islam, il est très difficile de parler d'un monde musulman). Ils vont à l’opposée de la thèse d'un « choc des civilisations « et montrent que les processus démographiques vont faire aboutir à une convergence des civilisations, sans toutefois gommer toutes les différences. Les trois principaux facteurs sur lesquels s'appuie leur thèse sont le taux de natalité, le taux d'analphabétisme, le rapport endogamie/exogamie.

« Or, continue Huntington, notre XXI° siècle ne verra pas la fin de l'Histoire L'Histoire va continuer, et elle sera comme toujours rythmée par les conflits.

Donc,puisque le monde où nous entrons sera structuré par les identités culturelles et/ou civilisationnelles, alors ces conflits seront d'abord des oppositions entrecivilisations.

Le monde multipolaire et multicivilisationnel du XXI° siècle verra des affrontements qui opposeront tantôt des Etats-nations cohérents sous l'anglecivilisationnel à d'autres Etats-nations cohérents sous l'angle civilisationnel, tantôt des groupes civilisationnels à l'intérieur des Etats incohérents sous l'anglecivilisationnel.

Voici l'entrée dans le monde du conflit métalocal, c'est-à-dire à la fois totalement local et totalement mondial.Huntington isole neuf civilisations, sans dissimuler que cette classification est en partie purement conventionnelle :* occidentale (Europe latino-germanique, Pologne, Pays baltes, Océanie et Amérique anglophone),* latino-américaine (Amérique du Sud et Centrale),* islamique (Maghreb, Somalie, Proche et Moyen-Orient, Indonésie),* hindoue (Inde),* africaine (Afrique subsaharienne),* chinoise (Chine hors Tibet, Vietnam, Philippines),* bouddhiste (Mongolie, Tibet, Thaïlande, Cambodge),* orthodoxe (Russie et Europe slavo-orthodoxe),* japonaise (Japon). On remarquera que cette cartographie huntingtonienne est favorable aux intérêts américains, puisqu'elle suppose l'homogénéité des USA (malgré leur mexicanisationaccélérée), le rattachement de l'Europe à un ensemble occidental dont le centre serait probablement américain, et l'éclatement de la Chine entre « civilisationchinoise » et une assez mystérieuse « civilisation bouddhiste » unifiant la Mongolie et le Cambodge .Ces civilisations, nous dit-il, vont se partager un monde désoccidentalisé.

Le recul de l'Occident sera en effet l'évènement majeur du début du XXI° siècle.

De ce fait,le grand facteur de déstabilisation sera la montée en puissance des blocs civilisationnels non-occidentaux, et, affirme Huntington de manière péremptoire, le conflitprincipal du siècle à venir n'opposera pas des classes sociales entre elles, mais bien des civilisations concurrentes.

Il n'est pas interdit de voir là la proposition d'unestratégie de classe remplaçant le « rêve mondialiste » de Fukuyama par un « cauchemar civilisationnel » huntingtonien.

Là où Fukuyama propose à l'hyperclassecapitaliste un monde unifié sous sa direction, Huntington suggère que le conflit civilisationnel préempte les tensions, pour rendre secondaire les oppositions declasse.

Cette stratégie de préemption du conflit, dit-il en substance, est plus réaliste que l'hypothèse d'une mondialisation intégrale et immédiate du pouvoir danstoutes ses acceptions.

Elle permet d'utiliser le « paradigme du chaos », qui, dit-il, rend bien compte de la réalité du monde à venir, même si d'autres paradigmes(Etats-nations, gouvernement mondial unifié, opposition pays riches/pays pauvres) doivent aussi être pris en compte. Pour piloter ce « paradigme du chaos », Huntington propose de s'appuyer sur la notion qui selon lui englobe toutes les autres, et n'est englobée par aucune d'elles :les civilisations.Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'il entend par là un concept opératoire, c'est-à-dire une méthode de pensée débouchant sur une action et sur un mode de gestiondes rétroactions.

La civilisation chez Huntington n'est pas un concept catégorisant, servant à décrire un plan défini de l'espace modélisé.

C'est un outil de la penséestratégique, visant à situer la réflexion dans le paradigme qui doit, selon lui, structurer l'action prioritairement.En réalité, cette hypothèse unificatrice recoupe la volonté de l'Occident d'imposer son modèle civilisationel à la planète, et cette volonté ne sera pas réalisée dans lesiècle qui vient.

La force militaire, conséquence du niveau d'acquisition technologique et du potentiel économique, ne parlera pas forcément en faveur de l'Occidentpendant ce siècle.

La diffusion des structures de consommation occidentales constituera un apport que chaque civilisation intègrera dans son propre cursus évolutif,elle n'impliquera qu'une homogénéisation très superficielle.

Perdureront sans aucun doute les réalités induites par la prégnance des modèles anthropologiques, par lemode de pensée structuré implicitement par les systèmes linguistiques, par la diversité des conceptions religieuses qui sous-tendent toujours les conceptionsculturelles et politiques.La théorie selon laquelle le commerce et les communications suffisent à créer paix et sentiment commun est également une illusion.

En fait, le commerce est souventun motif de guerre, et la communication peut très bien multiplier les facteurs d'incompréhension.

Beaucoup de notions occidentales sont intraduisibles dans lesystème de référence qui structure la construction du sens pour les non-occidentaux : que veut dire séparation du spirituel et du temporel pour un musulman ? Lanotion d'Etat de droit a-t-elle un sens en Afrique subsaharienne ? L'individualisme occidental rendu possible par la conception chrétienne du Salut est-il transposabledans l'univers mental hindou ? Partout où l'Occident a tenté de s'imposer, il n'a pour finir fait que susciter une réaction de rejet.

La Chine se modernise sanss'occidentaliser, l'Afrique s'occidentalise sans se moderniser.

En réalité, le paradigme chaotique n'est pas contrebattu par la modernisation, mais au contraire accélérépar celle-ci.

Historiquement, le mouvement le plus net est d'abord une occidentalisation superficielle pour acquérir la puissance industrielle, puis une revanche de lacivilisation indigène une fois la puissance acquise (dialectique du maître et de l'esclave).La puissance militaire et politique dépend fondamentalement de l'infrastructure économique.

Le recul relatif des capacités productives occidentales signe la fin de ladomination occidentale.

Depuis 1970, le taux de croissance économique de l'Asie avoisine 10 % par an, celui de l'Occident 2 % par an. Autre facteur de recul : la revanche de Dieu.

La religion, qu'on avait trop vite enterrée, reste un facteur puissant de structuration des identités.

Et Huntington soulignequ'à ses yeux, l'islam, en particulier, est incompatible avec le système de valeurs occidental.

Il constitue une proposition de « solution » apportée à la modernité – une« solution » qui éloigne le monde arabo-musulman de l'Occident, si bien que plus ce monde se modernise, plus il se désoccidentalise.

L'urbanisation, en particulier,cesse avec l'islamisme d'être facteur d'occidentalisation. Enfin, facteur de recul peut-être le plus décisif : la démographie occidentale est en berne.

Sur ce point, il n'est même pas besoin de commenter…Ce monde désoccidentalisé sera divers, et donc il sera structuré par sa diversité.Le paradigme qui, pour Huntington, va fondamentalement définir cette diversité, celui autour duquel les autres champs de différenciation vont se structurer, celui quinécessairement finira par les englober, est le paradigme identitaire.Les organisations régionales ne seront probablement pas les acteurs centraux du monde du XXI° siècle.

Pour Samuel Huntington, la structure politique du « choc descivilisations » sera centrée sur des Etats phares, qui régiront plus ou moins une « zone d'influence civilisationnelle » organisée par cercles concentriques.

C'est lacapacité des civilisations à s'organiser autour des Etats phares qui leur donnera des moyens d'action (raison pour laquelle l'islam est en mauvaise posture).

Danscertains cas, il s'agira d'alliance d'Etats phares (France-Allemagne pour l'Union Européenne), et même d'alliance entre alliances (UE centrée sur le couple France-Allemagne et USA).

Dans deux cas, il y aura un seul Etat phare, sans périphérie (Japon et Inde).

Aux frontières des zones d'influence de ces civilisations groupéespar des Etats phares, certains pays oscilleront entre Etats phares rivaux de civilisations différentes, et c'est souvent là que surgiront les grands conflits du XXI° siècle(cas de l'Ukraine, dont l'ouest est attiré par l'Europe France-Allemagne et l'est par la Russie).

Voilà le monde que Samuel Huntington imagine en 1993… et qui est,reconnaissons-le, bel et bien en train de prendre forme sous nos yeux.Les zones de conflit les plus dures, nous dit-il, seront celles où des pays divisés entre influences d'Etats phares relevant de civilisations différentes se trouverontaussi :* sur une ligne de recul rapide de l'Occident,* là où des mouvements migratoires importants feront coexister des identités civilisationnelles rivales et n'ayant pas eu le temps de s'apprivoiser mutuellement,* là où l'islam, à la fois très faible (pas d'Etat phare) et très fort (démographie) sera en contact avec une autre civilisation, parce que son mélange de force et defaiblesse constitue un cocktail détonnant. Huntington souligne que des phénomènes paradoxaux vont s'enclencher, et que ces chocs identitaires peuvent déboucher sur des confrontations à plusieurs niveaux,interagissant les uns avec les autres.

Dans un paragraphe absolument étonnant de la part d'un penseur considéré comme « hyperclasso-compatible », il écrit : « Lespartis européens hostiles à l'immigration sont pour une bonne part l'image en miroir des partis islamistes dans les pays musulmans.

Ce sont des outsiders dénonçantun establishment social et politique corrompu.

» Huntington sous-entend déjà, dans son « Choc des civilisations », les conclusions qu'il tirera par la suite :l'immigration est un phénomène complexe, difficilement pilotable, et qu'il vaut mieux ne pas encourager sans bien réfléchir aux conséquences civilisationnelles.Comment gérer ce monde chaotique ? Comment anticiper sur ces phénomènes paradoxaux, où le métalocal et le mondial vont constamment interagir ?« Les civilisations forment les tribus humaines les plus vastes, » répond Huntington, « et le choc des civilisations est un conflit tribal à l'échelle globale ».

Tant que ce. »

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