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Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814) Paul et Virginie

Publié le 30/03/2011

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bernardin

Sur le côté oriental de la montagne qui s'élève derrière le Port-Louis de L'Ile-de-France1, on voit, dans un terrain jadis cultivé, les ruines de deux petites cabanes. Elles sont situées presque au milieu d'un bassin formé par de grands rochers, qui n'a qu'une seule ouverture tournée au nord. On aperçoit à gauche la montagne appelée le morne de la Découverte, d'où l'on signale les vaisseaux qui abordent dans l'île, et au bas de cette montagne la ville nommée le Port-Louis ; à droite, le chemin qui mène du Port-Louis au quartier des Pamplemousses ; ensuite l'église de ce nom, qui s'élève avec ses avenues de bambous au milieu d'une grande plaine ; et plus loin une forêt qui s'étend jusqu'aux extrémités de l'île. On distingue devant soi, sur les bords de la mer, la baie du Tombeau ; un peu 10 sur la droite, le cap Malheureux ; et au-delà, la pleine mer, où paraissent à fleur d'eau quelques ilôts inhabités, entre autres le coin de Mire, qui ressemble à un bastion au milieu des flots. A l'entrée de ce bassin, d'où l'on découvre tant d'objets, les échos de la montagne répètent sans cesse le bruit des vents qui agitent les forêts voisines, et le fracas des vagues qui brisent au loin sur les récifs ; mais au pied même des cabanes on n'entend plus aucun bruit, et on ne voit autour de soi que de grands rochers escarpés comme des murailles. Des bouquets d'arbres croissent à leurs bases, dans leurs fentes, et jusque sur leurs cimes, où s'arrêtent les nuages. Les pluies que leurs pitons attirent peignent souvent les couleurs de l'arc-en-ciel sur leurs flancs verts et bruns, et entretiennent à leurs pieds les sources dont se 20 forme la petite rivière des Lataniers. Un grand silence règne dans leur enceinte, où tout est paisible, l'air, les eaux et la lumière. A peine l'écho y répète le murmure des palmistes2 qui croissent sur leurs plateaux élevés, et dont on voit les longues flèches toujours balancées par les vents. Un jour doux éclaire le fond de ce bassin, où le soleil ne luit qu'à midi ; mais dès l'aurore ses rayons en frappent le couronnement, dont les pics s'élevant au-dessus des ombres de la montagne, paraissent d'or et de pourpre sur l'azur des cieux. J'aimais à me rendre dans ce lieu où l'on jouit à la fois d'une vue immense et d'une solitude profonde. Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814) Paul et Virginie, 1788.

1. Ile-de-France : île de l'océan Indien, française de 1715 à 1815, aujourd'hui Mauritius (île Maurice). Capitale Port-Louis. 2. Palmiste : arbre de la famille des palmiers.

question 1    Montrez comment, dans le premier paragraphe, la description s'organise à partir d'un lieu précis (« deux petites cabanes «). (2 points)    question 2    Après avoir rappelé la nature grammaticale du mot leur(s) dans les lignes 17 à 22, vous en justifierez la répétition. (2 points)    question 3    Dans un développement organisé d'une page environ, vous montrerez comment cette première page du roman est faite pour susciter la curiosité du lecteur.    Vous mettrez en évidence l'opposition entre la mer et la terre.    Vous vous appuierez également sur les champs lexicaux, les connotations, l'organisation de l'espace et la réflexion finale. (6 points)   

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« PAUL ET VIRGINIE Ce livre est l'archétype du roman exotique de l'époque, sorte de « pastorale » célébrant la vie champêtre,l'innocence et la vertu des héros. Élevés dans le cadre idyllique de l'île Maurice, deux adolescents, Paul et Virginie, nourrissent l'un pour l'autre la plustendre passion.

Ils espèrent se marier, mais Virginie doit partir en France parfaire son éducation et devenir digne del'héritage que lui destine sa tante. Cette séparation est une douloureuse épreuve qui confirme la pureté et la ferveur de leur amour. Celui-ci devait triompher, mais le navire qui ramène Virginie fait naufrage sous les yeux de Paul.

Celui-ci essaievainement de la sauver et périt de désespoir.

question 1 Montrez comment, dans le premier paragraphe, la description s'organise à partir d'un Heu précis f« deux petitescabanes »!. Dans le premier paragraphe, des indicateurs spatiaux nombreux organisent la description du paysage local.

Bernardinde Saint-Pierre donne des indications directionnelles précises, des toponymes, des verbes de localisation, pourguider le trajet du regard de l'observateur à partir du point d'observation idéal des deux petites cabanes. sur le côté oriental tournée au nord à gauche à droite aux extrémités, sur les bords au milieu devant soi au bas plus loin au-delà à fleur d'eau A ces indications s'ajoute l'emploi des verbes : voir (ligne 2), situer (ligne 2), apercevoir (ligne 4), mener (ligne 6),s'élever (ligne 7), s'étendre (ligne 8), distinguer (ligne 9), paraître (ligne 10). Mais aussi celui de noms précis de lieux, les toponymes suivants : Port-Louis (lignes 1, 6), la Découverte (ligne 4),le quartier et l'église des Pamplemousses (lignes 6 et 7), la baie du Tombeau (ligne 9), le cap Malheureux (ligne 10),le coin de Mire (ligne 11). Ainsi l'auteur guide-t-il avec précision le regard de l'observateur placé devant les deux cabanes. question 2 Après avoir rappelé la nature grammaticale du mot leur (s) dans les lignes 17 à 22, vous en justifierez la répétition. Le mot leur(s) est un adjectif possessif, renvoyant aux « grands rochers escarpés » (ligne 16).

La répétition de ceterme vient non seulement rythmer rénumération des diverses fonctions tenues par ces rochers : — servir de giron aux arbres (ligne 17), — attirer les pluies (ligne 18), — colorer le paysage (ligne 18), — offrir des sources (ligne 19), mais aussi attirer l'attention sur :. »

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