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HISTOIRE DU THÉÂTRE (Hors Occident)

Publié le 19/10/2011

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histoire

Le culte de la terre, né avec la découverte de l'agriculture, est à la fois culte de vie et de mort. Le rythme incessant des saisons s'accompagne d'un cérémonial qui en guide en quelque sorte le déroulement, en précise le sens et en assure surtout la continuité. Tout grain qu'on enterre reprend vie au soleil et donne sa moisson; toute mort est un passage vers un autre monde. La mort ne serait-elle pas, dès lors, la condition de la vie ? Les sacrifices humains s'expliquent ainsi; toute victime offerte en holocauste est garante de l'avenir du groupe auquel elle appartient.

histoire

« !a certitude et la confiance; il renouvelle pé­ riodiquement les forces vitales de l'univers et la création elle-même par le jeu compliqué des correspondances cosmiques.

Grâce à lui, l'ordre naît du chaos, l'existence du néant.

Il refait sans cesse un monde qui sc défait sans cesse.

Voilà pourquoi le théâtre, à sa nais­ sance, est toujours le récit d'une genèse; il a mission de réaliser un idéal qui n'est pas donné en modèle mais qui se substitue par son entremise au présent.

L'imaginaire se fait histoire dans l'incarnation de l'acteur.

Des traces de ce théâtre archaïque sont encore très visibles chez de nombreux peu­ ples , en Afrique par exemple, chez les Bam­ baras du Niger où, au cours de cérémonies qui n'ont rien perdu de leur caractère sacré, des danseurs masqués illustrent par leurs tour­ noiements, au rythme des tarn-taros, la créa­ tion du monde, la naissance de la matière, l'apparition de la lumière et des éléments, celle enfin de la vie, de la parole puis de la société organisée; en Océanie, des rituels dra­ matiques relatent de la même manière le commencement des choses et des êtres.

II est impossible de préciser dans quelles circonstances le théâtre a pu naître; le « Sor­ cier cornu », personnage fantastique masqué, vêtu de peaux animales et le front décoré d 'une vaste ramure, qu'on peut voir sur une paroi de la grotte des Trois-Frères, en Ariège, est-il une divinité paléolithique ou quelque chaman de l'ère glaciaire célébrant un rituel que nous ne connaîtrons jamais, mais où l'on discerne déjà toutes les caractéristiques du théâtre futur ? D'identiques spectacles avec d'identiques personnages avaient encore lieu à la fln du siècle dernier dans des régions per­ dues de Sibérie et, plus récemment, en Grèce du nord.

Mais, à ce stade, la représentation n'a plus rien à voir avec les rites mimétiques de la chasse qui expliquent en partie la figure é nigmatique de la grotte ariégeoise; c'est le mystère de la mort qui s'y révèle tout entier.

LE THEA T RE DE LA PRE HISTOI RE Le culte de la terre, né avec la découverte de l'agriculture, est à la fois culte de vie et de mort.

Le rythme incessant des saisons s'ac­ compagne d'un cérémonial qui en guide en quelque sorte le déroulement , en précise le sens et en assure surtout la continuité.

Tout grain qu'on enterre reprend vie au soleil et donne sa moisson; toute mort est un passage vers un autre monde.

La mort ne serait-elle pas, dès lors, la condition de la vie ? Les sa­ crifices humains s'expliquent ainsi; toute vic­ time offerte en holocauste est garante de l'ave­ nir du groupe auquel elle appartient.

Beaucoup de sociétés archaïques ont donné au rituel du sacrifice, considéré comme néce ssaire à leur régénération et à leur survie, un caractère dramatique, qui pouvait même parfois attein­ dre à l'horreur, comme chez les Aztèques où, à l'occasion de la fête annuelle du dieu Xipe , les prêtres, après avoir sacrifié une victime humaine , la dépeçaient et se vêtaient de sa dépouille sanglante pour danser et mimer les actes bénéfiques de la divinité incarnée par le mort.

De nombreuses statues représentent cet extraordinaire cérémonial.

Mort et drame auront toujours partie liée.

Les jeux funéraires sont à l'origine du théâ­ tre grec comme du théâtre latin et on en voit des traces dans « Les Perses » ou dans « La Trilogie » d 'Eschyle.

L' « Hécyre » de Térence figurera aux jeux funèbres de Paul-Emile.

Plus curieusement, le personnage masqué représenté .

sur les parois de plusieurs tombes étrusques, le Phersu, dont le nom, adopté par les Latins, deviendra « persona », le masque, était d 'abord un démon infernal qui accompagnait les défunts dans l'au-delà et les torturait à l'occasion, avant d'apparaître au cours des cérémonies funéraires dans le rôle d'un clown destiné à faire peur aux enfants et à distraire l'assistance; son costume fait de guenilles, qui annonce de loin celui d'un personnage de la comédie italienne, Arlequin, ét11it encore porté au second siècle de notre ère, par les serviteurs des cirques qui, après les combats des gladiateurs, venaient relever les morts dans l'arène .

En plein xviu • siècle même, dans la Rome papale, les condamnés à mort, qui étaient exécutés traditionnelle­ ment le Vendredi saint , mouraient en écou­ tant les lazzis de polichinelles qui avaient mission de les assister dans leurs derniers instants.

Singulière survivance que celle-là où le théâtre garde ses liens avec la mort.

Tout un théâtre populaire européen, encore vivant de nos jours, a aussi gardé, presque intact, le souvenir des anciens jeux qui célé­ braient la mort tout en cherchant le renou­ vellement des forces vitales du groupe; toute une symbolique saisonnière facile à déchif­ frer apparaît , dans ces frustes scénarios sans logique et parfois sans signification évidente, comme le lointain résidu d'un temps où le spectacle était tout entier ordonné autour du cycle végétal confondu avec celui de l'exis­ tence humaine.

Dans de nombreux cas, il y avait une « mise à mort » que suivait obli­ gatoirement une « résurrection » ; les « jeux de carême » célébrés en Allemagne, en Flan­ dre ou en Italie en fournissent des exemples constants.

Les « enterrements de Carnaval » étaient un des événements obligés du specta­ cle.

Les « jeux de l'hiver et de l'été » four­ nissent une variante fréquente à un thème qui peut aussi prendre l'aspect d'une lutte ouverte entre le Bien et le Mal, expressions morales de la vic et de la mort, avec l'appa­ rition d'un héros libérateur, chevalier qui combat le dragon, ou tireur infaillible qui tue le tyran oppresseur du peuple.

Le personnage de Punch, dans le théâtre anglais de marion­ nettes, combat ainsi avec le diable.

Les puis­ sances négatives peuvent être personnifiées , comme dans les spectacles populai -res corses appelés « moresca », par des Turcs ou des Païens.

Les populaires saynètes représentées en Thrace grecque chaque année au printemps mettent toujours en scène un janissaire, au demeurant ridicule, qui est chassé ou tué à. »

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