Devoir de Philosophie

hispano-américaine, littérature.

Publié le 06/05/2013

Extrait du document

hispano-américaine, littérature. 1 PRÉSENTATION hispano-américaine, littérature, littérature des peuples hispanophones de l'Amérique du Nord et du Sud ainsi que de la Caraïbe. 2 APERÇU HISTORIQUE L'histoire de la littérature hispano-américaine remonte au XVIe siècle, époque de l'arrivée des conquistadores sur le continent américain (voir Amérique du Sud). Depuis cette période, son histoire se fait l'écho de celle -- culturelle, politique et économique -- du continent et se divise en quatre grands moments. Pendant la période de la colonisation (du XVIe au XVIIIe siècle), où les colons sont encore étroitement assujettis à leur pays d'origine, politiquement, économiquement et culturellement, la littérature produite sur le Nouveau Continent n'apparaît que comme une ramification de la littérature espagnole. Cependant, avec les mouvements d'indépendance qui marquent le début du XIXe siècle, la littérature hispano-américaine commence à explorer des thèmes qui lui sont propres, notamment des thèmes patriotiques. Après cette période d'affirmation de son identité, la littérature hispano-américaine connaît une production intense, pour atteindre son autonomie et sa pleine maturité au XXe siècle, au point de se tailler une place de choix dans la littérature mondiale après 1910. Voir Précolombienne, littérature ; brésilienne, littérature ; cubaine, littérature 3 PÉRIODE DE LA COLONISATION 3.1 Chroniques de la conquête (XVIe siècle) Les premières oeuvres composées en espagnol sur le continent sud-américain sont naturellement le fait d'auteurs espagnols. Nés sur le Vieux Continent, ces derniers ont gagné le Nouveau Monde pour y remplir des missions religieuses, des fonctions guerrières ou pour s'y installer. Leurs oeuvres traitent généralement des événements liés à la conquête de territoires inconnus et relatent notamment la confrontation des Espagnols avec les peuples autochtones ( voir Amérindiens). C'est le cas, par exemple, d'Alonso de Ercilla y Zúñiga, auteur de l'Araucana (1569-1589), poème épique (voir Épopée) décrivant la répression de la révolte des Indiens Araucans par les troupes espagnoles au Chili. Les conquêtes guerrières, la politique de christianisation -- qui passent par la constitution de reducciónes, c'est-à-dire de petites communautés d'Amérindiens dirigées par des jésuites -- et, plus généralement, l'organisation de la vie dans le Nouveau Monde sont des thèmes peu propices à l'épanouissement de la veine lyrique ou à la floraison romanesque ; ainsi la littérature du XVIe siècle se caractérise-t-elle surtout par un foisonnement de textes didactiques et de chroniques d'événements. Notons, au sein de cette production, l'Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne (posthume, 1632) de Bernal Díaz del Castillo, qui a été le lieutenant de Hernán Cortés. Garcilaso de la Vega, fils d'un conquistador et d'une princesse inca, mais élevé en Espagne comme un gentilhomme de la Renaissance, est quant à lui l'auteur d'une remarquable chronique en deux volets -- alors jugée subversive par les autorités espagnoles -- sur les Incas du Pérou et sur la conquête de ce pays par les Espagnols : Commentaires royaux sur le Pérou (1609) et Histoire générale du Pérou (1617). On compte aussi, parmi les premières oeuvres composées sur le continent américain, des pièces de théâtre ; destinées à l'édification morale des spectateurs, elles se caractérisent naturellement par un prosélytisme marqué à l'égard des autochtones. Les écrits du début de la période coloniale portent d'ailleurs fortement l'empreinte de la Renaissance espagnole, que caractérise une grande ferveur religieuse ( voir Espagnole, littérature). En effet, ce sont les hommes d'Église -- principaux détenteurs du savoir et de la culture en ce temps -- qui se trouvent, à cette époque, à l'origine de toute entreprise culturelle. L'un des plus éminents est sans doute le dramaturge espagnol González de Eslava de Mexico (1534-1610), mais il y a aussi Bartolomé de Las Casas, qui fait oeuvre d'historien et joue un rôle actif dans diverses colonies des Antilles, notamment à Saint-Domingue. 3.2 Modèle espagnol (XVIIe siècle) Mexico et Lima, capitales respectives des vice-royaumes de la Nouvelle-Espagne et du Pérou, deviennent au XVIIe siècle les centres d'une activité intellectuelle florissante. Splendides répliques des cités espagnoles, ces villes rivalisent d'artifices et de sophistication avec leurs modèles, traduisant ainsi l'engouement tant des Espagnols que des Créoles pour le style baroque alors à la mode sur le Vieux Continent. En littérature, cet intérêt se manifeste par le succès d'auteurs espagnols tels que Pedro Calderón de la Barca ou Luis de Góngora y Argote, mais aussi par la popularité de la production littéraire locale, dont le style et l'inspiration sont marqués par l'influence du baroque espagnol. Parmi les poètes locaux du XVIIe siècle, Juana Inès de La Cruz se distingue comme un excellent auteur de drames laïques ou religieux, composés en vers, tels que le Divin Narcisse (1688). Elle compose en outre des poèmes pour défendre les droits de la femme, notamment dans le domaine intellectuel, ainsi que des récits autobiographiques où se révèle son appétit de savoir. Un genre très à la mode dans la littérature espagnole de cette époque, la satire fait également son apparition outre-Atlantique avec la publication d'un roman empreint de réalisme social, les Infortunes d'Alunzo Ramírez (1690), de l'humaniste et poète mexicain Carlos de Sigüenza y Góngora (1645-1700). 3.3 Influence française (XVIIIe siècle) En 1700, la dynastie des Bourbons renverse la famille des Habsbourg pour prendre possession du trône d'Espagne : cet événement marque le début de l'influence française dans les colonies, qui se traduit d'abord par un engouement pour le classicisme -- de nombreuses pièces de théâtre du répertoire français sont adaptées en espagnol --, puis par la diffusion de la pensée des Lumières, quand des auteurs originaires des différentes colonies espagnoles se font les porte-parole des idées révolutionnaires. Cette époque est également marquée par l'émergence de nouveaux centres littéraires tels que Quito (Équateur), Bogotá (Colombie), Caracas (Venezuela) ou Buenos-Aires (Argentine). Ces villes deviennent bientôt, par la richesse de la vie littéraire qui s'y développe, les rivales des capitales des vice-royaumes ; c'est ainsi que les contacts avec le monde non hispanique se multiplient et que la mère patrie voit progressivement chanceler son monopole intellectuel. 4 CONQUÊTE DE L'INDÉPENDANCE (FIN DU XVIIIE-DÉBUT DU XIXE SIÈCLE) La vie des colonies s'organisant, culturellement et économiquement, de manière de plus en plus autonome par rapport à l'Espagne ; l'assujettissement politique devient bientôt vide de sens, donc insupportable aux colons. La lutte pour l'indépendance suscite l'éclosion de très nombreux écrits patriotiques belliqueux, notamment dans le domaine de la poésie, tandis que le genre romanesque, jusqu'alors interdit par la Couronne espagnole, s'épanouit et s'ouvre de plus en plus aux thèmes politiques et sociaux. Le premier roman hispano-américain, Perruchet le Galeux (1816), indéniablement inspiré par le roman picaresque espagnol, est l'oeuvre d'un auteur mexicain, José Joaquín Fernández de Lizardi (1776-1827). Les aventures du personnage principal y sont prétexte à décrire, d'un point de vue très critique, des pans entiers de la vie coloniale. La littérature et la politique sont de plus en plus nettement liées, à tel point que les écrivains s'identifient parfois aux tribuns de la République romaine. Ainsi le poète et homme politique équatorien José Joaquín Olmedo (1780-1847) fait-il l'éloge de Simón Bolívar dans son Ode à la victoire de Junín (1825). Cependant, une veine bucolique d'inspiration latine se développe, représentée notamment par Andrés Bello, qui fait l'éloge de la spécificité culturelle et naturelle de son pays en vantant les vertus de l'agriculture tropicale ; ce sont ces thèmes qu'il traite, par exemple, dans son poème Silvas (1826), inspiré par Virgile. À la même époque, mais dans une thématique tout à fait différente, la poésie du Cubain José María de Heredia (1803-1839) préfigure certains aspects du romantisme, en particulier les oeuvres nostalgiques qu'il écrit au cours de son exil aux ÉtatsUnis. Toujours à la même période éclôt un nouveau genre poétique chez les gauchos de la région de La Plata : populaire et anonyme, cette poésie traite généralement de politique. 5 CONSOLIDATION DES ÉTATS LATINO-AMÉRICAINS ( XIXE SIÈCLE) Après la mise en place des nouvelles républiques latino-américaines, les écrivains continuent à privilégier les genres littéraires français plutôt qu'espagnols ; cependant, ils sont de plus en plus nombreux à se faire les porte-parole de l'indianisme, c'est-à-dire de l'expression de l'identité culturelle des Indiens. 5.1 Essor du romantisme Le classicisme en vogue au XVIIIe siècle cède le pas au romantisme, qui va dominer la quasi-totalité du XIXe siècle. En Argentine, c'est Esteban Echeverría (1805-1851) qui fait connaître et apprécier le romantisme européen, et notamment français. Au Mexique, Mexico joue un rôle important pour le rayonnement de la culture française, même si la tradition hispanique des récits réalistes y perdure de façon vigoureuse. Au cours de cette période, nombreux sont les écrivains hispano-américains à s'engager dans la lutte politique. Rappelons à cet égard le groupe des écrivains romantiques argentins qui, de leur exil, s'opposent au régime que le dictateur Juan Manuel de Rosas a établi entre 1829 et 1852. Outre Echeverría, José Mármol (1818-1871), auteur notamment d'un roman d'espionnage intitulé Amalia (1851), et Domingo Faustino Sarmiento, futur président de l'Argentine, appartiennent à ce groupe, dont l'influence se fait sentir également au Chili et en Uruguay. Sarmiento, dans une étude sociologique intitulée Facundo (1845), démontre que le problème fondamental de l'Amérique latine réside dans la dichotomie entre l'état primitif d'une partie de la société et les influences européennes plus modernes. 5.2 Poésie entre tradition et modernité En Argentine, les chants traditionnels des gauchos disparaissent peu à peu au cours du XIXe siècle pour laisser place à des compositions plus élaborées, celles de poètes érudits comme Hilario Ascasubi (1807-1875) ou José Hernández. Ces derniers utilisent des éléments folkloriques pour produire une nouvelle poésie inspirée de celle des gauchos. Une oeuvre d'Hernández devenue un classique de la littérature argentine, Martín Fierro (el Gaucho Martín Fierro, deux parties, 1872 et 1879), relate les difficultés qu'éprouve un gaucho à s'adapter à la civilisation moderne. Les thèmes gauchos ont également été repris au théâtre, en Argentine bien sûr, mais aussi en Uruguay et dans le sud du Brésil. Dans les pays autres que l'Argentine, la poésie est moins marquée par les particularités locales : les poètes continuent à privilégier une veine romantique où le caractère national est assez ténu. Parmi les plus connus figure l'Uruguayen Juan Zorrilla de San Martín (1855-1931), qui fait imprimer à Paris un récit lyrique, Tabaré (1888), préfigurant, par certains aspects, le symbolisme. 5.3 Essor du roman 5.3.1 Roman réaliste Le XIXe siècle est aussi, comme partout dans le monde occidental, propice à l'épanouissement du roman. Le Chilien Alberto Blest Gana (1829-1904) est l'un des premiers à opter pour le roman réaliste, en utilisant des techniques narratives empruntées à Balzac pour décrire la société chilienne. Citons, à titre d'exemple, l'un de ses plus célèbres romans, Martín Rivas (1862). Des romanciers naturalistes, comme l'Argentin Eugenio Cambacérès (1843-1890), auteur de Sans direction (1885), s'inspirent pour leur part des procédés romanesques d'Émile Zola, en analysant la part de l'aliénation sociale et celle de l'hérédité dans les comportements humains. 5.3.2 Récit romantique Le romantisme perdure pourtant dans le roman, illustré par de nombreux auteurs de renom. Ainsi Jorge Isaacs est-il à l'origine d'un roman, María (1867), inspiré de Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre ; ce conte lyrique, qui évoque un amour voué à l'échec dans le cadre pittoresque d'une ancienne plantation, est peut-être le chef-d'oeuvre du récit romantique sud-américain. Il va connaître, en tous cas, un succès immédiat et retentissant. En Équateur, Juan León Mera (1832-1894) donne une image idéalisée des Amérindiens en les peignant au sein de la jungle la plus sauvage dans son roman Cumanda ou Un drame chez les sauvages (1879). Au Mexique, Ignacio Altamirano (1834-1893), romancier et journaliste, est l'auteur romantique le plus prestigieux, tandis que, au Brésil, José Martiniano de Alencar s'inspire d'éléments régionaux dans ses nouvelles « indianistes « (ou « indigénistes «), qui, pour la plupart, décrivent sur le mode romantique des histoires d'amour entre Indiens et Blancs, comme O Guarani (1857) et Iracema (1865). 5.4 Développement de l'essai Le XIXe siècle est également une période favorable pour l'essai, qui devient bientôt le moyen d'expression privilégié de nombreux intellectuels et journalistes engagés dans la lutte politique ; il est également en vogue dans le domaine de la philosophie et dans celui de l'enseignement. L'Équatorien Juan Montalvo (1832-1889), auteur des Sept Traités (1882), ouvrage nettement influencé par Montaigne, est l'un de ces artistes-polémistes. Quant au Péruvien Ricardo Palma (1833-1919), il développe un genre unique, sorte de recueil de courts récits historiques ; citons, à titre d'exemple, ses Traditions péruviennes (1872), qui dessinent un tableau du pays à l'époque de la colonisation. 5.5 Essor du modernisme Le modernisme, mouvement du renouveau littéraire, apparaît dans les années 1880, encouragé par la consolidation politique et économique des diverses républiques d'Amérique latine et par la paix et la prospérité qui s'ensuivent. Ce mouvement a ceci de nouveau et de spécifique qu'il privilégie la finalité purement esthétique de la littérature. Autre caractéristique, les modernistes affichent un patrimoine culturel cosmopolite, beaucoup étant très influencés par les tendances littéraires venues d'Europe, que dominent alors les Parnassiens et les poètes symbolistes français ; leurs écrits sont le fruit d'un étonnant mélange, entre une recherche stylistique poussée et une thématique spécifiquement sud-américaine. Si la plupart des modernistes sont des poètes, on compte aussi parmi eux de nombreux prosateurs, car la prose, en évoluant vers une langue plus poétique et moins discursive, connaît un regain d'intérêt, auprès des auteurs comme des lecteurs. Parmi les précurseurs du mouvement moderniste, citons le Péruvien Manuel González Prada (1848-1918), adepte de l'expérimentation esthétique mais aussi essayiste rigoureux, préoccupé par les problèmes sociaux et politiques de son pays, ainsi que les Cubains José Julian Martí et Julián del Casal (1863-1893), le Mexicain Manuel Gutiérrez Nájera (1859-1895) et le Colombien José Asunción Silva (1865-1896). Quant à Rubén Darío, il se rend célèbre grâce à ses Proses profanes (1896), qui jouent un rôle essentiel dans l'épanouissement du mouvement moderniste. L'ensemble de son oeuvre est d'ailleurs représentatif de la tendance expérimentale du mouvement moderniste, tendance qui, loin d'être spéculation gratuite, véhicule en fait une inquiétude métaphysique, comme on l'observe, par exemple, dans Chants de vie et d'espérance (1905). Darío, avec ses amis écrivains, est en outre à l'origine d'un renouvellement important de la langue espagnole et de la technique poétique -- le plus important, en réalité, depuis le XVIIe siècle. Parmi les auteurs de la deuxième génération des modernistes, citons l'Argentin Leopoldo Lugones et le Mexicain Enrique González Martínez (1871-1952), qui donnent au mouvement une impulsion et une orientation nouvelles en élargissant leur thématique poétique aux questions sociales et éthiques. L'Uruguayen José Enrique Rodó (1872-1917) confère, pour sa part, sa pleine dimension littéraire au genre de l'essai, avec son Ariel (1900), grâce auquel il devient le guide spirituel de la jeunesse de son époque. D'autres romanciers, comme l'Argentin Enríque Larreta (1875-1961), auteur de la Gloire de don Ramire (1908), marquent également leur époque. Le modernisme atteint son apogée vers 1910 puis gagne l'Espagne, où il influence durablement des générations d'écrivains. 5.6 Second souffle du réalisme Le mouvement moderniste demeure pourtant ignoré par de nombreux auteurs, qui continuent à produire des romans réalistes et naturalistes, axés sur les problèmes sociaux. Avec les Oiseaux sans nid (1889), la Péruvienne Clorinda Matto de Turner (1854-1909) renonce au roman indianiste sentimental de ses débuts pour produire une oeuvre d'un caractère plus moderne, ponctuée de revendications sociales. Le Mexicain Federico Gamboa (1864-1939) pratique, quant à lui, le genre du roman naturaliste urbain, notamment illustré par son récit Saint (1903), tandis que l'Uruguayen Eduardo Acevedo Díaz se distingue par ses romans historiques et « gauchos «. Le genre de la nouvelle et celui du drame parviennent à maturité plus tardivement que le roman, et n'atteignent une certaine plénitude qu'au début du XXe siècle. L'Uruguayen Horacio Quíroga (1878-1937) est l'auteur d'un recueil de nouvelles intitulé Récits sud-américains dans la jungle (1918) ; cette série de contes surréalistes met en scène des hommes confrontés aux éléments d'une nature primitive et menaçante, laquelle constitue d'ailleurs le cadre privilégié de l'ensemble des récits de cet auteur. 6 PÉRIODE CONTEMPORAINE La révolution mexicaine (1910-1920) coïncide, dans le domaine littéraire, avec une période de repli sur soi, au cours de laquelle les écrivains latino-américains s'interrogent sur les problèmes de l'individu au sein de la société. Depuis, ces auteurs ont considérablement élargi leur champ d'investigation, et la littérature hispano-américaine représente aujourd'hui un corpus littéraire impressionnant, qui traite avec force de thèmes universels et qui a gagné une audience internationale. 6.1 Poésie De nombreux poètes suivent les traces des Européens en adhérant à des courants d'innovations aussi radicaux que le cubisme, l'expressionnisme, le surréalisme, ou encore l'ultraïsme espagnol, terme générique regroupant les diverses tendances expérimentales littéraires qui s'épanouissent en Espagne dans les premières décennies du siècle. Le poète chilien Vicente Huidobro (1893-1948), très lié au poète français Pierre Reverdy, élabore pour sa part la théorie du « créationnisme «, qui fait du poème une entité indépendante de la réalité extérieure. Pablo Neruda, lauréat du prix Nobel de littérature en 1971, explore de son côté une large palette de thèmes et de styles, qui servent notamment l'expression sans cesse renouvelée de ses convictions politiques. Les rythmes et le folklore du peuple noir inspirent par ailleurs un groupe de poètes afro-antillais, parmi lesquels Nicolás Guillén, qui se distingue notamment par son poème « la Ballade des deux aïeux « (extrait du recueil West Indies Limited, 1934). Les poèmes de Gabriela Mistral, premier écrivain latino-américain lauréat du prix Nobel de littérature en 1945, sont remarquables par la chaleur et l'émotion qu'ils diffusent. Cependant, au Mexique, le groupe Contemporáneos, fondé en 1928 par Jaime Torres Bodet (1902-1974), José Gorostiza (1901-1973) et Carlos Pellicer (1899-1977), traite essentiellement des thèmes de l'amour, de la solitude et de la mort. Prix Nobel de littérature en 1990, Octavio Paz compose des vers métaphysiques et érotiques qui empruntent certains traits aux surréalistes français (Liberté sur parole, 1949). Également auteur d'essais littéraires et politiques (le Labyrinthe de la solitude, 1950, 1957 dans une version augmentée), Paz est considéré comme l'une des figures marquantes de la littérature latino-américaine de l'après-guerre. 6.2 Théâtre Le théâtre s'est développé progressivement jusqu'à occuper aujourd'hui une place de premier plan dans l'activité littéraire d'un certain nombre de villes latino-américaines, comme Mexico et Buenos-Aires, et il s'est imposé également dans des pays comme le Chili, Porto Rico ou le Pérou. Au Mexique, le théâtre a connu un renouveau, grâce, entre autres, à la revue Ulysse, dirigée par Javier Villaurrutia (1903-1950) : ce dernier, avec Salvador Novo (1904-1974) et Celestino Gorostiza (1904-1967), est en effet le fondateur du théâtre moderne, qui connaîtra son apogée avec l'oeuvre de Rodolfo Usigli (1905-1979). Le théâtre s'est par la suite propagé et popularisé grâce à un nouveau groupe de dramaturges, au nombre desquels on retiendra les noms de Vicente Leñero, et surtout d'Emilio Carballido, le plus prestigieux d'entre eux. 6.3 Essai et nouvelle La question nationale, qui se pose dans les différents États du continent américain, inspire nombre d'essayistes, même si ces derniers s'illustrent aussi dans d'autres genres et sur des thèmes plus universels. Les principaux essayistes mexicains de la génération de 1910 sont José Vasconcelos (1882-1959), qui mène d'importantes actions éducatives et culturelles, l'érudit dominicain Pedro Henríquez Ureña et Alfonso Reyes, dit le « Mexicain universel «, humaniste complet et auteur de Vision d'Anashuac (1917). À ces noms, il faut ajouter ceux de l'historien colombien Germán Arciniegas (1900-1999) et d'Eduardo Mallea (1903-1982), auteur d'Histoire d'une passion argentine (1937), qui contribue pour sa part à l'enrichissement du genre de la nouvelle en Argentine. 6.4 Roman Depuis 1900, le roman hispano-américain a connu trois grandes étapes dans son évolution : il s'inspire dans un premier temps de thèmes régionaux ; puis apparaissent des romans psychologiques avec une thématique plus universelle, dont les intrigues se déroulent pour la plupart dans des cadres urbains et cosmopolites. Enfin, les écrivains adoptent des techniques littéraires résolument modernes, témoignant ainsi de leur sensibilisation croissante aux influences de la littérature internationale. 6.4.1 Roman régional Le roman régional s'affirme grâce à des auteurs comme l'Argentin Ricardo Güiraldes (1886-1927), qui excelle dans le roman dit « gaucho « (Don Segundo Sombra, 1926), ou le Colombien José Eustasio Rivera (1889-1928), dont la fascination pour la jungle amazonienne nourrit le roman la Voragine (1924), ou encore Rómulo Gallegos Freire, qui campe son récit Doña Bárbara (1929) dans les immensités de la savane. La description du monde rural et la critique sociale sont pareillement au coeur de l'oeuvre de l'Uruguayen Enrique Amorim (1900-1960). La révolution mexicaine inspire des romanciers comme Mariano Azuela, auteur de Ceux d'en bas (1916), et Gregorio López y Fuentes (1897-1966) qui, dans l'Indien (1935), témoigne de sa connaissance du monde amérindien. La condition des Amérindiens suscite d'ailleurs l'intérêt de nombreux auteurs mexicains, guatémaltèques ou andins, parmi lesquels Alcides Arguedas, auteur de Race de bronze (1919), et Ciro Alegría, à qui l'on doit Vaste est le monde (1941). Miguel Ángel Asturias, qui reçoit le prix Lénine de la paix en 1966 et le prix Nobel de littérature en 1967, préfère quant à lui donner libre cours à son talent de satiriste politique en décrivant les rouages d'une dictature dans Monsieur le Président (1946). 6.4.2 Roman psychologique Les investigations psychologiques, dont l'importance va croissant dans la thématique romanesque, apparaissent de façon flagrante dans Mon frère l'âne (1922) du Chilien Eduardo Barrios (1884-1963) ainsi que dans les oeuvres des Uruguayens Juan Carlos Onetti et Mario Benedetti (1920- ), auteurs, respectivement, du Chantier (1961) et de la Trêve (1960). Une forme d'existentialisme tend par ailleurs à se développer, telle qu'elle apparaît, par exemple, dans Fils de voleur (1951) de Manuel Rojas (1896-1973). Ce mouvement va de pair avec le refus du roman régionaliste ou urbain. D'autres auteurs, cependant, mettent en place un univers où dominent l'imaginaire et la fantaisie, comme la romancière María Luisa Bombal, par exemple. 6.4.3 Vers le « réalisme magique « Les accents psychologiques -- et bientôt fantastiques -- dont se charge peu à peu la création littéraire engendrent un riche courant de fiction narrative, qui se développe plus particulièrement en Argentine et en Uruguay. Dans ce courant, on distingue le roman Continuation du rien (1944), où l'Argentin Macedonio Fernández (1874-1952) joue aux confins de l'absurde, le roman symboliste Adam Buenosayres (1948) de Leopoldo Marechal (1900-1970), le roman Bomarzo (1962) de l'Argentin Manuel Mijicà Lainez (1910-1984), autobiographie imaginaire baroque d'un prince de la Renaissance italienne, Pier Francesco Orsini, mais aussi l'oeuvre existentialiste de Ernesto Sábato, le Tunnel (1948). Le plus grand écrivain de l'Argentine moderne reste pourtant Jorge Luis Borges : d'abord poète ultraïste -- associé au mouvement de l'ultraïsme, lancé vers 1918, qui veut créer un « poème pur «, « un art qui n'imite pas et ne traduise pas la réalité « --, il devient un immense narrateur avec les récits ésotériques et fantastiques regroupés sous le titre de Fictions (1944). Borges s'efforce en outre de stimuler l'intérêt du public pour le roman policier et la littérature fantastique, comme le fait également Adolfo Bioy Casares, pionnier du roman de science-fiction avec son Invention de Morel (1940). Quant à Julio Cortázar, il est unanimement salué par la critique internationale pour l'ensemble de sa création, mais surtout pour Marelle (1963), qui révolutionne le langage romanesque. Influencé par des auteurs aussi variés que James Joyce, Virginia Woolf, Aldous Huxley, et tout particulièrement John Dos Passos et William Faulkner, le nouveau roman mexicain s'est démarqué du réalisme. Ainsi les oeuvres de José Revueltas (19141976) et d'Agustín Yáñez (1904-1980), auteur de Demain la tempête (1947), véhiculent-elles, au-delà d'une évocation de la vie rurale, des analyses psychologiques approfondies et des interrogations sur l'essence de la mexicanité. Le roman de Juan Rulfo (1918-1986), Pedro Páramo (1955), s'inscrit dans la même veine puisqu'il se développe autour de la problématique nationale. Ce sujet est au coeur des oeuvres de Juan José Arreola (1918- ), auteur connu pour sa prose poétique qui mêle allégorie, symbolisme et satire. Pareillement, Carlos Fuentes, dans des récits comme la Plus Limpide Région (1958), associe des éléments psychologiques et fantastiques à une inspiration folklorique nationale. Chez les autres romanciers de la déconstruction, qui tentent de remettre en question la cohérence romanesque traditionnelle, figurent Vicente Leñero et Salvador Elizondo (1932- ) ; ce dernier, auteur de Farabeuf (1966), s'est fait le peintre des mentalités de ses compatriotes. Parmi les romanciers d'Amérique latine mondialement connus, beaucoup ont préféré au récit régionaliste à valeur documentaire les récits extrêmement sophistiqués du point de vue technique. L'étiquette de « réalisme magique « peut ainsi s'appliquer à nombre de ces narrateurs, à tous ceux, en fait, qui s'efforcent de chercher le sens caché derrière l'apparente banalité du réel. Alejo Carpentier élabore dans ses romans une mythologie nouvelle, spécifique aux Caraïbes et pourtant universelle, notamment dans son récit le Partage des eaux (1953). José Lezama Lima crée lui aussi dans son Paradiso (1966) un monde entièrement mythique, empreint d'une beauté néobaroque. Quant à Mario Vargas Llosa, c'est sur la condition de l'Homme qu'il s'est interrogé, à travers différents portraits de la société péruvienne ( la Ville et les Chiens, 1963). Gabriel García Márquez, lauréat du prix Nobel de littérature en 1982, a connu la notoriété internationale grâce à Cent Ans de solitude (1967) où, par la magie de l'écriture, un petit monde bien circonscrit est transcendé en une entité magique et atemporelle. Tous ces auteurs ont mené le roman hispano-américain à sa forme la plus aboutie à ce jour et, ce faisant, ont réussi à lui donner un tel souffle et une telle sensibilité qu'il s'est aujourd'hui imposé au plan international. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« révolutionnaires. Cette époque est également marquée par l’émergence de nouveaux centres littéraires tels que Quito (Équateur), Bogotá (Colombie), Caracas (Venezuela) ou Buenos-Aires (Argentine).

Ces villes deviennent bientôt, par la richesse de la vie littéraire qui s’y développe, les rivales des capitales des vice-royaumes ; c’est ainsi que les contacts avec le monde non hispanique se multiplient et que la mère patrie voit progressivement chanceler son monopole intellectuel. 4 CONQUÊTE DE L’INDÉPENDANCE (FIN DU XVIII E-DÉBUT DU XIX E SIÈCLE) La vie des colonies s’organisant, culturellement et économiquement, de manière de plus en plus autonome par rapport à l’Espagne ; l’assujettissement politique devient bientôt vide de sens, donc insupportable aux colons. La lutte pour l’indépendance suscite l’éclosion de très nombreux écrits patriotiques belliqueux, notamment dans le domaine de la poésie, tandis que le genre romanesque, jusqu’alors interdit par la Couronne espagnole, s’épanouit et s’ouvre de plus en plus aux thèmes politiques et sociaux.

Le premier roman hispano-américain, Perruchet le Galeux (1816), indéniablement inspiré par le roman picaresque espagnol, est l’œuvre d’un auteur mexicain, José Joaquín Fernández de Lizardi (1776-1827).

Les aventures du personnage principal y sont prétexte à décrire, d’un point de vue très critique, des pans entiers de la vie coloniale. La littérature et la politique sont de plus en plus nettement liées, à tel point que les écrivains s’identifient parfois aux tribuns de la République romaine.

Ainsi le poète et homme politique équatorien José Joaquín Olmedo (1780-1847) fait-il l’éloge de Simón Bolívar dans son Ode à la victoire de Junín (1825).

Cependant, une veine bucolique d’inspiration latine se développe, représentée notamment par Andrés Bello, qui fait l’éloge de la spécificité culturelle et naturelle de son pays en vantant les vertus de l’agriculture tropicale ; ce sont ces thèmes qu’il traite, par exemple, dans son poème Silvas (1826), inspiré par Virgile. À la même époque, mais dans une thématique tout à fait différente, la poésie du Cubain José María de Heredia (1803-1839) préfigure certains aspects du romantisme, en particulier les œuvres nostalgiques qu’il écrit au cours de son exil aux États- Unis.

Toujours à la même période éclôt un nouveau genre poétique chez les gauchos de la région de La Plata : populaire et anonyme, cette poésie traite généralement de politique. 5 CONSOLIDATION DES ÉTATS LATINO-AMÉRICAINS ( XIX E SIÈCLE) Après la mise en place des nouvelles républiques latino-américaines, les écrivains continuent à privilégier les genres littéraires français plutôt qu’espagnols ; cependant, ils sont de plus en plus nombreux à se faire les porte-parole de l’indianisme, c’est-à-dire de l’expression de l’identité culturelle des Indiens. 5. 1 Essor du romantisme Le classicisme en vogue au XVIII e siècle cède le pas au romantisme, qui va dominer la quasi-totalité du XIX e siècle.

En Argentine, c’est Esteban Echeverría (1805-1851) qui fait connaître et apprécier le romantisme européen, et notamment français. Au Mexique, Mexico joue un rôle important pour le rayonnement de la culture française, même si la tradition hispanique des récits réalistes y perdure de façon vigoureuse. Au cours de cette période, nombreux sont les écrivains hispano-américains à s’engager dans la lutte politique.

Rappelons à cet égard le groupe des écrivains romantiques argentins qui, de leur exil, s’opposent au régime que le dictateur Juan Manuel de Rosas a établi entre 1829 et 1852.

Outre Echeverría, José Mármol (1818-1871), auteur notamment d’un roman d’espionnage intitulé Amalia (1851), et Domingo Faustino Sarmiento, futur président de l’Argentine, appartiennent à ce groupe, dont l’influence se fait sentir également au Chili et en Uruguay.

Sarmiento, dans une étude sociologique intitulée Facundo (1845), démontre que le problème fondamental de l’Amérique latine réside dans la dichotomie entre l’état primitif d’une partie de la société et les influences européennes plus modernes. 5. 2 Poésie entre tradition et modernité En Argentine, les chants traditionnels des gauchos disparaissent peu à peu au cours du XIX e siècle pour laisser place à des compositions plus élaborées, celles de poètes érudits comme Hilario Ascasubi (1807-1875) ou José Hernández.

Ces derniers utilisent des éléments folkloriques pour produire une nouvelle poésie inspirée de celle des gauchos.

Une œuvre d’Hernández devenue un classique de la littérature argentine, Martín Fierro (el Gaucho Martín Fierro, deux parties, 1872 et 1879), relate les difficultés qu’éprouve un gaucho à s’adapter à la civilisation moderne.

Les thèmes gauchos ont également été repris au théâtre, en Argentine bien sûr, mais aussi en Uruguay et dans le sud du Brésil. Dans les pays autres que l’Argentine, la poésie est moins marquée par les particularités locales : les poètes continuent à privilégier une veine romantique où le caractère national est assez ténu.

Parmi les plus connus figure l’Uruguayen Juan Zorrilla de San Martín (1855-1931), qui fait imprimer à Paris un récit lyrique, Tabaré (1888), préfigurant, par certains aspects, le symbolisme. 5. 3 Essor du roman 5.3. 1 Roman réaliste Le XIX e siècle est aussi, comme partout dans le monde occidental, propice à l’épanouissement du roman.

Le Chilien Alberto Blest Gana (1829-1904) est l’un des premiers à opter pour le roman réaliste, en utilisant des techniques narratives empruntées à Balzac pour décrire la société chilienne.

Citons, à titre d’exemple, l’un de ses plus célèbres romans, Martín Rivas (1862). Des romanciers naturalistes, comme l’Argentin Eugenio Cambacérès (1843-1890), auteur de Sans direction (1885), s’inspirent pour leur part des procédés romanesques d’Émile Zola, en analysant la part de l’aliénation sociale et celle de l’hérédité dans les comportements humains. 5.3. 2 Récit romantique. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles