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L'homme doit-il oublier qu'il a été enfant ?

Publié le 04/03/2004

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L'homme, pour satisfaire ses besoins vitaux, doit s'adapter au monde et à la société dans laquelle il évolue. Pour cela, il doit oublier l'enfant qu'il a été car les nécessités de l'action sont incompatibles avec le jeu et la rêverie enfantines. MAIS, oublier l'enfance, c'est devenir un adulte triste et résigné incapable d'inventer et de créer parce que plus rien ne fait problème et sujet d'étonnement. L'homme ne doit pas oublier l'enfance s'il veut rester capable d'initiatives et de créations.

  • I) Pour affronter la réalité et le monde des adultes, il faut oublier l'enfance.

a) Le monde réel n'est pas fait pour les enfants. b) L'enfance c'est l'ignorance et l'innocence. c) L'enfant croit que tout est possible.

  • II) Pour poser les bonnes questions, il faut rester un enfant. L'enfance comme condition de la maturité de l'adulte.

a) Enfant et métaphysique ! b) Il ne faut pas oublier ses questions d'enfant. c) Enfance et création.

.../...

« dialogue entre lui et un contradicteur imaginaire.

Le texte étudié est un plaidoyer pour une éducation sansreligion.Commentaire du texte.I.

Ce que Freud met en cause est la thèse exprimée par un contradicteur (supposé) : l'homme ne saurait sepasser de la consolation qu'apporte l'illusion religieuse.II.

Mais la réponse apportée doit varier, en oui ou en non, selon le type d'éducation donnée à l'enfant.III.

Jusqu'à présent la réponse est oui, mais on peut d'ores et déjà envisager la nouvelle situation qui résulterapour l'homme, d'une « éducation en vue de la réalité ».IV.

Car dépasser le stade de l'infantilisme est un progrès possible que Freud appelle de ses voeux.I.

La discussion déjà engagée antérieurement (« lorsque poursuivant vos déduction ») se relance avec le« ainsi » qui ouvre le texte où chacun est le contradicteur de l'autre.La thèse adverse est rapportée clairement : « L'homme ne saurait absolument pas se passer de la consolationque lui apporte l'illusion religieuse ».

Mais Freud est en désaccord avec une telle position et la suite du texteva permettre à Freud de retourner cette thèse : l'homme pourrait vivre sans « l'illusion religieuse » non pas enpartant de la réalité d'aujourd'hui mais en l'inscrivant comme programme éducatif d'une société adulte à venir.II.

Cependant, c'est Freud, par le procédé littéraire du pseudo-dialogue, qui est bien sûr amené à rédiger lathèse de son contradicteur.

Aussi dans la formulation on retrouve le vocabulaire Freudien.

Plusparticulièrement le terme d'illusion.Une telle notion n'est pas remise en cause : l'illusion religieuse est bien une croyance dans laquelle domine laréalisation d'un désir.

L'illusion religieuse est bien le moyen pour l'homme civilisé de supporter « le poids de lavie », de compenser « la réalité cruelle ».

Ceci est la thèse même de Freud, acceptée par son contradicteursupposé.

Ce qui, de la thèse, fait l'objet du débat, c'est le caractère nécessaire, oui ou non, d'une telleillusionIII.

La première réponse est oui.

Oui absolu, de la part du contradicteur : « l'homme ne saurait absolument passe passer de la consolation...

».

Oui, aussi, de la part de Freud, mais un oui relatif : oui actuellement, oui pourl'homme qui a reçu un certain type d'éducation : « Oui [pour celui] à qui vous avez instillé dès l'enfance ledoux poison ».

Les termes de Freud dénoncent le crime : un empoisonnement, son caractère prémédité et lent(« instillé »), la faiblesse particulière de la victime (« dès l'enfance ») ce qui rend le crime plus odieux encore.Mais la réponse de Freud est un non, implicite.

Car, pense-t-il, une autre éducation est possible, bien qu'ellen'ait jamais encore été tentée, sans drogue (une éducation dans « la sobriété »), sans « l'ivresse » de cettedrogue, de ce poison qui fait oublier (« qui étourdit ») la souffrance.La réponse de Freud est aussi un non explicite.

Car, pense-t-il, une autre éducation est possible, mais on n'apoint de témoin de cela car elle n'a jamais encore été tentée (« Qui a été élevé ? »).

Une éducation qu'onpeut imaginer (« peut-être ») ne produisant aucune névrose.

Donc une éducation ne fabriquant pas demalades (de névrosés) , et par conséquent, ne nécessitant le recours à aucune drogue (une éducation dansla « sobriété »), à aucun poison (aucune potion) qui fournit « l'ivresse » pour « étourdir » (et faire oublier).IV.

Il faut imaginer une telle situation (« alors »), avec sa part d'incertitude (« sans aucun doute »), toutentière décrite dans le futur (« l'homme alors se trouvera », « il sera », « il ne sera plus », « il se trouvera »).Tout à l'heure nous parlions de l'enfance, maintenant nous parlons de l'homme, comme si l'histoire del'humanité était une histoire qui fait passer l'homme de l'état d'enfance à celui de l'adulte.

Cependant,contrairement à une pente habituelle consistant à enjoliver les rêveries qui concernent l'avenir, Freud ne serive pas ici de peindre en sombre la « situation » de l'homme.

Mais cette situation n'est en rien nouvelle, sapeinture est simplement réaliste (et concerne aussi bien sa situation d'aujourd'hui) : détresse de l'homme,source possible d'une angoisse prête à l'étreindre ; petitesse de l'homme dans l'immensité (« l'ensemble ») del'univers.On songe à la description pascalienne de la petitesse de l'homme sans Dieu.

Mais ici point de renversementpossible justifié par la croyance en l'existence de Dieu, compte tenu de la position strictement athée deFreud.

D'où l'impossibilité d'un mensonge qui cacherait cette situation, la nécessité d'un aveu (« il seraitcontraint de s'avouer »), qui est le prix d'une éducation fondée sur la vérité.

Par rapport à l'éducation qui a eucours jusqu'à présent il s'agit d'une révolution comparable à la révolution copernicienne.

L'héliocentrisme sesubstituant au géocentrisme : l'homme n'est plus le centre de la création (divine).

L'hypothèse d'uneProvidence au bon vouloir, pourvoyant au bien-être de l'homme (« bénévole ») n'est plus nécessaire.

Même sicette Providence était comparable à une tendre mère (« les tendres soins ») sensible aux prières de sonenfant.

Cela, c'était du passé.

C'est encore le présent.

Ce ne saurait être le futur.Il faut bien que le devenir de l'histoire s'accomplisse : quel enfant n'a-t-il pas fini par quitter le foyer (« lamaison paternelle »), source de chaleur (« où il avait chaud »), et lieu de protection (« où il se sentait sibien ») face aux atteintes du monde réel.

Analogie entre l'histoire individuelle (l'enfant hors du giron doit faireses années d'apprentissage) et l'histoire sociale : c'est l'humanité tout entière qui doit faire sonapprentissage.

Pour Freud la notion de stade est applicable à l'humanité.

Il ne s'agit pas, comme pour lesethnologues, de passer de la sauvagerie, puis à la civilisation, mais du stade infantile au stade adulte, quiréalisera enfin l'humanité qui est en l'homme.Passage d'un stade à l'autre, où l'histoire , loin de se répéter, dépasse la situation précédente.

Car il s'agitbien d'histoire donc de devenir, et non pas d'une « éternelle » répétition du même, mais au contraire dunécessaire développement : naissance, maturation, mort.Ce développement impose un éloignement.

Si la demeure (le foyer) était le centre, il faudra se lancer « àl'aventure », hors du domaine protégé.

L'incertitude, la menace, les périls (la mort peut-être) sont le lot decette incursion dans l' « univers hostile ».

Mais, en contrepartie, il y a aussi l'idée de conquête etd'accomplissement.

L'homme n'est vraiment homme qu'en se dépouillant de l'enfance (et de ses terreursinfantiles), dans l'affrontement et du même coup la conquête de soi.. »

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