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La guerre et les écrivains du XVIème siècle

Publié le 21/05/2011

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     Depuis toujours des artistes écrivent, peignent, sculptent, jouent ou chantent des œuvres engagées par le biais desquelles ils défendent des idées qui leur sont chères. Ils cherchent ainsi à plaider pour une cause qui leur semble juste et légitime, ou au contraire à critiquer des idéologies, des sentiments ou des actes qui selon eux n’ont pas lieu d’être. Afin de toucher et d’émouvoir leur public, ces artistes utilisent divers arguments et armes rhétoriques.  Au cours de cette dissertation nous chercherons donc à savoir lesquels sensibilisent le mieux le public à la cause plaidée par l’artiste. Pour ce faire, nous énoncerons tout d’abord les œuvres et causes choisies pour illustrer le sujet, puis nous nous pencherons sur les armes rhétoriques et arguments qui nous paraissent percutants. Enfin, nous déterminerons lesquels nous ont le plus touchés et rendus sensibles à la cause défendue. 

« guerre civile, le chapitre 46 de Gargantua de Rabelais, et un extrait de L'Utopie de Thomas More.

Nous utiliserons la guerre civile, qu'il compare à un animal, un chien enragé animé d'instinctssauvages et primaires, elle « se défait par son propre venin » (l.

3) et « se démembre de rage » (l.

5), mais qu'ilassimile également à une maladie par le biais d'une métaphore filée : il emploie des mots tels que « guérir (l.8),médecine (l.

12), infection (l.13), maladie (l.

22) ».

Le groupe Mecano l'utilise aussi lorsqu'il compare les femmeshomosexuelles à « des colombes en plein vol » que rien ne peut arrêter, symboles de pureté, de paix et d'innocence,et Martin Luther King l'emploie pareillement lorsqu'il plaide pour l'égalité des peuples et souhaite que « les filsd'anciens esclaves et fils d'anciens propriétaires d'esclaves [puissent] s'asseoir ensemble à la table de la fraternité».Autre arme rhétorique, l'humour est utilisé par Benigni pour montrer au spectateur le courage des prisonniers dansles camps qui, pour certains d'entre eux, trouvent encore la force de sourire malgré la mort qui les entourent.

C'estle cas notamment du père de famille qui, pour protéger son fils, invente un jeu auquel il s'adonne avec son enfantdurant leur emprisonnement.

Il fait preuve d'humour et de courage lorsque, sensé traduire aux autres prisonniers lesinstructions données par un général allemand sur la vie dans le camp, il ne répète en rien les propos de l'homme maisénonce à la place toutes les règles qu'il faut respecter pour gagner le « jeu ».Pour défendre leur thèse, d'autres, comme François Rabelais, font référence à la religion.

C'est effectivement un desarguments utilisé par Grandgousier pour défendre la paix, après avoir évoqué l'Evangile, il s'en remet au jugement deDieu et refuse la guerre de peur de « Le voir offensé en quoi que ce soit par [lui-même] ou par les [siens] » (l.

45-46).Certains artistes choisissent quant à eux d'appuyer leurs dires grâce à des citations ou à des références à d'autresœuvres.

C'est le cas de Montaigne, qui cite en latin Virgile et Catulle, « Exuperat (…) medendo » et de Rabelais quilui évoque Platon et le livre V de La République.

Ils cherchent ainsi à démontrer la vérité de ce qu'ils avancent, et àconvaincre le lecteur en usant d'arguments d'autorité.Enfin, certains champs lexicaux peuvent aider eux-aussi à soutenir une thèse.

En effet, le champ lexical du sang etde la mort est omniprésent dans la chanson de U2, et ce dès le titre avec l'adjectif « sanglant », mais égalementavec des termes comme « corps (bodies), pertes (lost), sang (blood), die (mourir) ».

Il contribue ainsi à démontrerla violence et l'horreur des événements survenus.

Le champ lexical du secret est quant à lui employé par Mecano,avec des mots tels que « cacher, secret ou déguisent » qui évoquent la peur et la pression subies par leshomosexuels, obligés de cacher qui ils sont vraiment.Bien que tous ces procédés contribuent à défendre la cause plaidée par l'artiste, ce ne sont néanmoins pas les plusefficaces. Effectivement, d'autres armes rhétoriques employées par les artistes semblent plus percutantes et attirent plusnotre attention sur la cause défendue.

C'est le cas par exemple du jeu des couleurs utilisé par le peintre Goya dansson tableau : il l'a peint en représentant la scène de nuit, avec des couleurs très sombres qui installent unsentiment de malaise et de peur, les officiers français sont eux aussi représentés dans des teintes sombres et on nevoit pas leur visage, ce qui contribuent à les déshumaniser.

Pour jouer sur les effets de contraste et pour exploiterla symbolique des couleurs, il a en revanche représenté le paysan espagnol, sur le point de se faire fusillé, portantune chemise d'un blanc immaculé, et éclairé au milieu des ténèbres par une petite lanterne.

Il cherche ainsi àopposer la pureté, l'innocence du paysan, qui représente la paix, face à la cruauté et l'inhumanité des soldats quidéfendent la guerre.

Le texte sous forme de dialogue ou comportant une prise de parole semble également être unbon moyen de rendre le lecteur sensible.

Le dialogue, utilisé notamment par Thomas More, est un procédéd'animation qui contribue à rendre vivant le texte tout en permettant au lecteur de prendre une certaine distance etdonc de stimuler sa réflexion.

Ce procédé est également utilisé par le groupe Mecano qui utilise le discours rapporté: « une des deux dit que c'est mal agir ».Certaines tournures de phrases, comme des phrases interrogatives, permettent également de faire réfléchir le publicà la cause plaidée.

En lui posant, directement ou indirectement, une question, on lui demande ainsi de s'interrogersur un sujet et donc d'exprimer son opinion.

Cette tournure est utilisée dans la chanson du groupe U2 qui s'adresseau public et lui dit « il y a beaucoup de pertes, mais dis moi qui a gagné » (there's many lost but tell me who haswon ?), mettant ainsi en évidence l'inutilité de la guerre.Enfin, le texte sous forme de l'histoire d'une personne, réelle ou non, est une autre forme de procédé qui peut êtrepercutante.

En effet, dans sa chanson Pierre Perret nous raconte l'histoire de Lily, une jeune somalienne venue enFrance pour échapper à la misère mais confrontée, où qu'elle aille (même aux Etats-Unis), au racisme des Blancsenvers les Noirs.

Il nous permet ainsi, si ce n'est de nous identifier à elle, au moins de nous attacher à cepersonnage, d'éprouver des sentiments, de la compassion, de la tristesse, de la colère, face à ce qui lui arrive.

Ilparvient donc à nous impliquer.Mais certains procédés sont plus percutants encore, ils permettent à l'artiste d'émouvoir et donc de toucher lessentiments du public, parvenant ainsi à bien défendre la cause plaidée. C'est le cas de l'argument utilisé par le groupe U2 dans sa chanson.

Il condamne effectivement la guerre en disantqu'elle blesse les populations au plus profond d'elles-mêmes, mais surtout qu'elle déchire les familles en provoquantle chaos et la mort : « des tranchées creusées dans nos cœur », « et des mères, enfants, frères, sœurs déchirés »(en anglais « the trench is dug within our hearts, and mothers children bothers sisters torn apart »).Certains registres sont également très efficaces pour plaider une cause, comme les registres pathétique et tragique.Ce dernier est utilisé par Francisco Benigni, qui montre l'horreur des camps de concentration où la mort est partoutet qui montre notamment la mort de Guido, le père de famille qui, après avoir caché son fils, part sauver sa femmede l'exécution mais se fait prendre et est abattu dans un sombre recoin du camp.

Ce passage où l'on voit la mort decet homme qui s'est comporté en héros et est parvenu à sauver son fils est très émouvant et parvient à merveille àtoucher les sentiments du public qui ressent à la fois de la tristesse, du désespoir mais également de la colère et del'indignation.

Ce registre est également employé par U2 qui, pour dénoncer la cruauté et l'injustice des évènements. »

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