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L'Huitre Et Les Plaideurs

Publié le 16/10/2010

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Jean de La Fontaine est le fabuliste le plus connu de tous temps, et un des poètes les plus lus du XVIIème siècle. Selon Flaubert, La Fontaine était le seul écrivain français à comprendre et maitriser l’essence du langage français avant Victor Hugo. Il a écrit de nombreux genres littéraires mais est retenu surtout pour ses fables qui ont une valeur moraliste. Certaines de ses fables lui permettent aussi de critiquer une société hypocrite au travers d’un second degré de lecture. L’huitre et les plaideurs, est l’une de ses fables qu’il a écrite 1678, extrait de son recueil Fables. C’est justement une histoire qui paraît enfantine mais qui fait appel a plusieurs niveaux de lecture. En quoi Jean de La Fontaine critique-t-il la justice à travers la fable dans ce poème ? Dans une première partie nous verrons en quoi ce poème est-il bien une fable. Puis la deuxième partie présentera la satire que La Fontaine fait de la justice. La troisième partie sera consacrée à montrer l’ironie de l’histoire. En effet, ce poème a bien la forme d’une fable, car il présente toutes les caractéristiques traditionnelles de la fable. Ce poème a la forme d’une fable, c’est un court récit de 25 vers qui présente des personnages fictifs : les « deux pèlerins » et Perrin Dandin. Comme dans toutes les fables, il y a un problème. Ici, il s’agit de deux voyageurs religieux qui, en chemin, trouvent une huitre. La métaphore « Ils l’avalent des yeux » montre que celle-ci à l’air plutôt appétissante et que les deux protagonistes veulent tous les deux la manger. Apres une brève argumentation, un juge, Perrin Dandin entre dans l’histoire pour résoudre leur problème. L’histoire se finit par le juge qui mange l’huitre et qui dit aux deux « plaideurs » de s’en aller chez eux comme ils étaient venus, car c’est la juste façon. En plus d’être une simple histoire, cette fable a pour objectif d’être lu au second degré, et comme toutes les fables, elle présente une morale. Ici, on peut voire que les deux protagonistes se battent pour cette huitre alors qu’ils s’entendent bien puisqu’ils voyagent ensemble. Ils ne veulent pas ni l’un ni ‘autre laisser a leur compagnon de voyage un petit plaisir et ne songent même pas a la partager. La morale de l’histoire est donc que s’ils avaient fait preuve de plus de gentillesse, au moins l’un d’entre eux auraient eu ce petit plaisir ; comme ils sont tous les deux aussi têtus et ne veulent pas envisager d’autre moyen que de manger seul cette huitre, ils sont punis car a la fin de l’histoire, aucun de deux n’a pu avoir l’huitre et ils sont laisses avec « que un sac de quilles » Cette fable, comme la plupart des fables de La Fontaine a une double fonction. Le fabuliste réussit à faire la satire de la justice a travers elle, en plus de sa fonction d’instruire avec sa morale. Le juge, Perrin Dandin est un citoyen qui s’autoproclame juge créé par Rabelais dans son roman le Tiers Livre. Ce personnage a été repris par Racine dans une comédie et par La Fontaine dans cette fable. Le fait de mentionner Perrin Dandin dans cette fable est donc une métonymie : il représente la justice. Lorsqu’il mange l’huitre, il est dit qu’il la « gruge » ce qui n’est pas très civilisé. La Fontaine utilise ce terme consciemment pour montrer que ce n’est pas un être raffiné, car il aurai pu utiliser d’autres termes comme déguste. Il cherche donc a donner une image péjorative de la justice a son époque. A travers ce personnage, la justice est donc sévèrement critiquée. Premièrement elle est représentée par un seul homme ce qui montre que celle ci n’est pas aussi « juste » que l’on dit qu’elle est, car un homme ne peut pas seul juger cet histoire seul. Deuxièmement, lorsque son personnage representatif arrive dans l’histoire, il ne dit rien et mange l’huitre. Cette image nous montre que selon La Fontaine, la justice au XVIIème siècle était profiteuse de situation et sortait fréquemment la seule gagnante de cas judiciaires. Le résultat de ce que construit La Fontaine dans cette fable nous donne un registre comique, mais plus spécifiquement ironique. En effet tout le long du texte ressort assez clairement un registre comique, mais plus particulièrement son coté ironique. Les deux « pèlerins », qui sont amis, se battent non pas pour une cause sérieuse sur laquelle il faut beaucoup de réflexion, mais pour une simple huitre ce qui les infantilise tous le deux. Suite a cela, ils sont infantilises d’avantage car ils n’arrivent même pas a trouver une solution seuls et ont besoin d’un élément extérieur a leur argumentation pour résoudre leur problème. De surplus, le coté naïf ressort lorsqu’ils se font avoir par le juge, qui joue le rôle de parent pour les deux protagonistes. Le renversement de situation à la fin de la fable traite celle-ci aussi justement d’un ton ironique. On peut voire que les deux personnages ont débâté pendant 9 vers, sur les 25 qui composent l’intégralité de la fable, qui devrait avoir le droit de manger l’huitre. Perrin Dandin, lui, a le temps en trois vers d’arriver, d’être pris pour juge, et de manger l’huitre. La Fontaine fait donc ici comme dans d’autres de ses ½uvres une histoire enfantine qui a une fonction éducative avec une morale adaptable a des conditions de la vie courante. Mais à un second degré, il fait aussi la satire de la justice du XVIIème siècle en utilisant beaucoup d’ironie. Ce n’est pas le seul écrivain français d’ailleurs a critiquer la justice française, un siècle plus tard, Beaumarchais lui aussi critiquera la justice de son époque (XVIIIème siècle) a travers sa comédie le Mariage de Figaro.

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