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L'homme est il naturellement sociable?

Publié le 01/03/2005

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Le lien social est d'abord défensif : ce qui fait la cohésion de toute communauté humaine est l'hostilité commune de ses membres à l'égard de ceux qui n'en font pas partie. Les politiques le savent bien, qui souvent ressoudent le groupe en détournant l'agressivité de ses membres sur des « boucs émissaires » étrangers au groupe. « L'homme a un penchant à s'associer, car dans un tel état, il se sent plus qu'homme par le développement de ses dispositions naturelles. Mais il manifeste aussi une grande propension à se détacher (s'isoler), car il trouve en même temps en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger dans son sens. » Kant, Idée d'une histoire universelle, 1784.C'est précisément ce double penchant contradictoire que Kant appelle «l'insociable sociabilité » des hommes. « J'entends (...) par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée d'une répulsion générale à le faire, menaçant constamment de désagréger cette société. » Kant, Idée d'une histoire universelle, 1784. « Le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur propre intérieur, pousse les hommes les uns vers les autres; mais leurs nombreuses qualités repoussantes et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau.

« SOCIABILITÉ : Aptitude à vivre en société. • Kant souligne « l'insociable sociabilité » des hommes, qui cherchent à développer leurs dispositions naturelles ens'associant avec leurs semblables (sociabilité), tout en voulant tirer le meilleur parti de la situation (insociabilité). HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »).• Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique».

Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la naturel'aurait pourvu du langage. Les hommes vivent en société, mais sont-ils, par nature, sociables ou insociables ? La coopération des hommes,afin de subvenir à la multiplicité de leurs besoins, est une nécessité.

Comme le souligne Platon dans La République,l'échange utilitaire fait le lien social : « Ce qui donne naissance à une cité [...] c'est [...] l'impuissance où se trouvechaque individu de se suffire à lui-même, et le besoin qu'il éprouve d'une foule de choses.

» Coopération et divisiondu travail permettent aux hommes de transformer le milieu naturel et de satisfaire leurs besoins.

De plus, l'individuisolé, vivant sans rapport avec autrui, sans langage, ne pourrait être qu'une brute ou un dieu.

Pourtant, lacoexistence des hommes au sein d'une société ne va pas de soi, au point que s'il n'y avait pas des lois pour tenir leshommes en respect, aucune société ne pourrait survivre longtemps.Outre le besoin qui lie les hommes les uns aux autres, ne faut-il pas admettre un sens naturel du lien social ? C'estla thèse d'Aristote : les hommes sont par nature des êtres sociaux et que rapprochent des liens d'affection:« Qui donc, voyant un homme écrasé par une bête, ne s'efforcerait, s'il le pouvait, d'arracher à la bête sa victime ?Qui refuserait d'indiquer la route à un homme égaré ? Ou de venir en aide à quelqu'un qui meurt de faim ? [...] Quidonc enfin n'entendrait avec horreur comme contraires à la nature humaine, des propos tels que ceux-ci : "Moimort, que la terre soit livrée aux flammes ! " ou : "Que m'importe le reste, mes affaires à moi prospèrent" ? De touteévidence, il y a en nous un sentiment de bienveillance et d'amitié pour tous les hommes, qui manifestent que ce liend'amitié est chose précieuse par elle-même.

»Belle vision, mais un peu idyllique.

Il est vrai que la plupart des êtres humains éprouvent une répugnance naturelle àvoir périr ou souffrir tout être sensible et principalement leurs semblables, mais c'est, peut-être, plus par craintepour soi (autrement dit, par peur de subir le même sort) que par sympathie.

Admettons toutefois que les hommesaient une certaine propension à la sociabilité.

Il n'en demeure pas moins que c'est d'abord leur bien-être et laconservation d'eux-mêmes qu'ils recherchent.

De ce fait, ils veulent tout diriger dans leur sens et cherchent àéchapper aux contraintes de la vie en société.

Si donc l'homme a des tendances sociables, celles-ci sontinséparables de tendances inverses, de penchants à l'insociabilité.

Et Kant, dans Idée d'une histoire universelle aupoint de vue cosmopolitique, n'hésite pas à évoquer ce qu'il appelle « l'insociable sociabilité » des hommesL'homme a une inclination à s'associer car dans un tel état, il se sent plus qu'homme par le développement de sesdispositions naturelles.

Mais il manifeste aussi un grand penchant à se détacher (s'isoler), car il trouve en mêmetemps en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger à sa guise; et de ce fait, il s'attend àrencontrer des résistances de tout côté, de même qu'il se sait par lui-même enclin à résister aux autres.

»Ainsi, deux forces s'opposent en l'homme : la sociabilité qui le pousse à rechercher ses semblables et l'insociabilitéqui le porte à résister aux autres mais menace sans cesse de dissoudre la société.

Cette insociabilité résulte desinclinations sensibles et des passions égoïstes.

Si elle est moralement condamnable, elle est toutefois à l'origine dudéveloppement des dispositions de la société humaine:« C'est cette résistance qui éveille toutes les forces de l'homme, qui le porte à surmonter sa tendance à la paresse,et fait que, poussé par l'ambition, l'appétit de domination ou de possession, il se taille une place parmi sescompagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer »Cette insociabilité constitue pour une société des ferments ou des germes de progrès.

Imaginons, en effet, unecommunauté ignorant les antagonismes : vivant dans une concorde, une satisfaction et un amour mutuel parfaits,les hommes, « doux comme les agneaux qu'ils font paître, ne donneraient à l'existence guère plus de valeur que n'ena leur troupeau domestique ».

Les talents resteraient à jamais enfouis en germe.

« Remercions donc, dit Kant, lanature pour cette humeur non conciliante, pour la vanité rivalisant dans l'envie, pour l'appétit insatiable depossession ou même de domination.

»Faut-il, pour autant, considérer cette insociabilité comme le dernier mot de l'histoire ? Les potentialités humaines sedéveloppant, ne peut-on pas envisager l'absence future de conflits au sein des sociétés ? La véritable destinationde l'homme n'est-elle pas la réalisation de sa nature d'être raisonnable ? L'idée que l'insociabilité disparaîtra pourlaisser place entière à la sociabilité est souhaitable et légitime.

Cette idée a un usage régulateur.

Autrement dit, ellepeut orienter dynamiquement la pensée des hommes et les amener à réaliser les actes nécessaires à sonactualisation. La formation de la société est dans la nature de l'homme. «L'homme est un animal politique.» Aristote, Les Politiques (Ive siècle avant J.-C.). • La célèbre formule d'Aristote va plus loin que la simple affirmation d'une sociabilité de l'homme.

Il ne suffit pas dedire que l'homme aime la compagnie de ses semblables, ou qu'il en a besoin pour repousser les bêtes sauvages.

PourAristote, l'organisation en «cité» (État) est le te/os de l'homme, son but naturel.

C'est pourquoi Aristote va jusqu'àdire que la cité est «antérieure à la famille et à chacun de nous»: elle préexiste aux individus et aux formes plussimples d'organisation sociale (le couple, l'alliance maître-esclave, la famille, le village).• En effet, ces formes sociales plus simples ne sont pas auto-suffisantes; les familles, par exemple, ont besoin des'allier avec d'autres pour subvenir à leurs besoins, ce qui forme les villages.

Si la cité est la forme la plus parfaite,. »

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