Histoires comiques des Etats de la Lune
Publié le 11/04/2013
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Les Histoires comiques des États et Empires de la Lune ont été écrites à une époque où la science et les intellectuels se passionnaient pour la découverte du cosmos. La révolution copernicienne avait à peine un siècle, et Képler et Galilée, contemporains de Cyrano, venaient de confirmer les thèses de Copernic. De plus, plusieurs inventions optiques permirent d'observer les astres de plus près.
«
« Là tous les jours l'oiseleur de la reine
prenait le soin de me venir siffier la langue
comme on fait ici aux
sansonnets, j'étais
heureux à la vérité en
ce que
je ne manquais
points de mangeaille.
»
EXTRAITS
Arrivé sur la Lune,
Cyrano voit les premiers habitants
Lorsque ce peuple me vit si petit (car la plu
part d'entre eux ont douze coudées de lon
gueur), et mon corps soutenu de deux pieds
seulement, ils ne purent croire que
je fusse
un homme, car ils tenaient
que, la nature ayant donné
aux hommes comme aux
bêtes deux jambes et deux
bras, ils s'en devaient servir
comme eux.
Et en effet, rê
vant depuis là-dessus,
j'ai
songé que cette situation de
corps n'était point trop ex
travagante,
quand je me
suis souvenu que les en
fants, lorsqu'ils ne sont en
core instruits que de nature,
marchent à quatre pieds, et
qu'ils ne se lèvent sur deux
que
par le soin de leurs
nourrices qui les dressent
dans des petits chariots, et
leur attachent des lanières
pour les empêcher de choir
sur les quatre, comme la
seule assiette où la figure
de notre masse incline de se
reposer.
Cyrano découvre les livres
de son
« démon », le fantôme de Socrate
Mais il fut à peine sorti, que je me mis à
considérer attentivement mes livres, et leurs
boîtes, c'est-à-dire leurs couvertures, qui me
semblaient admirables pour leurs riches .
ses ; l'une était taillée d'un seul diamant,
sans
comparaison plus brillant que les
nôtres ; la seconde ne
paraissait qu'une
monstrueuse
perle fendue en deux.
Mon
démon avait traduit ces livres en
lang:i,ge de
ce
monde-là ; mais parce que je n'en ai
point de leur imprimerie, je m'en vais expli
quer la façon de ces deux volumes.
A
l'ouverture de la boîte,
je trouvai dedans
un
je ne sais quoi de métal presque sem
blable à nos horloges , plein de
je ne sais
quels petits ressorts et de machines imper
ceptibles.
C'est un livre à la vérité, mais
c'est un livre miraculeux qui n'a ni feuillets
ni caractères; enfin c'est un livre, où pour
apprendre, les yeux sont inutiles; on n'a be
soin que des oreilles.
Quand quelqu'un donc
souhaite lire, il bande, avec grande quantité
de toutes sortes de petits nerfs, cette ma
chine, puis il tourne l'aiguille sur le chapitre
qu'il désire écouter , et au même temps il en
sort comme de la bouche d'un homme , ou
d'un instrument de musique, tous les sons
distincts et différents qui servent , entre les
grands lunaires, à l'expression du langage.
Où il est question de l'existence de Dieu
et d'une sorte de
« pari de Pascal »
-Je ne m'amuserai pas, lui dis-je , à vous ré
citer les démonstrations évidentes dont les
philosophes se sont servis pour l'établir : il
faudrait redire tout ce
qu'ont jamais écrit les
hommes raisonnables.
Je
vous demande seulement
quel inconvénient vous
encoure z de
le croire ; je
suis bien assuré que vous
n'en saurie z
prétexter
aucun.
Puisque donc il
est impossible d'en tirer
que de l'utilité , que ne
le
vous persuade z-vous ?
Car s'il y a un Dieu , outre
qu'en ne le croyant pas,
vous vous serez mé
compté, vous aurez dé
sobéi au précepte
qui
commande d'en croire;
et s'il n'y en a point, vous
n'en serez pas mieux que
nous!
« Il faut donc croire
que comme nous
voyons d'ici Saturne et
Jupiter,
si nous étions
dans l'un ou l'autre,
nous découvririons
beaucoup de mondes
que nous n'apercevons
pas, et que l'univers est
éternellement construit
de cette sorte.
»
NOTES DE L'ÉDITE UR astronomiques passionnaient les savants et les
intellectuels.
Il semble même que c'est suite
à
une discussion avec des amis, alors qu'ils
devisaient en admirant la Lune, que Cyrano
déclara :
« Je crois que la Lune est un monde
comme celui-ci, auquel le nôtre sert de Lune.
»
On se moqua évidemment de lui, et il
Savinien de Cyrano de Bergerac écrivit
d'abord des pièces de théâtre, parmi
lesquelles
Le Pédant joué (1654), dont
Molière s'inspira pour deux scènes des
Fourberies de Scapin.
Il a laissé l'image
d'un érudit brillant et fantasque, épicurien et
visionnaire, très attaché
à défendre les
libertés.
C'est évidemment de ce personnage
hors du commun qu'Edmond Rostand s'est
inspiré pour écrire son chef-d'œuvre.
Contrairement
à la légende , Cyrano n'était
pas originaire de Gascogne mais de Paris.
« De cette œuvre le plus remarquable
agrément et le plus grand mérite résident
assurément dans la satire qui s'exerce sur
l'état individuel des habitants de notre globe
et sur leur état social.
» P.-A.
Brun, Cyrano
de Bergerac, Editions Colin, 1903.
Cyrano de Bergerac ( 1619-165 5) écrivit ses
Histoires comiques probablement à la fin des
années
1640, à une époque où les sujets ajouta:
«
Peut-être se moque-t-on maintenant
dans la Lune de quelque autre qui soutient
que ce globe-ci est un monde.
» Pour prouver
ses dires, Cyrano entreprit d'écrire ce livre,
après
avoir« fait le voyage ».
-1 grav ure de Desroc her, B .N .
/ R oge r-V io lle t 2, 3 , Har lin gue- Viollet 4 co ll.
Viollet
CYRA NO D E BER GERA C 02.
»
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