Devoir de Philosophie

L'histoire est-elle une science ?

Publié le 28/01/2012

Extrait du document

histoire

Ce problème traditionnel n'existe que par la discussion possible du sens du mot science. En fait l'histoire est une science à sa manière, et c'est un faux-problème que de se demander si la science historique est possible, puisqu'elle existe. Le vrai problème est plein d'implications métaphysiques et politiques. La question date pratiquement de l'avènement des philosophies de l'histoire, c'est-à-dire de Vico, de Hegel, d'Auguste Comte et de Karl Marx, parce que chacune de ces philosophies de l'histoire s'est posée comme scientifique, objective, méthodique, explieative, aboutissant à des lois et éclairant l'action à venir....


histoire

« nous paraltrons avoir appris non des sciences, mais de l'histoire ».

Kant, dans les dernières pages de la « Critique de la Raison pure •, oppose la connaissance historique à la connaissance rationnelle, comme une connaissance morte à un pouvoir d'invention et de renou­ vellement.

Une autre constatation est intéressante à faire à propos des rapports de la science et de l'histoire : la science rapproche les hommes, son universalité est immédiate et, sous son aspect théorique comme dans le progrès de ses techniques, elle porte la trace de la soli­ darité des esprits ; dans nos manuels scientifiques, les noQJ.s de toutes les nationalités voisinent et il semble que l'armée des chercheurs construit un édifice unique.

Au contraire en histoire : chaque pays a son histoire ou plutôt sa manière de présenter l'histoire.

Le jeune italien, le russe ou l'allemand n'apprend pas la même histoire que l'écolier français.

Louvois est un génie dans l'histoire de France, c'est un pillard inhumain dans l'histoire d'Allemagne ; il arrive qu'un état totalitaire fasse changer tous les manuels d'histoire de l'ensei­ gnement public pour présenter la suite des événements dans une optique différente, alors qu'il est invraisemblable et inutile qu'on renouvelle, à la même occasion, les livres de mathématiques ou de chimie (1).

L'histoire divise les nations entre elles, et, à l'intérieur d'un même peuple, entretient les haines : l'histoire des guerres de religion, les atrocités de l'Inquisition ou les crimes des Révolutionnaires pèsent encore aujourd'hui, qu'on l'avoue ou non, dans les discussions les plus objectives en apparence, sur l'école laïque, sur les rapports de l'Église et de l'État, ou dans les rapports des partis politiques entre eux.

Il est certain que les excès.

les abus, les forfaits accomplis par un groupe social au détriment d'un autre groupe, alimentent, des siècles plus tard, les excès et h.•s forfaits de la revanche ( 2 ).

Il se peut qu'il y ait une mémoire col/ecti11e et que des passions de vengeance, refoulées par des générations, animent la conduite d'une postérité éloignée, mais l'histoire est le dépôt de ces passions, le musée des horreurs dont (1) Depuis quelques années, la commission internationale pour l'Édu­ cation, la Science et la Culture (UNESCO) a entrepris l'unification des manuels d'histoire, se fondant sur cette idée directrice qu'on apprend tout à l'école et qu'il faut donc y apprendre la paix.

En 1962 cette commission n'a pas encore abouti à un résultat positif ; une minorité de nations y est représentée.

C'est la deuxième tentative faite dans ce sens.

Déjà en avril 1935 une conférence franco-allemande avait projeté une • épuration • des manuels d'histoire.

Entreprise artificielle non fondée sur la recherche d'une • objectivité • historique.

En 1938, les conversations furent brusquement Interrompues et les porte-paroles offieiels du Gouvernement de Hitler déclarèrent : • Chaque génération se forme sa propre conception historique selon ses nécessités nationales ...

Chercher à forger, avec l'histoire, ses armes pour se soutenir lui-même dans la lutte pour la vie, c'est le droit national de chaque peuple.

• C'est cette même conception, persistant secrètement sous les plus belles déclarations de principe, qui toujours empêche l'unifi­ cation des manuels d'histoire.

(2) Cf.

R.

l\lucchielli, • I.e mythe de la Cité idéale •, P.U.F.

1960, pp.

20 et sulv.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles