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HEIDEGGER: « La science ne pense pas »

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

heidegger
Cette phrase : « La science ne pense pas », qui a fait tant de bruit lorsque je l'ai prononcée, signifie : la science ne se meut pas dans la dimension de la philosophie. Mais, sans le savoir, elle se rattache à cette dimension. Par exemple : la physique se meut dans l'espace et le temps et le mouvement. La science en tant que 'Science ne peut pas décider de ce qu'est le mouvement, l'espace, le temps. La science ne pense donc pas, elle ne peut même pas penser dans ce sens avec ses méthodes. Je ne peux pas dire, par exemple, avec les méthodes de la physique, ce qu'est la physique. Ce qu'est la physique, je ne peux que le penser à la manière d'une interrogation philosophique. La phrase : « La science ne pense pas » n'est pas un reproche, mais c'est une simple constatation de la structure interne de la science : c'est le propre de son essence que, d'une part, elle dépend de ce que la philosophie pense, mais que, d'autre part, elle oublie elle-même et néglige ce qui exige là d'être pensé. Martin HEIDEGGER.

Thèse du texte: Dans ce texte, Heidegger refuse à la science sa prétention d' indépendance à l'égard de la philosophie. En soutenant que la science ne pense pas, Heidegger émet la thèse d'une impossibilité pour la science de se fonder elle-même, et qui est dû à sa propre démarche. 

 

Commentaire du texte:

            Dès la première phrase, Heidegger émet deux propositions: premièrement, "la science ne se meut pas dans la dimension de la philosophie." et deuxièmement "sans le savoir, elle se rattache à cette dimension."

heidegger

« méthode scientifique convient mieux pour des étants qui nepensent pas.

Les sciences laissent de côté toute une partie desétants.Or, d'un point de vue de l'histoire des sciences, il estavéré que la méthode analytique a d'abord était appliquée à laphysique.

Or, ici, le fait qu'il prenne l'exemple de la physique rendsa thèse plus percutante encore.

Même si on met entreparenthèse la vie pour ne s'intéresser qu'au domaine de laphysique, la science fonctionne sur des présupposés qu'elle neremet pas en question et qu'elle hérite sans le savoir de laphilosophie.

2) La science dépend sans le savoir de ce que laphilosophie a pensé.

La science ne remet pas en question ces propres fondements, ils lui viennent de la philosophie.

Or, il faut icipréciser une chose très importante.

Heidegger, dans ce texte,entend préciser la proposition parce qu'elle n'a pas été comprise.On pourrait lui reprocher de faire de sa propre matière quelquechose de supérieur à la science.

Mais, il ne faut pas confondre ladistinction science et philosophie, distinction de méthode, aveccelle entre d'un côté les scientifiques et de l'autre lesphilosophes.

Dans ce texte en effet, ce qui doit le plus frapper lelecteur est la répétition de l'idée selon laquelle la science nepense pas, au sens où Heidegger l'entend, à cause de saméthode.

Ceci ne signifie pas que le scientifique ne puisse paspenser, il le peut comme chaque homme, mais il ne le peut pas enappliquant la seule méthode scientifique.

Il peut interroger l'êtremais cela ne constitue pas la démarche normale de la sciencepour Heidegger, la science est une activité qui fonctionne dansce qui a été pensé.

Penser les fondements de la sciences est uneactivité philosophique de questionnement de l'être.

La science est fondée sur ce que la philosophie a pensésans remettre en question ces fondements, c'est en cela quepour Heidegger la science ne pense pas.

Reste à savoir s'il estlégitime de donner au fonctionnement normal de la science cetaspect dogmatique et de réserver à la philosophie la méditationsur l'être.

3) Point de vue critique La pensée que Heidegger développe sur la science peut être rapprochée de l'idée de révolution scientifique de Kuhn.

PourKuhn, l'histoire des sciences est une histoire des paradigmes ( quicorrespondent ici aux fondements "inconscients" de la science).Le travail scientifique pour Kuhn repose sur une ensemble deprésupposés fondamentaux qui, le plus souvent, ne sont pasremis en question par le travail scientifique.

Et ce jusqu'à ce quel'expérience contredise ce fondement.

Il arrive un moment donnédans l'histoire des sciences où la loi des chocs cartésienne (laforce se transmet par contact) est remis en question par lagravité newtonienne (force à distance).

Mais la révolutionscientifique reste exceptionnelle; de plus, pour Kuhn, la remis encause d'un paradigme scientifique peut être fortuite, par uneexpérience par exemple.

Cependant, la science admet aujourd'hui la valeurhypothétique de ses prémisses et une grande partie de l'activitéscientifique contemporaine consiste à remettre en question desthéories passées.

Par ailleurs, Popper fait de la falsifiabilité lecritère de la théorie scientifique.

Einstein n'a-t-il pas bouleversénos conceptions de l'espace, du temps? La proposition de Heidegger ne vise-t-elle pas seulement une vision restreinte voirarchaïque du travail scientifique? Ne se pose-t-il pas en critiquedu positivisme scientifique qui croit aux concepts scientifiquessans les interroger? N'y a-t-il pas également une manière de fairede la philosophie qui ne remette pas en question les fondements?. »

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