HISTOIRE: Béatrice Cenci

S'il ne fait pas de doute que Béatrice Cenci fut, une fois dans sa vie, une jeune fille terrible, il faut donner à ce mot toute la grandeur dont s'ennoblissait sa haine. Vingt ans avant Stendhal, Shelley avait raconté l'histoire des Cenci dans un drame où une certaine volupté cruelle faussait le caractère du crime. Les pièces du procès, tardivement publiées en Italie, confirment, au contraire, l'authenticité du manuscrit utilisé par l'auteur des " Chroniques italiennes ". Francesco Cenci était à Rome un homme puissant. Son père, ministre des Finances, lui avait laissé, en bon trésorier, une immense fortune. Il s'en servit à donner libre cours à ses turpitudes et à payer l'impunité de ses méfaits. Il fut cependant emprisonné trois fois " pour ses amours infâmes ". Mais pour les meurtres que sa hardiesse l'engageait à commettre, il ne fut jamais inquiété. On se satisfaisait de lui infliger de grosses amendes dont profitait le trésor pontifical. Bénévolement d'ailleurs, il combla de son or le chapitre de Saint-Pierre.