Devoir de Philosophie

L'Homme est-il un être d'artifices ?

Publié le 20/03/2005

Extrait du document

(Ce qui nécessitera une définition de l'être) Tout être d'artifice, a-t-on fait remarquer, suppose un créateur, mais nous ne pouvons pas utiliser le créateur comme critère distinctif de l'être d'artifice (c'est une condition nécessaire mais non suffisante). Il nous faut donc dans un second temps définir précisément ce qu'est un être d'artifice. 2à Qu'est ce qu'un être d'artifice ? 3 à S'il est un être d'artifice, alors qui est le créateur de l'homme ? I - L'homme est-il un être ?   « Un être est un être » écrit Leibniz. La formule en apparence tautologique s'éclaire si nous appuyons sur « être » dans sa première partie et « un » dans la seconde : la propriété fondamentale d'un être, nous dit Leibniz, c'est l'unité, le fait d'être un. Un ensemble d'êtres (par exemple un troupeau d'animaux) n'est donc pas un être, puisqu'il n'est pas unité. Qu'en est-il de l'homme ?   Référence : Leibniz, Discours de métaphysique, art.

 

Analyse du sujet

  • Notre sujet se présente sous la forme d'une question à laquelle il s'agira de répondre par oui ou non.
  • Il fait intervenir les notions d'homme et d'être. Il nous invite à nous demander si cet être qu'est l'homme peut être qualifié d'être d'artifice. C'est sur ce qualificatif qu'il convient de concentrer dans un premier temps sa réflexion.
  • Un être « d'artifice « peut s'entendre de deux manières : c'est, selon la compréhension courante du terme, un être qui se pare d'artifices, par exemple d'accessoires de mode. C'est également l'être artificiel, par opposition à l'être naturel. Or ce qui distingue ces deux modes d'être, c'est que le premier suppose un créateur (pensons à Frankenstein, l'homme artificiel qui se retourne contre créateur), alors que le second est le résultat d'une évolution qui ne nécessitait pas l'intervention d'un tiers. La question du créateur doit donc être posée.
  • L'illustration théologique de la question vient immédiatement à l'esprit : se demander si l'homme admet un créateur revient à se poser la question de l'existence de Dieu. Dans le champs des sciences, la fécondation in vitro aboutit-elle à des êtres dont on pourrait dire qu'ils sont « plus d'artifice « que d'autres ? Ces deux illustrations dévoilent les enjeux et l'intérêt de la question.

Problématisation

Pour que l'homme soit un être d'artifice, il faut qu'il soit déjà un être, d'où notre question :

1 L'homme est il un être ? (Ce qui nécessitera une définition de l'être)

Tout être d'artifice, a-t-on fait remarquer, suppose un créateur, mais nous ne pouvons pas utiliser le créateur comme critère distinctif de l'être d'artifice (c'est une condition nécessaire mais non suffisante). Il nous faut donc dans un second temps définir précisément ce qu'est un être d'artifice.

2 Qu'est ce qu'un être d'artifice ?

3 S'il est un être d'artifice, alors qui est le créateur de l'homme ?

 

« d'Alexandre des restes de tout ce qui lui est arrivé, et les marques de tout ce qui lui arrivera, et même des tracesde tout ce qui se passe dans l'univers, quoiqu'il n'appartienne qu'à Dieu de les reconnaître toutes.

» Tout homme, dans cette perspective leibnizienne, est une substance individuelle, qui possède la qualité d'unité, etest par conséquent un être. II - Qu'est ce qu'un être d'artifice ? Peut-on réduire l'artificiel à ce qui est produit par l'homme et non uniquement par la nature ? Les fruits et légumessont des produits naturels qui pourtant nécessitent une intervention humaine (ils sont plantés, récoltés, etc.).

Lachimie peut nous mettre sur la voie : une molécule de synthèse est un être d'artifice, alors que la même molécule,dont on constate seulement la présence dans un produit naturel, sera dite elle aussi naturelle.

Notre exempleprésente deux êtres matériellement identiques (deux molécules identiques) dont nous disons pourtant que l'une estartificielle et l'autre naturelle.

La différence se situe en un seul point : ce qui fait l'être de la molécule de synthèse,c'est précisément qu'elle est issue d'une synthèse chimique artificielle : l'unité qui fait son être lui a été imposée,chacun des éléments le constituant ayant été apporté par une intervention humaine. Demandons cependant : y a-t-il une différence réelle entre le fait d'intervenir ou non dans le processus de créationd'un être ? Qu'il y ait intervention ou non, l'unité est imposée de l'extérieur par une combinaison de processus : lelégume ne choisit jamais librement de pousser, il est un être qu'il le veuille ou non, son unité lui advient. De surcroît, pourquoi dire d'une intervention humaine qu'elle est artificielle ? Il y a tout au plus une différence dedegré de technicité entre l'exploitation agricole traditionnelle et le laboratoire de chimie.

La limite que nousplacerions pour distinguer l'artificiel du naturel sera toujours flottante et subjective. Il semble au contraire que l'opposition ne tienne pas : tout être tient son unité d'un ensemble de processus dont ilest le résultat.

L'homme peut intervenir dans ces processus sans qu'il faille d'emblée l'exclure de la nature et qualifierson intervention d'artificielle. L'homme peut donc être dit « d'artifice » ou « naturel » de manière indifférenciée.

III – Qui est le créateur de l'homme ? Le créateur de l'homme n'a aucune raison d'être différent de celui des choses, ce qui nous donne une premièredirection de recherche.

Ce créateur, a-t-on dit, est celui qui confère à l'être son unité, c'est-à-dire, en faitréellement un être. Référence : Bergson, la pensée et le mouvant (introduction, 2 ème partie) « Si, comme nous le croyons, l'apparition de l'homme, ou de quelque être demême essence, est la raison d'être de la vie sur notre planète, il faudra dire quetoutes les catégories de perceptions, non seulement des hommes, mais desanimaux et même des plantes (lesquelles peuvent se comporter comme si elles avaient des perceptions) correspondent globalement au choix d'un certain ordre de grandeur pour la condensation.

C'est là une simple hypothèse, mais elle nous paraît sortir tout naturellement des spéculations de la physique sur la structurede la matière.

Que deviendrait la table sur laquelle j'écris en ce moment si maperception, et par conséquent mon action, était faite pour l'ordre de grandeurauquel correspondent les éléments, ou plutôt les événements, constitutifs de samatérialité ? Mon action serait dissoute ; ma perception embrasserait, à l'endroitoù je vois ma table et dans le court moment où je la regarde, un universimmense et une non moins interminable histoire.

Il me serait impossible decomprendre comment cette immensité mouvante peut devenir, pour que j'agissesur elle, un simple rectangle, immobile et solide.

Il en serait de même pour touteschoses et pour tous événements : le monde où nous vivons, avec les actions etréactions de ses parties les unes sur les autres, est ce qu'il est en vertu d'uncertain choix dans l'échelle des grandeurs, choix déterminé lui-même par notrepuissance d'agir.

» Ce qui confère son unité à un être, c'est en réalité l'homme lui-même : sa perception découpe dans le flux continudu réel des objets qu'elle isole afin de pouvoir agir dessus.

L'être est donc une illusion indispensable à notre actionsur le monde.

L'homme, qui appartient au flux continu du réel, manifeste lui-même une illusion d'unité qui nouspermet d'y voir un être.

Il n'y a donc d'être que pour l'homme qui en est le créateur. Conclusion : La perspective bergsonienne fournit une solution radicale à notre problème : l'homme est un être d'artifice puisqu'iln'est pas du tout un être.

Il se pose lui-même comme être lorsque réflexivement il voit en lui-même un tout unitaire.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles