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HISTOIRE ET DESTIN DE LA PHOTOGRAPHIE

Publié le 26/11/2011

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histoire

La photographie est âgée de cent-cinquante ans. En un siècle et demi, elle a conquis le monde à partir de l'invention capitale de Joseph Nicephore Niépce. Elle est indissociable de la civilisation moderne, dont elle n'a cessé d'accompagner la marche. Instrument de sorcellerie de la civilisation nouvelle, la photographie est à la fois un art et une technique. C'est un art, au même titre que toutes les autres formes de la création plastique, qui requièrent la collaboration intime de l'oeil et de l'esprit. C'est une technique, comme le sont l'architecture et la sculpture, la peinture et la gravure. Technique différente. Art différent. Voilà le fond du problème. Dans toutes les acceptions du terme, la photographie a bouleversé notre univers et, singulièrement, l'univers des formes. La « civilisation de l'image « est née de ses conquêtes et de ses appétits, de ses indiscrétions et de ses abus. Ouvertes il y a cent-dnquante ans, les portes de notre « musée imaginaire« ne sont pas près d'être fermées. Avant Niépce, nous ne connaissions le bout du monde que par ouï-dire. Il est, aujourd'hui, tout à nous à toute heure du jour et de la nuit. Ainsi croyons-nous le mieux connaître et le mieux maîtriser, l'illusion photographique aidant.

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« HISTOIRE ET DESTIN DE LA PHOTOGRAPHIE llne caricature de Nadar dans le Journal amusant • La photographie sollicitant une toute petite place à J'exposition des Beaux-Arts •.

l'objectif.

Et, à tort ou à raison, nous nous efforçons d'oublier la.

solennelle mise en garde du Baudelaire de 1859 qui, lucide et pessimiste, souhaitait que la photographre rentrât «dans son véritable devoir, qui est d'être· la servante des scie·nces et des arts, mais la très· humble servante, comme l'imprimerie et la sténographie, qui n'ont ni créé ni suppléé la littérature».

Ne craignait-il point qu'elle empiétât « sur le domaine de l'impalpable et de l'imaginaire » ? Crainte fondée ou non, le risque - si s'en est un ...

- n'est pas niable.

De tous les points de vue qu'on les envisage, les fils de Niépce ont libéré des forces qu'avant eux, on avait tâché de contenir.

On ne peut analyser la «révolution esthétique ».

qu'a fait éclater le XIX" siècle finis­ sant et que poursuit notre siècle, si l'on ne tient pas compte de l'existence de la photographie.

Que l'on s'en félicite ou que l'on s'en désole, les photographes ont de grands morts sur la conscience.

Ils ont, du même coup, mis au monde de grands vivants.

Servante ou maîtresse - ou les deux à la fois - la photographie a fait, plus ou moins sciem­ ment, subir à notre univers la plus évidente des métamorphoses.

Pour le meilleur et pour le pire, elle est la compagne de notre route depuis un 13608 siècle et demi de cheminement continu.

L'his­ toire se doit de la considérer et, le cas échéant, de la célébrer comme telle.

«L'œil écoute», disait Paul Claudel.

Ecoutons-le tel qu'il a su se mettre à l'écoute du monde.

LA RENAISSANCE AURAIT-ELLE PU INVENTER LA PHOTO? Les vertus presque magiques de la chambre noire avaiènt été maintes fois analysées bien avant le début du XIX' siècle par Aristote, quatre siècles avant l'ère chrétienne, par les savants arabes du x1• siècle, par Roger Bacon, deux cents ans.plus tard, et, surtout, par Léonard de Vinci.

Si celui-ci avait eu connaissance des travaux de son contemporain le savant Fabricius, qui dé­ couvrit le chlorure d'argent, la photographie aurait-elle pu être mise au point par la Renais­ sance ? Toujours est-il que, pourvue d'une len­ tille au XVI" siècle, puis devenue portative, la chambre noire fut, dès lors, abondamment uti­ lisée par les artistes, qui voyaient en elle le plus fidèle des serviteurs muets.

Les savants du xvni• siècle allaient pousser encore plus loin leurs recherches dans une telle direction.

Ainsi en fut-il,.

entre autres, du phy­ sicien italien Beccaria, qui découvrit l'action de la lumière sur le chlorure d'argent.

A l'extrême fin du même siècle, l'Anglais Thomas Wedgwood tenta, sans y réussir, de fixer, au moyen du nitrate d'argent, les images obtenues dans la chambre noire.

Les expériences furent reprises par son ami Humphry Davy.

Captées, les images fuyaient toujours ...

Il appartint à Joseph Nicephore Niépce (1765- 1833) de l'emporter là où tous ses prédécesseurs, proches ou lointains, avaient échoué.

Né à Chalon-sur-Saône, ce bourgeois aisé était un chercheur passionné.

Intéressé par le nouveau procédé de la lithographie, inventée en 1797 par l'Allemand Aloys Senefelder, il s'employait, de­ puis 1813-1814, à fixer « l'image des obje,ts à l'aide de la grmmre sur pierre par l'action des acides aidée du co·ncours de la lumière».

Il y parvenait enfin, en mai 1816, Pour la première fois, une image captée dans une chambre noire, était fixée à l'acide nitrique sur un papier im­ prégné de chlorure d'argent.

Niépce obtenait des négatifs à partir desquels il pouvait tirer des positifs.

La photographie - son nom ne fut forgé que le l'•r février 1839 par le physicien anglais Charles Wheatstone - était virtuelle­ ment inventée.

Il s'agissait maintenant pour Niépce de perfectionner sa , découverte.

Entre 1816 et 1821, il obtint de nouveaux résultats en utilisant des supports de pierre, de verre ou d'étain et en recourant au bitume de Judée comme substance de fixation.

Ce fut le cas, ·à partir de 1822, des plaques d'étain qui reprodui­ saient des gravures (notamment un portrait du cardinal d'Amboise) et qui, traitées à l'eau forte, pouvaient fournir d'excellentes épreuves.

En inventant la photographie, Niépce avait in­ venté l'héliographie qui est à l'origine de la photogravure...

Une nature morte sur verre Page 2. »

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