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Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1re partie, chap. IX

Publié le 30/03/2011

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M. et Mme Bovary ont été reçus dans le grand monde, chez le marquis de La Vaubyessard : soirée de rêve pour Emma; mais elle ne peut supporter le retour à son existence terne auprès de son mari, humble médecin de campagne... Comme elle était triste le dimanche, quand on sonnait les vêpres ! Elle écoutait, dans un hébétement attentif, tinter un à un les coups fêlés de la cloche. Quelque chat sur les toits, marchant lentement, bombait son dos aux rayons pâles du soleil. Le vent, sur la grande route, soufflait des traînées de poussière. Au loin, parfois, un chien hurlait : et la cloche, à temps égaux, continuait sa sonnerie monotone qui se perdait dans la campagne. Cependant on sortait de l'église. Les femmes en sabots cirés, les paysans en blouse neuve, les petits enfants qui sautillaient nu-tête devant eux, tout rentrait chez soi. Et, jusqu'à la nuit, cinq ou six personnes, toujours les mêmes, restaient à jouer au bouchon (*), devant la grande porte de l'auberge. L'hiver fut froid. Les carreaux, chaque matin, étaient chargés de givre, et la lumière, blanchâtre à travers eux, comme par des verres dépolis, quelquefois ne variait pas de la journée. Dès quatre heures du soir, il fallait allumer la lampe. Les jours qu'il faisait beau, elle descendait dans le jardin. La rosée avait laissé sur les choux des guipures d'argent avec de longs fils clairs qui s'étendaient de l'un à l'autre. On n'entendait pas d'oiseaux, tout semblait dormir, l'espalier couvert de paille et la vigne comme un grand serpent malade sous le chaperon du mur, où l'on voyait, en s'approchant, se traîner des cloportes à pattes nombreuses. [...] Puis elle remontait, fermait la porte, étalait les charbons, et, défaillant à la chaleur du foyer, sentait l'ennui plus lourd qui retombait sur elle. Elle serait bien descendue causer avec la bonne, mais une pudeur la retenait. Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1re partie, chap. ix. Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez étudier, par exemple, comment Flaubert, par le biais de ces évocations de la vie d'un village et au village nous fait pénétrer dans la solitude morale d'Emma Bovary.

 

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