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Les hommes vivent-ils en société par intérêt ?

Publié le 29/01/2004

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La politique, cet art de diriger la vie de la Cité, a pour principal problème de réaliser ou de maintenir l'union des hommes au sein de la société. Cette union peut sembler n'avoir d'existence qu'artificielle. En ce sens, toute société, toute communauté politique ne serait qu'une communauté d'intérêts que l'homme d'État aurait à gérer du mieux qu'il peut. Il n'est pourtant pas certain que l'on puisse réduire la vie sociale à une simple question d'intérêts. Aucune société ne peut en effet se passer d'une cohésion minimale qui lui permette de survivre et qui n'est possible que par la volonté de tous ses membres de rechercher un bien commun : seule cette recherche permet de garantir la poursuite des intérêts individuels au sein d'une société qui ne soit plus un simple agrégat, mais un organisme au bien duquel tous collaborent. Si l'existence de la Cité se fonde en effet sur des nécessités matérielles, elle permet de réaliser les intérêts propres à chacun de ses membres, à la condition qu'elle vise d'abord la vie en commun et le bien commun.

« La genèse de la Cité platonicienne, telle qu'elle est exposée au livre Il de La République, permet d'établir sur desfondements plus assurés l'existence de la société.

Platon part de l'homme isolé, dans le dénuement, pour brosser sacondition d'être besogneux.

L'inventaire des besoins humains est rapide : il faut à l'homme de quoi se nourrir, seloger, se vêtir, se chausser.

Cette liste n'est certes pas limitative: d'autres besoins viendront par la suite s'ajouteraux premiers.

Pour le moment, il s'agit simplement de comprendre que chacun ne pourra subvenir à ses besoinsqu'avec l'aide d'autres hommes.

Il vaut mieux répartir les travaux nécessaires entre un cultivateur, un maçon, untisserand, un cordonnier que de confier à chacun l'ensemble des tâches nécessaires à son propre entretien.

Avec lepartage des tâches, ce sont à la fois une première forme de division du travail et un premier mode d'existencesociale qui voient le jour.

À la suite de quoi, d'autres métiers s'avèrent nécessaires: il est dans l'intérêt de chacunqu'existent des forgerons et d'autres artisans pour fournir des outils aux autres travailleurs, et enfin il faut assurerl'administration de cette petite société en instituant des fonctions politiques.

C'est seulement l'intérêt bien comprisde tous qui donne naissance à cette communauté. B.

Le maintien de la paix. Cette fonction politique ou administrative occupe une place particulière dans la société ainsi formée.

Il est en effetde l'intérêt de chacun de vivre dans la tranquillité et la concorde afin de pouvoir réaliser son bonheur personnel.L'invention de charges politiques est en ce sens nécessaire: c'est grâce en effet au gouvernement que peut semaintenir la paix, tant civile qu'extérieure.

Toute société a besoin de faire respecter en son sein la justice etl'équité, de résoudre sans violence inutile les conflits qui peuvent naître entre ses membres; aussi l'État doit-il sedoter de lois qui règlent son fonctionnement, d'une administration qui garantisse l'ordre civil et d'une justice quirésolve les conflits et rétablisse l'entente entre les citoyens.

Outre cela, l'État doit se prémunir contre touteagression extérieure et disposer ainsi d'une armée.

Toutes ces institutions politiques ne se fondent que sur lesintérêts partagés par tous les membres de la cité. C.

L'affirmation de la liberté. Cet enrichissement de la vie en société repose en effet toujours sur l'intérêt de ses membres, parce que l'existencesociale permet le maintien de la liberté individuelle, et en est d'ailleurs la seule condition.

C'est le problème qui animel'établissement du pacte social selon Rousseau «Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute laforce commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéissepourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant.

» Ce problème ne peut être résolu que par une bonnecompréhension des intérêts de chacun : si chacun préfère préserver l'usage individuel de sa propre liberté, c'est-à-dire son simple égoïsme, alors ses intérêts mêmes ne seront pas sauvegardés; ils ne le sont que si tous les individusd'un groupe social aliènent, confient leurs libertés singulières à une volonté générale, laquelle, en retour, garantiracette liberté individuelle et la confirmera.

Il est de notre intérêt de renoncer à nos intérêts: c'est là le principe detoute société politique fondée en droit. 3.

Vie en commun et bien commun A.

La société a pour fin un bien. En ce sens, la cité continue à reposer sur une communauté d'intérêts, mais cette communauté n'est plus lapossession commune d'intérêts juxtaposés, extérieurement liés, et ces intérêts ne sont plus l'expression immédiated'égoïsmes privés.

Ainsi, selon les premières lignes de La Politique d'Aristote, «toute communauté est constituée envue d'un certain bien (car c'est en vue d'obtenir ce qui leur apparaît comme un bien que tous les hommesaccomplissent toujours leurs actes) » : la communauté politique est en effet l'oeuvre des hommes, et à ce titre ellen'est pas constituée de façon arbitraire ou contingente.

A contrario, si les hommes n'estimaient d'aucun profit la vieen société, ils mèneraient une existence solitaire.

L'existence même de la société politique témoigne de ce qu'elledoit toujours reposer sur des intérêts privés.

En vivant dans une communauté politique, l'homme découvre un bienplus élevé que celui de son intérêt propre. B.

Sociabilité et insociabilité. »

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