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L'homme est-il dévalorisé par la technique ?

Publié le 22/02/2012

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technique
 Aussi, il s'agit de se demander plus largement si la technique est en quelque sorte une obligation pour l'homme ou si elle lui permet de se valoriser, de montrer sa créativité. La technique à grande échelle de l'ère industrielle et capitaliste oblige à lier le problème de la technique à celui du travail et à sa parcellisation et aux conséquences que cela comporte pour l'ouvrier en terme d'épanouissement, du sens de son travail. Il conviendra en somme de se demander si le travail technique peut encore permettre à l'homme de se valoriser.
technique

« travail, une simple marque de servitude, mais ce qui permet à l'homme d'avoir un rapport ordonné au monde.

Latechnique (et donc aussi le travail, puisque tout travail semble mettre en jeu une forme de technique) pourrait ainsiinstaurer un rapport rationnel, c'est-à-dire proprement humain à la nature.

Le travail est, certes, avant tout un effort musculaire qui provoque la fatigue, mais s'il n'était que cela, cetteactivité ne différerait pas de l'activité animale.

Or, le travail humain est un effort volontaire, conscient et réfléchi.L'homme, au lieu d'être dominé par l'instinct, sait concevoir et appliquer un plan.

C'est dans la mesure où il est unêtre rationnel que l'homme peut acquérir un véritable savoir-faire technique.

Bien sûr, certains animaux produisentquelques objets, mais la différence entre l'homme et l'animal n'est pas dans le résultat de leur activité ; voicicomment Marx fait la différence entre activité animale et activité humaine : « Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature.

L'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d'une puissance naturelle.

Les forces dont son corps est doué, braset jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s'assimiler des matières en leur donnant uneforme utile à sa vie.

En même temps qu'il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, ilmodifie sa propre nature, et développe des facultés qui y sommeillent.

Nous ne nous arrêterons pas àcet état primordial du travail, où il n'a pas encore dépouillé son mode purement instinctif.

Notre point de départ, c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme.

Une araignée fait desopérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellulesl'habileté de plus d'un architecte.

Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeillela plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.

Lerésultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur.

Ce n'est pas qu'ilopère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonnersa volonté. » K.

Marx , Le Capital , I, 3 (1867) L'homme pense son œuvre avant de la réaliser par le travail. La technique est ce qui définit l'homme. Nous avons donc vu que le travail, en tant qu'il consiste à transformer la nature, ne peut se passer de la technique,ensemble des procédés dont l'homme se sert pour agir sur les choses et les transformer pour les adapter à sesbesoins.

Le premier outil technique, c'est la main.

Aristote affirme, au contraire d'Anaxagore (premier philosopheathénien), que c'est parce qu'il est intelligent que l'homme a des mains : La nature aurait donné l'outil le plus utile, la main, à l'être le plus intelligent et donc le plus capable d'acquérir ungrand nombre de techniques.

L'homme est donc voué à utiliser des outils.Nous pouvons alors aller jusqu'à affirmer, avec Bergson que l'intelligence humaine est essentiellement pragmatique(c'est-à-dire tournée principalement vers l'action) : « Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si, pour définir notre espèce, nous nous en tenionsstrictement à ce que l'histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante del'homme et de l'intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens , mais Homo faber .

En définitive, l'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer desobjets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication .

» H.

Bergson , L'évolution créatrice (1907) L'homme, en tant que fabricateur d'outil, parvient à mettre la matière inorganique au service de la vie.

Il serait doncavant tout homo faber , utilisateur et producteur d'outils, et c'est la possibilité d'un tel rapport médiat au monde (c'est-à-dire non immédiat, mais qui fait intervenir la réflexion puis l'outil) qui lui permettrait de se le représenterrationnellement et de se l'approprier. Le travail pourrait alors se présenter comme un moyen pour l'homme de se comprendre lui-même dans son rapport àla nature.

En transformant la nature par son travail, l'homme semble pouvoir non seulement se l'approprier, s'en fairecomme « maître et possesseur », mais aussi et surtout se reconnaître en elle La technique valorise l'homme. L'homme peut prendre conscience de lui-même en contemplant les produits de son activité pratique ; la capacité à transformer le monde est en effet l'expression de son essence, car seul un être doué de conscience possède desintentions, c'est-à-dire peut penser le monde autrement qu'il est et le modifier en fonction de cette pensée.

Dès. »

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