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Le hasard est-il une explication ?

Publié le 22/02/2004

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Eclairer l'électron c'est troubler son mouvement en le bombardant avec des photons. La position du corpuscule sera d'autant mieux précisée que la radiation lumineuse exploratrice aura une longueur d'onde plus courte, mais du même coup la fréquence est augmentée, donc l'énergie et la quantité de mouvement transmise au corpuscule étudié. Le fait même de l'observation fait échec à l'observation du fait.     Mais si la position ou la vitesse d'un corpuscule ne sont pas exactement déterminables dans l'état actuel de la science, cela ne veut pas dire qu'elles soient indéterminées en elles-mêmes. Le fait qu'on ne puisse fixer à la fois la position d'un corpuscule et sa vitesse ne nous autorise pas à dire qu'il n'y a pas de causes qui déterminent cette position et cette vitesse. On nous rétorquera qu'en l'absence de toute possibilité de vérification scientifique le déterminisme devient au même titre que l'indéterminisme une simple hypothèse  métaphysique. Mais le principe du déterminisme nous paraît au contraire lié à l'esprit scientifique qui ne saurait renoncer, sans se détruire lui-même, à affirmer qu'il existe des conditions nécessaires, des « raisons suffisantes » à l'apparition des phénomènes. De grands esprits comme Langevin, Einstein, Plank n'ont pas cru devoir rejeter, à cause des difficultés de la microphysique, le principe du déterminisme. De Broglie lui-même, après avoir soutenu que les incertitudes de Heisenberg sont « irréductibles », est devenu moins affirmatif : « La physique quantique restera-t-elle indéterministe ? ».
Nous appelons hasard ce que nous ne comprenons pas (Laplace). Beaucoup de phénomènes naturels qui d'abord attribués au hasard. A mesure que votre connaissance grandit, le hasard recule. Mais, les découvertes de la physique contemporaines réintroduisent un coefficient d'indétermination dans la nature (cf. Les relations d'incertitude d'Heisenberg).

« Le pur hasard est rareIl est rare que l'on observe du hasard à l'état pur.

Beaucoup de phénomènes aléatoires peuvent êtreapproximativement prévus.

Ainsi, dans une rencontre sportive entre deux adversaires de forceéquivalente, on peut faire des projections à partir des rencontres disputées antérieurement, ou de leursrésultats récents. [Rien, dans la nature, ne se fait par hasard.

Nous ne parlons de hasard que lorsque nous ne pouvons pas rendre compte rationnellement de la cause d'un phénomène.

Le hasard ne peut donc pas tenir lieu d'explication.] La nature ne fait rien en vainpour Aristote, «la nature ne fait rien en vain».

Tout phénomène doitavoir une finalité, se produire pour une raison précise, en vue d'un butqu'Aristote nomme la cause finale.

De même, dans le domaine naturel,on oublie parfois que les mécanismes physico-chimiques constatés sontau service d'une fin (le fonctionnement d'un organe par exemple).

Lafonction du tout est la cause de l'existence et de l'agencement desparties.

La médecine, d'ailleurs, ne peut faire l'économie de ce principepour étudier un organe.La fonction visuelle est la cause finale de l'agencement des cellulesdans l'oeil.

Le hasard n'explique rien.

Le déterminisme (qui dit que tout phénomène s'explique par une causeantécédente) n'est pas contradictoire avec la finalité*.

Pris dans unordre immanent qui les dirige, les mécanismes sont des moyensdéterminés au service d'une fin.

Celle-ci n'est pas extérieure à l'êtrenaturel, elle lui est interne ; elle est sa loi propre.

Par myopie, lescientifique réductionniste peut l'oublier– un peu comme s'il disait qu'unlivre est dû à un « incroyable enchaînement aléatoire » de mouvementsd'une machine à écrire ! S'en tenir aux causes motrices peut être utile pour la science, mais nelui donne pas le droit de réduire l'être à la matière désordonnée.Inversement, oublier les causes motrices, c'est négliger la réalisation effective et rester dans l'abstrait.

Si la règle est que « la nature ne fait rien en vain », il y a cependant des exceptions.

De plus, que les êtresaient une fin ne signifie pas que l'entrecroisement de leurs actions en ait une.

C'est le hasard.

Le hasard n'est pas l'absence de cause motrice – tout est déterminé – mais l'absence de cause finale :lorsque quelque chose arrive sans intention ni but.

Ainsi une tuile qui tombe d'un toit.

Mais voilà qui arrive constamment ! Et nous ne nous y intéressons guère.

Nous remarquons le hasard et enrestons étonnés seulement lorsqu'il rencontre nos intérêts : quand quelque chose de fortuit donne l'apparenced'arriver intentionnellement, par exemple si la tuile tombe sur quelqu'un.

Pour reprendre ici une phrase deBergson : « Le hasard est le mécanisme se comportant comme s'il avait une intention.

»Tout s'organise donc dans la nature selon une cohérence.

Le hasard n'est qu'une «cause accidentelle d'effetsaccessoires revêtant l'apparence de la finalité».

Il ne peut pas être une véritable cause des phénomènes. Dieu ne joue pas aux désAprès Aristote, de nombreux philosophes et scientifiques ont pensé que tout pouvait être expliquérationnellement dans l'univers, qu'il n'y avait pas de place pour le hasard.

Ainsi, Hegel estime-t-il que «tout leréel est rationnel».. »

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