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L'histoire est-elle une science ?

Publié le 04/03/2004

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histoire
L'essentiel de son travail consiste à créer, pour ainsi dire, les objets de son observation, à l'aide de techniques souvent fort compliquées. Et puis, ces objets acquis, à " lire " ses coupes et ses préparations. Tâche singulièrement ardue; car décrire ce que l'on voit, passe encore; voir ce qu'il faut décrire, voilà le plus difficile.Etablir les faits et puis les mettre en oeuvre... Eh oui, mais prenez garde: n'instituez pas ainsi une division du travail néfaste, une hiérarchie dangereuse. N'encouragez pas ceux qui, modestes et défiants en apparence, passifs et moutonniers en réalité, amassent des faits pour rien et puis, bras croisés, attendent éternellement que vienne l'homme capable de les assembler. Tant de pierres dans les champs de l'histoire, taillées par des maçons bénévoles, et puis laissées inutiles sur le terrain... Si l'architecte surgissait, qu'elles attendent sans illusions - j'ai idée que, fuyant ces plaines jonchées de moellons disparates, il s'en irait construire sur une place libre et nue. Manipulations, inventions, ici les manoeuvres, là les constructeurs: non. L'invention doit être partout pour que rien ne soit perdu du labeur humain.
Le mot histoire a plusieurs sens en étroite relation puisque l'histoire est le cours des événements et la connaissance de ces mêmes événements ou le récit d'événements dits non historiques car fictifs. Le sens "de base" est : ce qui se passe. S'ajoute le récit de ce qui se passe. Si ce qui se passe est fictif, on nous raconte des histoires, s'il ne l'est pas, on accède à la connaissance du passé, on fait de l'histoire. Attention, dans certains sujets, plusieurs sens sont à envisager. L'histoire comme récit véridique des événements (distinct du mythe) naît en Grèce au V ième av. JC avec Hérodote et Thucydide. Au XIX ième, l'histoire essaie de calquer ses méthodes sur celles des sciences exactes et se constitue en science humaine. Sa prétention à la scientificité est elle légitime ? 

  • I) L'histoire fait partie des science humaines.
a) L'histoire est une explication rationnelle du passé. b) Il y a des lois en histoire. c) La méthode historique est une méthode scientifique.

  • II) L'histoire n'est pas une science exacte.
a) Le passé n'est pas observable directement. b) Il n'y a pas de causalité en histoire. c) De la subjectivité de l'historien.
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histoire

« Depuis l'avènement des sciences exactes, toute connaissance ne reçoit pas le nom de science.

Est scientifique, uncertain type de connaissance dont les caractéristiques essentielles sont les suivantes : énoncé de lois exprimablesmathématiquement, contrôle expérimental, prévision des phénomènes compris sous ces lois.

Or l'histoire ne remplitaucune de ces conditions en raison même de son objet : le passé humain.

Pourquoi le passé humain ne peut il pasêtre objet de science ? Et, plus généralement, nous pouvons nous poser la question suivante : l'homme, sujetconnaissant peut il être objet de science ? 1) Le contrôle expérimental est impossible "L'histoire est la connaissance du passé humain" (Marrou).

En tant que tel, ce passé n'est plus.

Même s'il peut êtreencore d' une certaine façon présent, présent dans des traces ou dans la mémoire collective ou individuelle, cettemémoire n'est pas la résurrection de ce qui est passé.

Si tout passé est par définition passé, le passé humain est enoutre à jamais aboli dans la mesure où il est impossible de le revivre et répéter.

On peut reproduire une expériencenaturelle (on a vu que le vivant se prêtait déjà beaucoup moins à cette répétition), on ne peut reproduireexactement une expérience humaine, qu'elle soit individuelle (cf.

l'analyse bergsonienne de la singularité de nosétats d'âme) ou collective.

L'histoire, connaissance du passé humain, est "la science des choses qui ne se répètentpas" (Valéry) et par suite "une connaissance par traces" (Simiand).

Ces traces peuvent être des documents écrits,photographiques, cinématographiques, des monuments, des outils et divers objets.

L'historien n'observe pasdirectement les faits qu'il analyse.

Divers problèmes se posent alors : • le problème du contrôle expérimental.

L'historien ne peut contrôler expérimentalement ses connaissances.

Desdocuments peuvent venir les infirmer ou confirmer mais il ne s'agit pas là d'un contrôle par l'expérience puisquel'expérience passée n'est plus.

L'expérimentation est impossible en histoire et de nouveaux documents sont toujourssusceptibles de remettre en question le savoir. • le problème de l'insuffisance des traces.

L'impossibilité de contrôler expérimentalement est d'autant plus gênanteque les documents ne sont pas toujours assez nombreux.

Plus on remonte dans le passé, moins il y a de traces etnous ne savons presque rien de toutes les sociétés sans écriture. • le problème de l'authenticité des traces.

L'historien peut tomber sur un faux document, un document de l'époquequi pour une raison ou une autre a travesti la vérité.

Ce travestissement peut également être involontaire.

Letémoin était mal informé.

Conscients de ce problème les historiens ont élaboré une méthode d'examen critique destextes : doute méthodique, datation, recherche de multiples documents afin de comparer les informations.

Lacritique est dite externe lorsqu'elle cherche à déterminer s'il s'agit d'un faux (beaucoup de faux dans les périodestroubles) et interne lorsqu'elle cherche à déterminer la fiabilité du témoin. • le problème de l'interprétation des traces que l'on examinera par la suite. Conséquence: selon le critère de la scientificité d'une connaissance dégagé par Popper, l'histoire n'étant pasfalsifiable, n'est pas une science.

Il n'est pas possible de la soumettre à un contrôle expérimental négatif. 2) Les lois que l'historien peut dégager ne sont pas scientifiques. Parce que l'histoire a pour objet ce qui ne se répète pas, et est donc singulier, orignal, l'histoire ne peut dégagerdes lois au sens scientifique du terme.

La chute des empires, Grec, Romain, Ottoman, colonial français n'obéit pas àla loi de la chute des "corps" politiques.

Il n'est pas possible d'établir un même rapport quantifiable de cause à effet.Les faits historiques sont tels qu'ils ne peuvent être subsumés sous des lois c'est à dire compris, au sens de prendreensemble, sous une même loi.

S'il existe des lois, ce qui n'est pas certain, ces lois sont des propositions généralesappelées lois du sens commun du genre : tous les hommes sont mortels.

Exemple: une forte crise économiqueentraîne généralement des mouvements sociaux.

Mais ces lois, en raison de leur généralité, n'offrent jamais uneconnaissance approfondie des faits.

Pourquoi ce fait là, avec ces caractéristiques là qui le singularisent ? Certes lesproblèmes endémiques de la monarchie française au XVIII ième auxquels se sont ajoutés des mauvaises récoltes,permettent de comprendre les mouvements de révolte.

Mais cette loi économique générale ne permet pas decomprendre la tournure des événements.

Pourquoi une révolution ? Pourquoi une révolution en deux temps ? etc.

Demême, les lois de l'histoire dégagées par Marx, quelle que soit leur pertinence, peuvent servir de fil directeur, maisne peuvent constituer tout le travail de l'historien.

Si l'histoire (cours des événements) a un sens, ce sens est globalet dégager ce sens global n'est pas l'affaire de l'historien qui cherche à comprendre le déroulement précis des faitsd'une période donnée.

Les lois générales ne pouvant pleinement satisfaire l'historien, ce dernier recherche les causesparticulières des phénomènes particuliers qu'il étudie ou plus exactement l'enchevêtrement particulier de causesmultiples. 3) Les causes historiques, s'il en existe, sont très complexes. L'historien analyse une période donnée et plus il veut son analyse précise, plus il doit limiter son objet d'étude :courte période envisagée à partir d'un problème précis.

Exemple : les institutions de la Grèce du VI ième au IV ième.Et alors les lois générales sont d'un faible secours.

Il doit démêler les faits c'est à dire déterminer les faits quipeuvent être considérés comme des événements.

On appelle événement un fait qui a eu une importance particulièresur le déroulement de l'histoire.

Mais alors : quelle importance, de quelle nature, à quel point ? De quoi cetévénement a t il été la cause ? Et puis, il y a d'autres événements.

Quelle est l'importance respective des différents. »

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