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Les historiens se bornent-ils à raconter des histoires ?

Publié le 01/03/2004

Extrait du document

On s’aperçoit d’emblée que c’est le statut de l’histoire comme discipline qui est ici mis à la question à travers sa relativisation dans une possible multiplicité.

C’est donc la valeur du discours historique qu’il s’agit ici d’interroger : s’il y a plusieurs interprétations possibles du passé, selon le contexte auquel l’historien appartient, selon son degré d’objectivité (plus ou moins grande), selon son imprégnation consciente ou non à une idéologie, alors on doit prendre le terme d’histoire comme signifiant « racontant des histoires «, c’est-à-dire dont la véracité  n’est absolument pas vérifiable.

Mais affirmer que les historiens se bornent à raconter des histoires, c’est au fond affirmer qu’ils se contentent de rapporter une chronologie, sans unité, des événements passés. Or, il faut justement se demander si la compréhension de l’histoire en tant que telle se borne, en droit, à la chronologie.

Ce qui pose ici problème c’est bien évidemment l’objet de l’historien qui travaille par définition sur ce qui n’est plus : l’historien se doit de faire un travail de recherche, de recoupements, d’analyses et d’interprétations. Toute une partie de l’histoire, en tant qu’elle travaille sur des traces ou vestiges du passé qu’il s’agit pour l’historien d’interpréter, est alors soumise à l’appréciation de l’historien. Or, rien n’est moins assuré absolument que l’interprétation.

Il s’agit donc de mettre à l’épreuve l’efficience cognitive de l’histoire, en tant qu’elle porte sur le passé, comme discipline qui se prétend science.

 

Introduction

  •  I. « Raconter des histoires « suppose un travail préalable de l'historien.

 1. L'historien doit déterminer quelles histoires il doit raconter.  2. Les histoires elles-mêmes sont des reconstitutions de l'historien.  3. L'historien doit rassembler et juger ses sources.

  •  II. Quelles conceptions de l'histoire guident le travail de l'historien ?

 1. L'historien est soumis à l'épreuve des faits.  2. L'historien s'oriente selon différentes approches : « raconter des histoires « n'est qu'une manière de faire de l'histoire.  3. Les approches de l'histoire sont elles-mêmes historiquement situées : l'historien est à la croisée de deux esprits.

  •  III. Des histoires ou l'histoire?

 1. L'histoire est un effort de compréhension de soi.  2. L'histoire est un lieu d'identité.  3. La quête d'un sens.

 Conclusion

« · Pour lever cette difficulté on répond souvent ainsi : pour être objectif, l'historien devrait seulement énumérer des faits.

Mais cette confiance dans le fait brut, propre àl'école positiviste, peut aussi être trompeuse : lorsqu'on choisit de rapporter un fait, on luiattribue un certain rôle historique.

Choisir c'est privilégier les dates de l'histoire politique,c'est, par exemple, présupposer que les événements sociaux ou culturels sont moinsimportants pour la formation des sociétés passées.

En se limitant aux « faits bruts » del'histoire politique, on porte encore un jugement, on instaure une hiérarchie.

On comprendalors à quel point il semble difficile, dans cette perspective, de pouvoir échapper en touterigueur du pluriel « des histoires." II- Le métier d'historien : une science spécifique qui n'exclut pas l'unité · La vérité en historiographie semble par conséquent se heurter à de sérieux obstacles : l'historien risque toujours de prendre son point de vue pour la réalité ; et une histoire totaleparaît bien au-dessus des forces de l'individu.

L'histoire est-elle donc nécessairement trahiepar l'historiographie ? · En considérant l'histoire comme non scientifique, on prend implicitement les sciences expérimentales pour modèle de toute connaissance.

Or, l'histoire est un type deconnaissance tout à fait particulier qui ne doit pas être pensée pour elle-même.

Certes,l'historien ne connaît le passé que par des traces ; il lit les textes écrits à l'époque qu'ilétudie, il répertorie et analyse ce qu'il reste du passé, monuments, œuvres d'art ou objetd'usage courant.

Il peut pourtant fonder un savoir sur ces éléments, à condition de ne pascroire qu'ils donnent une image fidèle du passé. · De plus, elle n'a pas le même but que les sciences expérimentales.

Alors que ces dernières cherchent les lois universelles régissant les phénomènes, l'histoire tente avanttout de faire comprendre chaque époque en interprétant ses vestiges.

L'historienreconstruit le passé pour le rendre intelligible, mais il ne le fait pas à sa fantaisie : il réaliseune adéquation entre ses documents et ses hypothèses.

La vérité historique résidera doncsurtout dans cohérence et dans la force explicative de l'interprétation. · Lorsqu'il lit les Mémoires de Saint-Simon , par exemple, l'historien apprécie les descriptions précises que fournit cet ouvrage sur la cour de Louis XIV.

Mais il ne doit pasoublier que ce livre exprime aussi les préjugés et les opinions d'un courtisan quelque peuaigri.

Pour être objectif, l'historien ne doit donc pas être naïf face à ses sources.

Il ne doitpas non plus être de mauvaise foi et omettre sciemment les sciences à part, qui a desexigences et une méthode tout à fait particulières. · On comprend alors en ce sens que l'histoire ne raconte pas « des histoires », elle est enquête (selon l'étymologie d'ailleurs) rigoureuse et la plus objective possible sur un passéqui a laissé quelques traces et témoignages (dont l'ambiguïté marque parfois les différentesmanières de vivre certains faits, selon les classes sociales par exemple). · Si l'historien décrit une époque particulière, est-il pour autant impossible d'expliquer la marche globale de l'histoire ? C'est ici l'idée d'histoire, et donc son unicité, qui est àprésent mise à la question (plus que l'histoire comme discipline). III- Penser l'histoire · Besoin de sens et idée de progrès : lorsque le philosophe s'indigne devant le cours de l'histoire, son attitude implique souvent l'espoir d'y déceler un ordre secret.

Ainsi, Kant , dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, établit le constatsuivant : l'histoire humaine est apparemment dénué de sens.

Mais il exprime pourtant unespoir que son opuscule tâchera de conforter et de justifier.

L'histoire a un sens, selon lui,elle est en progrès ; mais ce fil conducteur du passé n'est pas évident et c'est à l'historienphilosophe de l'exhiber.

Malgré son aspect sanglant, l'histoire serait en fait globalementorientée vers une amélioration continuelle de l'humanité.

Ainsi, se trouverait expliquél'absurde : les guerres ne sont qu'une partie de la marche vers un mieux général.

Grâce àl'idée de progrès notre premier sentiment d'absurdité se trouve dissipé.

On comprend en cesens à quel point l'unité et l'unicité de l'histoire, du point de vue de l'idée, sont importanteset interviennent dans la perspective d'une volonté de donner du sens à ce qui semble êtredisparate et absurde.. »

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