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L'histoire a t elle un sens

Publié le 31/03/2012

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histoire

Merleau-Ponty a dit dans son œuvre, Phénoménologie de la perception, qu’  « Une philosophie de l'histoire suppose (...) que l'histoire humaine n'est pas une simple somme de faits juxtaposés (...), mais qu'elle est dans l'instant et dans la succession une totalité, en mouvement vers un état privilégié qui donne le sens à l'ensemble ».

En effet, l’homme moderne se caractérise par sa conscience historique, c’est-à-dire qu’il se représente tout ce qui l’entoure comme soumis au changement : qu’il s’agisse de la réalité matérielle (villes, paysages, objets, etc.) ou de la réalité spirituelle (idées, mœurs, institutions…). Il n’en a pas toujours été ainsi, et il n’en sera pas toujours ainsi.

Nous pouvons arriver à l’idée que tout ce qui nous définit pourrait être, au fond, contingent (c’est-à-dire non nécessaire, lié aux circonstances), et par conséquent absurde, sans justification, sans raison

L’histoire est omniprésente dans notre société. Elle permet à l’homme de savoir qui il est et donc de vivre, d’avoir des buts dans sa vie. Du grec historia, qui signifie recherche, chercher à savoir, rapporter ce qu’on sait, elle peut être définie comme la science qui étudie le passé tel qu’il a été vécu et parcouru par l’ensemble de l’humanité, comme les événements importants retenus dans la mémoire des hommes et des différents peuples. Il s’agit d’une réalité historique. Elle peut donc être variable ou même différente selon les peuples. Si un peuple a une même histoire, on peut alors dire que l’histoire peut être commune à plusieurs personnes. Cependant, il existe également l’histoire en tant qu’actes, en tant que faits inscrits dans le passé et dans la mémoire de l’homme. Elle peut donc également être personnelle et propre à chacun. Elle est cependant toujours liée à la mémoire car, là où il y a histoire, il y a reconstruction du passé. Ainsi, l’histoire relève de la mémoire, c’est pourquoi, \"histoire\" et \"mémoire\" sont souvent deux mots confondus.

Le « sens de l’histoire » peut être compris de façon différente. Tout d’abord, l'histoire se dirigerait vers une fin, un but, d'autre part, grâce à cette fin, l'histoire aurait une signification, une unité, une logique.

L’histoire a t-elle un sens ?

Nous faut-il nous résigner à voir dans l'histoire un chaos absurde d'événements, ou pouvons-nous lui attribuer un sens ?

En premier lieu, il nous faudra nous demander si l’Histoire n’est pas, de façon nécessaire, un rapport sensé de ce qui se passe dans le temps puis, s’il s’est pas plus pertinent de considérer l’histoire comme quelque chose, d'objectif, d'extérieur.

                        Lorsque nous nous interrogeons sur le cours de l'histoire humaine, on constate qu'elle manifeste un progrès constant de l'humanité, d’un certain point de vue : Dans le domaine technique par exemple ou dans celui des sciences, il est indéniable que la connaissance progresse. Mais en est-il de même pour l’histoire ?

            L’historien met un lien entre les évènements, si éloignés qu'ils semblent, et tente de voir une évolution au fil du temps. On peut prendre pour exemple la météo, la politique ou même l’économie. En effet, ces disciplines ne s’exercent pas de façon aléatoire. Si l’on prend l’exemple de la météorologie, les experts pour interpréter les situations présentes se fient souvent à des évènements passés dont ils tirent une leçon ou des conséquences. Ces évènements passés, historiques,  peuvent alors influencer le cour de l’histoire présente. L’homme utilise donc son passé pour construire son présent comme le montre le concept de ‘ruse de la raison’ chez Hegel, ruser, c’est utiliser le comportement de l’autre pour le retourner contre lui. On ruse, lorsque, pour parvenir à obtenir ce que l’on veut, on retourne une chose contre elle-même, on détourne un processus naturel de sa propre fin. Par exemple, comme le vent empêchait les bateaux d’avancer, l’homme a inventé les voiles, lesquelles, grâce à ce même vent, lui ont permis d’avancer plus vite.

Il en est de même pour l’économie, en effet, après avoir subit certaines crises économiques comme le krach de  1929, consécutif à une bulle spéculative, les économistes ont tiré des interprétations de la transmission internationale de la dépression comme la fragilité des systèmes bancaires, l'absence de coordination entre banques centrales ou l'importance des

flux de capitaux à court terme spéculatifs. Ceux ci ont alors pu constater certains faits et en tirer un enseignement qui a permit au monde de ne pas commettre de nouveau certaines erreurs passées.

            L’histoire selon Hegel aurai une orientation, un but. En effet, En s'interrogeant sur le cours de l'histoire humaine, on constate qu'elle manifeste un progrès constant de l'humanité : dans le domaine technique par exemple, avec l'invention de la télévision, du téléphone, etc.… ou encore, dans les sciences, avec la découverte de vaccins. On parle alors de découvertes historiques. De plus, nos manières de vivre, nos connaissances, sont assurément plus avancées et développées que celles des premiers hommes. Selon Hegel, ce progrès de l'humanité ne fait que manifester le développement de l'Esprit et de la Raison. En effet, la Raison gouvernerait le monde et l'orienterait vers une fin dont la plus haute forme est l'esprit absolu. Il y a donc un ordre, une cohérence malgré l'apparente disparité des évènements. De plus, à la différence des historiens, Hegel n'étudiera pas dans leur particularité, l'histoire des rois, des batailles ou encore, des révolutions. Il cherchera plutôt à comprendre comment s'opère, dans ce qui peut sembler un « chaos » confus d'évènements, l'accomplissement logique de la Raison et de la liberté qui constituerait sa fin et son sens propre : « l’Histoire universelle s'est développée rationnellement » selon Hegel.

Pour Marx, qui a une conception finaliste de l’Histoire, celle-ci a une fin, c’est un processus orienté. Il pense que l’Histoire se dirige vers la destruction du capitalisme et l’avènement du communisme. Il dit que puisque l’Histoire est l’Histoire de la lutte des classes, quand il n’y aura plus de lutte des classes il n’y aura plus d’Histoire non plus. Les marxistes attendent la fin de l’Histoire, et essaient, par leur combat, d’accélérer le processus qui doit entraîner la chute, la décomposition du régime capitaliste.

            Le cours de l’aventure humaine a bel et bien une signification et n’est donc pas absurde. En effet, l’histoire aurai une unité une logique, Il y aurai donc  une forme de rationalité inscrite dans le devenir humain. Les Grecs avaient une conception cyclique du temps. Ils pensaient que le temps peut être représenté comme un cercle. Pour eux, le temps obéit à un mouvement circulaire, ce qui signifie qu’après avoir achevé son cours, il se répète. C’est la doctrine de l’éternel retour, que l’on trouve chez les stoïciens et chez Nietzsche. Ainsi,  cette conception introduit un ordre, une stabilité. Rien de nouveau ne peut surgir car l’avenir est à l’image du passé. Selon certains philosophe, tout ce qui se passe au cours de l’histoire a un sens, c’est a dire que ce serai prévu a l’avance et que les évènements se dérouleraient selon un logique imparable que rien ne peu contrer.

 

 

Si l’on a pu considérer l’Histoire comme la lecture raisonnée des évènements  extérieurs en ce sens que l’Histoire est de façon nécessaire, un rapport sensé de ce qui se passe dans le temps, ne peut-on pas plutôt considérer l’Histoire comme quelque chose d’objectif, d’extérieur ?

 

 

            L’histoire peut également être considérée comme une conception insensée, en effet, les évènements semblent arriver de manière contingente, et n'avoir aucun lien les uns avec les autres. On peut prendre pour exemple quelques évènement récents, comme le tsunami en 2004 dans l’océan indien, le « printemps arabe » de 2011 en Afrique du nord, l’affaire « DSK » de 2011, qui sont des évènements qui ont eu lieu dans un espace de temps relativement court mais qui ne semblent avoir aucun lien entre eux, et semblent indépendants les uns des autres.

On peut alors considérer l’histoire comme une suite d’évènements accidentels et  que le hasard joue un rôle déterminant dans la trame des évènements humains. Cette conception a été immortalisée par une phrase de Pascal « Si le nez de Cléopâtre avait été plus court, la face du monde eût été complètement changée ».  De petites causes peuvent avoir de grands effets. L’histoire des sociétés humaines est donc déterminée par des causes insignifiantes.

Il semblerait que le devenir des sociétés humaines dépende d’évènements contingents, sur lesquels les hommes ont peu de prise.

Si l’Histoire est gouvernée par le hasard, alors n’importe quoi peut sortir de n’importe quoi, l’Histoire devient imprévisible. On est dans l’incapacité de lire l’avenir dans le présent. Une Histoire gouvernée par le hasard incite au fatalisme et à une forme de résignation. Parce que ça veut dire que pendant qu’on forme des projets, ce qui va se passer dans l’avenir proche va être déterminé par des facteurs sur lesquels on ne peut exercer aucun contrôle. Cette idée de hasard anéantit de ce fait, toute idée de projet. Une Histoire gouvernée par le hasard est une Histoire qui n’a pas de sens. Cela conduit au fatalisme ou à une mentalité de l’urgence, de l’instant présent : on ne sait pas ce que nous réserve l’avenir et tout peut s’effondrer du jour au lendemain.

            Si les évènements semblent arriver de manière contingente par le fait d’un hasard total, il semblerait aussi que ceux-ci semblent se répéter, que l’histoire n’avance pas.

En effet, on peut prendre l’exemple de la guerre. Il y a toujours eu des guerres au cours de l’histoire souvent pour des questions territoriales. Chaque guerre a, par principe fait plus ou moins de dégâts humains et matériels mais l’Homme ne semble pas tirer d’enseignement de ces traumatismes collectifs. Schopenhauer pense que « du commencement à la fin, c’est la répétition du même drame, avec d’autres personnages et  sous des costumes différents » .

De plus, comme l’évoquaient les Grecs, l’histoire serait un cycle qui suivrait l’image du cercle. En effet, en prenant l’exemple du domaine économique qui est le domaine sur lequel nous disposons le plus d’informations ( dont des informations chiffrées)  du point de vue historique, on a pu remarquer qu’il existe des preuves mathématiques de l’existence des cycles dans l’histoire. Les cycles pour être considérés comme tels, doivent être réguliers. En économie les cycles ne sont pas d’une régularité exacte mais les économistes on pu remarquer des faits qui se reproduisent a intervalle régulier ( Nous pouvons prendre pour exemple le cycle en cinq phases établi par Kondratiev  tout d’abord l’age d’or, l’inflation et les innovations ( Révolution 1789 ) , puis une reprise et de l’inflation ( révolution industrielle a la fin du XVIII eme siècle ), ensuite une stagnation et une continuation de l’inflation ( Waterloo au début du XIXeme siècle), puis une bulle financière et un haut endettement (1814-1826  krach de Londres ), et enfin, une dépression et une déflation (révolution dans les années  1830) Cette suite d’évènements s’est reproduite avec les Krach de vienne, de New York, de Moscou, des Subprime ). Cela signifie que l’histoire se répète de façon cyclique avec une forme identique, ainsi l’étude historique n’aurai donc pas un réel sens puisque les évènements se répètent.

            Le temps est conçu comme porteur de la destruction individuelle ( nous sommes tous confrontés un jour ou l’autre a la mort ) et de la destruction collective.

En effet, en ce début de troisième millénaire, on voit réapparaître les inquiétudes de la fin des temps comme le réchauffement planétaire, ou la peur d’une éventuelle guerre nucléaire ou bactériologique, etc. Beaucoup d’intellectuels parient sur une auto-destruction de l'humanité. Quel serait le but de l'Histoire si l'Homme disparaissait subitement de la surface de la Terre ? Ainsi, beaucoup d'individus ont  perdu toute foi en l'idée d'un sens de l'Histoire.

 

 

            Si l’on a pu voir que la science de l’Histoire était une pratique qui bien qu’ayant des limites puisse avoir un sens, il n’en reste pas moins que c’est une conviction qui peut être dépassée.

 

            Tout d’abord, il semblerait que sur le plan physique, l’histoire et toutes les choses qui s’y rapportent comme les livres, les films ou toutes les traces que l’homme peut laisser de son passage lui permettent de lui ouvrir les portes de l’éternel. En effet, nous pouvons prendre l’exemple des mémoires de guerre, ces écrits, ont permis aux combattants ou même au familles de retranscrire leur quotidien pour permettre au générations futures de les connaître, même si ça reste de façon fictive, et de perpétuer leur histoire dans le temps.

            De plus, on peut se permettre de faire un dépassement moral car il semblerait que l’Histoire peut aller à l’encontre de certains principes comme celui de la liberté individuelle. En effet pour rentrer dans l’histoire certains hommes sont capables de faire n’importe quoi et de nuire à la liberté des autres. Cependant, l’histoire permet la construction d’un patrimoine, d’une culture générale, d’une identité commune.

            Enfin, sur le plan psychologique, l’histoire peut obliger l’homme à se remémorer des évènements qu’il préférerai oublier, et ainsi le faire souffrir psychologiquement. Cependant, l’histoire peut permettre à l’Homme de suivre un courant d’idée par rapport à des faits passés et donc de se faire une propre opinion de certains fait. L’histoire lui permet de réfléchir et d’adapter son comportement ( si l’homme est rationnel ) en fonction des situations.

 

            Nous pouvons donc en conclure que l’histoire est un principe dans lequel l’homme croit depuis des millénaires et qu’elle lui permet de se repérer. Elle constitue ainsi une sorte d’appui. Cependant ce principe peut être remis en cause pour son absurdité due aux réactions des hommes qui ne sont pas toujours rationnelles selon les situations.

Ainsi, selon Martin Luther King, « ce n’est pas nous qui faisons l’histoire. C’est l’histoire qui nous fait. »

 

 

 

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