Devoir de Philosophie

Les hommes sont de nature sujets à la superstition selon Spinoza. Expliquez. (Ignorance et superstition)

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

spinoza
Spinoza cherche à déterminer dans ce texte quels sont les mécanismes qui sont à l'origine du phénomène de la superstition. Celle-ci est définie comme la croyance en l'existence de signes ou présages d'un événement heureux ou malheureux. Ces signes sont des événements auxquels on accorde la propriété d'annoncer l'issue d'une situation. Ils peuvent être «quelconques», c'est-à-dire ordinaires, ou présenter un caractère extraordinaire.
spinoza

« un remède souverain contre la calvitie, et l'on traçait une croix sur le ventre de la parturiente en casd'accouchement difficile.

La science a démenti de telles croyances. 2) La contingence y règne en maîtresse.

La fiente de souris contre la calvitie — et pourquoi pas la crotte dublaireau ? D'ailleurs, les contradictions d'un pays à l'autre rendent manifeste cette contingence : le chat noirest un bon signe en Angleterre, un mauvais signe en France.

Parfois, le même signe est considéré tantôtcomme bénéfique tantôt comme maléfique (certains prennent le chiffre 13 comme un porte-bonheur, maisdans les courses automobiles, il n'y a pas de voiture numéro 13, et il n'y a jamais de chambre numéro 13 dansles hôtels). 3) Le superstitieux est un sot car il est incapable de justifier sa croyance autrement que par tautologie : c'estcomme ça parce que c'est comme ça.

On comprend que la plupart des superstitions aient disparu avec lesprogrès techno-scientifiques.

Cependant, elles n'ont pas disparu toutes, loin s'en faut.

De toute manière,l'essentiel est de comprendre leurs raisons d'être. Quels sont les mécanismes à l'oeuvre dans toutes superstitions ? "Si les hommes avaient le pouvoir d'organiser les circonstances de leurvie au gré de leurs intentions, ou si le hasard leur était toujoursfavorable, ils ne seraient pas en proie à la superstition.

Mais on les voitsouvent accules à une situation si difficile, qu'ils ne savent plus quellerésolution prendre; en outre, comme leur désir immodéré des faveurscapricieuses du sort les ballotte misérablement entre l'espoir et lacrainte, ils sont en général très enclins à la crédulité [...).

Si, parexemple, pendant que la frayeur les domine, un incident quelconqueleur rappelle un bon ou mauvais souvenir, ils y voient le signe d'uneissue heureuse ou malheureuse; pour cette raison et bien quel'expérience leur en ait donné cent fois le démenti, ils parlent..

d'unprésage soit heureux, soit funeste.

Enfin, si un spectacle insolite lesfrappe d'étonnement, ils croient être témoins d'un prodige manifestantla colère ou des Dieux, ou de la souveraine Déité ; dès lors, à leursyeux d'hommes superstitieux et irréligieux, ils seraient perdus s'ils neconjuraient le destin par des sacrifices et des voeux solennels.

Ayantforgé ainsi d'innombrables fictions, ils interprètent la nature en termesextravagants, comme si elle délirait avec eux." Baruch Spinoza, Traité théologico-politique (1670) Spinoza cherche à déterminer dans ce texte quels sont les mécanismes qui sont à l'origine du phénomène dela superstition.Celle-ci est définie comme la croyance en l'existence de signes ou présages d'un événement heureux oumalheureux.

Ces signes sont des événements auxquels on accorde la propriété d'annoncer l'issue d'unesituation.

Ils peuvent être «quelconques», c'est-à-dire ordinaires, ou présenter un caractère extraordinaire.À quoi pense ici Spinoza? On remarquera que le genre de superstition auquel il s'attaque diffère de celui quinous est aujourd'hui plus familier lorsque nous entendons dire autour de nous que le chiffre treize ou un chatnoir «portent malheur ».

Dans ce cas, on sous-entend une sorte de pouvoir maléfique de ces réalités qui,lorsque nous les rencontrons, sont censées agir sur le cours de notre vie.Or celle qu'évoque le texte se rapproche davantage de ce qu'on nommait, dans l'Antiquité, la divination et quise mêlait étroitement aux rites de la religion païenne.

Ainsi, à Rome, existait-il des «spécialistes» en l'artd'interpréter ces signes qui étaient censés venir des dieux, et que l'on nommait augures et aruspices.Cette croyance aux présages est pour Spinoza une anticipation illusoire de l'avenir qui déforme la conceptionexacte que nous devons avoir de la nature.

Les véritables signes avec lesquels elle doit se lire sont ceux quiexpriment ses lois dont les mathématiques constituent le seul vocabulaireapproprié.

Ces soi-disant présages sont donc comparables à un «délire» que nous prêtons à la naturepuisqu'elle transgresserait par eux ses propres lois et le cours normal de leur expression, en faisant miroiterdans le présent des indications sur le futur.En réalité la croyance en l'existence de ces signes repose sur une association d'idées trompeuse.

Si, dans unesituation quelconque dont l'issue est incertaine (par exemple à la veille d'une récolte dont on doute de laqualité), un événement quelconque se produit (le passage d'une chouette) qui nous rappelle un bon oumauvais souvenir, le superstitieux associera abusivement le souvenir qui est attaché à ce passage à lasituation présente, et le sentiment (heureux ou malheureux) qui domine ce même souvenir.L'erreur provient donc d'une liaison fautive, car en vérité rien ne vient justifier que le sentiment heureuxauquel le passage de la chouette était lié ne se produise une seconde fois dans la situation à venir, lorsqu'unenouvelle chouette vient à passer.Deux causes viennent expliquer pourquoi ils sont si enclins à faire cette association : l'ignorance et la crainte.L'ignorance de l'avenir, d'abord, que les superstitieux essaient de combler par une interprétation délirante dela nature.

La crainte, quant à elle, est la passion qui donne sa force à cette attitude, car c'est pendant qu'ilssont dominés par la peur de l'avenir et que la raison s'absente, qu'ils se mettent à interpréter des signes quin'en sont pas.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles