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HUSSERL et l'essence de la géométrie.

Publié le 27/02/2008

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husserl
Le géomètre, lorsqu'il trace au tableau ses figures, forme des traits qui existent en fait sur le tableau qui lui-même existe en fait. Mais, pas plus que le geste physique de dessiner, l'expérience de la figure dessinée, en tant qu'expérience, ne fonde aucunement l'intuition et la pensée qui portent sur l'essence géométrique. C'est pourquoi il importe peu qu'en traçant ces figures il soit ou non halluciné et qu'au lieu de dessiner réellement il projette ses lignes et ses constructions dans un monde imaginaire. Il en est autrement du savant dans les sciences de la nature. Il observe et expérimente ; autrement dit, il constate par expérience une existence ; pour lui l'expérience est l'acte sur lequel tout le reste se fonde et que la simple fiction ne peut jamais remplacer. C'est précisément pourquoi sciences du fait et sciences de l'expérience sont des concepts équivalents. Mais pour le géomètre qui explore non des réalités mais des « possibilités idéales », non des états de choses propres à la réalité mais des états de choses propres aux essences, l'intuition des essences est, à la place de l'expérience, l'acte qui fournit les ultimes fondements. Husserl
• Quelle est l'idée directrice du texte ? Il faut distinguer les sciences de la nature, qui sont des sciences du fait, dont le fondement est l'expérience, et les sciences géométriques, mais aussi les mathématiques en général, qui portent sur des essences et sont donc des sciences éidétiques (du grec eidos, essence). • Le problème est de savoir si les mathématiques ont une base essentiellement empirique (ce que certaines démarches pourraient nous faire penser : après tout, ne visualisons-nous pas certaines figures géométriques ? Ne faisons-nous pas appel à l'intuition sensible ? Ne dessinons-nous pas un triangle ou un polygone sur le tableau ?) ou si leur fondement est idéal et se rapporte à une essence. • Ces lignes présentent la structure suivante : A. « Le géomètre [...] imaginaire « : en géométrie, le mathématicien ne fonde pas les objets dont il traite sur l'expérience sensible. B. « Il en est autrement [...] équivalents « : par opposition à la géométrie, les sciences de la nature fondent leurs objets sur cette expérience et sont des sciences de faits. C. « Mais [...] ultimes fondements « : la géométrie est une « science éidétique «, fondée sur les essences. 

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« objets qui, sur le fondement de l'expérience actuelle, peuvent être connus dans le cadre d'une pensée théoriquecorrecte.

Sciences de la nature matérielle, physiologie, etc., se fondent sur l'expérience sensible, à la différence dela mathématique, tournée vers des idéalités.D'où l'équivalence ou, en tout cas, la proximité des sciences de l'expérience et des sciences du fait.

En somme, lessciences de la nature M rapportent au monde : ce sont des disciplines fondées sur les faits ou l'expérience sensible,véritables fondements de leur nature et de leur réalité.

Ici, les disciplines scientifiques ont trait à des existencesspatiotemporelles ayant une durée propre et un statut de réalité.On remarquera que ces lignes donnent à voir, en une opposition assez radicale, sciences de la nature, portant sur lemonde, et géométrie, dont l'objet vrai est tout autre.

Mais ceci ne va être explicité que dans la troisième partie. C.

Troisième grande partie : « Mais [...] ultimes fondements ».

L'intuition des essences fonde la géométrie.C'est « l'intuition des essences » qui va être l'expression capitale de cette dernière partie et nous permettre decomprendre la géométrie, laquelle ne se fonde point sur l'expérience.

Avant d'expliciter cette notion d'« intuition desessences », remarquons que Husserl spécifie de façon réelle l'objet d'étude du géomètre, qui n'approfondit pas etn'étudie pas des « réalités » (des choses qui existent) mais des « possibilités idéales » (ce qui pourrait êtreconsidéré dans l'ordre des essences, et non des existences) ; il s'attache à l'intuition des essences.Mais que désigne l'essence dans la philosophie de Husserl ? La réalité ultime sans laquelle une chose ne serait pas cequ'elle est, réalité ultime, indépendante des particularités.

Ainsi, l'essence du triangle est l'ensemble de sespropriétés, sans lesquelles le triangle ne serait pas ce qu'il est.

L'intuition des essences désignera, dès lors, la saisiedirecte de ces réalités.

Ainsi, un triangle rectangle possède une essence et si nous supprimons par imagination cetteessence, le triangle lui-même s'anéantit.

Donc, en géométrie, c'est l'eidos, l'essence, qui fonde tout raisonnement ettoute approche : non point l'expérience, mais un objet d'un autre type.

L'intuition de l'essence est la conscienced'un objet idéal, sans lequel la réalité mathématique se dissoudrait.

Donc, la vision de l'essence fonde l'approchegéométrique.

Elle n'implique à aucun degré la position d'une existence individuelle quelconque, elle renvoie à uneidéalité, horizon fondamental de celui qui fait de la géométrie.

Car il projette dans un univers idéal toutes sesreprésentations et cet univers idéal fournit sa nécessité au raisonnement.En définitive, Husserl nous renvoie ici à l'acte qui apporte les ultimes bases et assises de la pensée géométrique,laquelle ne serait rien sans les Essences ou Idées.

Sans ces dernières, nulle discipline mathématique.

Les essencesidéales, non point les réalités de fait, fondent le savoir (géométrique, mathématique, etc.).

Si l'on peut dire que leproblème fondamental de Husserl est celui des fondements, ce texte éclaire admirablement cette recherche desfondements ultimes.

HUSSERL (Edmond).

Né à Prossnitz (Moravie) en 1859, mort à Fribourg-en-Brisgau en 1938. Il fit des études de mathématiques, fut le disciple de Franz Brentano et fut professeur à Halle en 1887, à G6ttingen,de 1906 à 1916, et à Fribourg-en-Brisgau de 1916 à 1933, date à laquelle il fut chassé de l'Université, en tantqu'israélite.

Il fit, en 1929, une série de conférences à la Sorbonne.

— Husserl combattit le psychologisme.

Leproblème de la connaissance n'est plus primordial ; dans l'ordre cognitif, c'est la perception qui domine, de mêmeque, dans l'ordre objectif, c'est le perçu.

Pour Husserl, « la philosophie est une science » ; elle doit être descriptive.Son but est une description exhaustive de l'existence.

— Le critère décisif de l'existence, c'est la présence d'unesignification à la conscience qui la vise.

La conscience est contemplation, intentionnalité et ouverture.

Elle existe«selon un mode d'être qui l'épuise dans la visée de l'autre qu'elle- même».

— La phénoménologie est une méthode :«Elle est un effort pour appréhender, à travers des événements et des s empiriques, des « essences », c'est-à-diredes significations idéales.

Celles-ci sont saisies directement par intuition à l'occasion d'exemples singuliers, étudiésen détail et d'une manière très concrète.

» (Lalande.) Cette méthode comporte deux caractéristiques : l'époché,c'est-à-dire la suspension du jugement, la mise entre parenthèses du problème de l'existence ou de l'inexistence deschoses, de l'existence substantielle du monde extérieur.

« Quand il neutralise le monde, le phénoménologues'aperçoit qu'il n'est pas placé « devant un pur néant ».

Son opération dégage une sphère nouvelle d'existence quepeut atteindre une expérience nouvelle, l'expérience transcendantale.

» (Husserl.) L'autre caractéristique est laréduction éïdétique, c'est-à-dire l'élimination des éléments empiriques du donné pour ramener à leurs pures essencesobjectives les phénomènes donnés à la conscience.

La réduction éïdétique est la substitution de la considérationdes essences à celle de l'expérience au sens usuel.

— La phénoménologie est aussi un système, et on la désigne dunom de phénoménologie transcendantale.« Elle cherche alors à mettre en lumière le principe ultime de toute réalité.Comme elle se place au point de vue de la signification, ce principe sera celui par lequel tout prend un sens, l'« egotranscendantal», extérieur au monde, mais tourné vers lui.

Ce sujet pur n'est d'ailleurs pas unique, car il appartient àla signification du monde de s'offrir à une pluralité de sujets.

L'objectivité du monde apparaît ainsi comme une «intersubjectivité transcendantale ».

La reconnaissance du domaine transcendantal et sa description demandent. »

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