L'habillement de l'épousée de Ernest
Publié le 11/09/2012
Extrait du document
À la lumière de cette interprétation on peut reconnaître Leonora Carrington dans la figure de l'épouse. Cette dernière, en 1940, décrit le peintre comme « un oiseau supérieur vêtu d'un long manteau de plumes «, en accompagnant son oeuvre d'une note où elle fait allusion à la créativité de son compagnon....
«
1940
Peintre allemand naturalisé français
Analyse
~ Cette nouvelle toile visionnaire élargit notre
connaissance
de l 'œ uvre de Max Ernst.
Au premier plan, deux étranges créatures avan
cent vers la droite ; l' une, mi-homme , mi-oiseau,
possède un superbe plumage et l'autre , une
femme, est vêtue d'une grande cape rouge orangé
surmontée d'
une tête de chouette .
De nombreux érudits ont tenté de décrypter
l 'iconographie
de ce tableau .
L 'interprétation la
plus convaincante demeure celle de Nicolas Col
las (1966) qui voit dans le personnage de gauche
la représentation de Loplop, l'oiseau fantastique,
alter
ego de l 'artiste lui-même .
On peut faire un
rapprochement entre ce tableau et des sources
autographes presque contemporaines.
Dans
son
essai autobiographique Au-delà de la peintur e, par
exemple , paru en 1936 , Ernst décrit ses visions.
L 'artiste relate celle du 24 décembre 1933 : il dit
avoir vu une chimère en robe du soir et avoir
assisté à la toilette de la ma riée ; il ajoute que
l'épouse du vent l'embrassait en passant au galop.
Le tableau a été comparé également à un autre
texte de l'artiste, l'introduction à La Maison de la
peur de sa compagne Leon,ora Carrington qu'il
avait rencontrée en 1937.
A cette occasion , en
effet, Ernst intitula son texte « Loplop présente
Huile sur toile 1 29,5 >< 96 ,6 cm
l 'é pouse du vent ».
On comprend, à la lecture de
celui-ci, l'identification de l'a rtiste avec Loplop
« par le plumage vert émeraude et le bec crochu
et aussi par l'œil perçant ».
À la lumière de cette interprétation on peut
reconnaître Leonora Carrington
dans la figure de
l'épouse.
Cette dernière, en 1940 , décrit le pein
tre comme « un oiseau supérieur vêtu d'un long
manteau de plumes », en accompagnant son
œuvre d' une note où elle fait allusion à la créati
vité de son compagnon.
Ce lien entre le travail
de Leonora Carrington et celui de Max Ernst a
été
mis en évidence lors de la publication de La
Sœur qu ' illustrait justement L'Habillement de
l'épousée .
Dans ce récit, une figure féminine , ou
plutôt un vampire, était présentée comme le per
sonnage féminin central.
L'œuvre
C Dat é et signé en bas , à droite «Max Ernst
1940 >>, le tableau port e éga lement une signature
autographe au revers.
L'Habillement de l 'é pousée
se trou ve depuis 1942 à Venise , dans la collection
Peggy Guggenheim à qui l'artiste en avait fait don.
La t echnique de la d éc alco m a ni e
+ L'aspect particulier de la surface du tableau sur une plaque de boi ~ ou d' un autre matériau.
est
dû à l'utilisation de la technique à l'huile asso- Le XJxe siècle connaissait déjà cette technique et
ciée
à la décalcomanie.
l'utilisait notamment dans la décoration en série
Les experts n'excluent pas que l'a rtiste ait uti- de porcelaines et de majoliques.
lisé la décalcomanie comme base avant de la Ernst la redécouvrit en lui donnant un nouvel
reto ucher au pinceau
en de nombreux endroits.
esprit basé sur la conviction toute récente que
Son intervention est assez complexe.
l'œuvre d'art n'es t pas une pièce unique, que l'art
La décalcomanie consiste dans l'impression sur est une réflexion ironique sur les angoisses
papier, ou sur un autre support, d'un dessin peint humaines.
Du même arti ste : PICTO 979 à 981 Photo © Salomon Guggenheim founda tion © Nardini Editore, 1995.
Liriade pour l'édition f rançaise , 1995 .
36-34.
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