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L'idée d'inconscient exclut-elle l'idée de liberté ?

Publié le 03/01/2004

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La mise en question de la responsabilité Si l'inconscient nous manipule sans cesse à notre insu, nous ne sommes jamais sûrs de choisir nos actes en fonction de mobiles librement délibérés. Dès lors, quel sens peut-on donner à la notion de responsabilité ? Comment peut-on nous imputer des actes que nous n'avons pas vraiment voulus, au sens le plus fort de ce terme ? Il faudrait dans ces conditions renoncer à l'idée même de responsabilité, puisque l'auteur d'un acte ne peut jamais l'assumer totalement, qu'il soit jugé positif ou négatif. Il faudrait rappeler ici que la justice, aujourd'hui, tient compte de certains aspects psychologiques des accusés, avant de les condamner : justice et psychiatrie entretiennent des relations de plus en plus étroites.

 

La question est assez simple: si l'inconscient "existe", il faut bien admettre des phénomènes inconscients. Mais dans ce cas, il faut dire non pas que "j'agis inconsciemment", mais que "l'inconscient me fait agir", ce qui contredit l'idée que je puisse être libre (je suis au contraire déterminé à mon insu). Mais il y a sur le concept même d'inconscient, qui peut se comprendre en plusieurs sens. " L'idée d'inconscient " peut renvoyer au sens freudien (topique); l'inconscient est alors considéré comme un "lieu" dans l'appareil psychique. Mais toute une tradition philosophique (Leibniz, Spinoza) a articulé une critique de l'idée de liberté à une réflexion sur l'inconscient à une structure du psychisme.

Ce sujet invite à se poser le problème de certaines conséquences morales, relatives à la liberté de l'homme, de l'affirmation de Freud selon laquelle une part importante de la vie psychique est inconsciente.

 

« Après Copernic qui a ruiné le géocentrisme, Darwin qui a détruit la croyanceen une primauté de l'homme dans la création, Freud pensait avoir infligé àl'homme sa troisième humiliation en lui apprenant qu'il n'est « même pas maîtredans sa propre maison ».

La découverte de l'inconscient et de son importancedans le psychisme humain justifie-t-elle une remise en question de la liberté,nous oblige-t-elle à considérer la liberté comme une illusion, effet de laméconnaissance où se trouve le moi pour comprendre les mobiles qui le fontagir ? 1 - Le déterminisme de l'inconscient a) L'illusion du moiL'individu qui agit selon les directives^du moi conscient peut se méprendresur les raisons profondes qui le font agir.

En effet, dans la perspectivefreudienne, le moi se trouve sous la dépendance de l'inconscient : on peutdonc légitimement se demander ce que peut encore signifier liberté d'actionpour lui.

Freud cite de nombreux exemples de patients qui trouvent à leurscomportements pathologiques des raisons d'apparence cohérente.

Cetteremarque peut s'étendre à tous les individus qui, en réalité, agissent enignorant les causes profondes qui les incitent à le faire.

En effet, le moi estfondamentalement dans un rapport de méconnaissance avec tout ce quil'entoure comme ce « clown de cirque qui, par ses gestes, cherche à persuader l'assistance que tous les changements qui se produisent dans le manège sont des effets de sa volonté ».Une telle définition, poussée à l'extrême, ne peut avoir pour conséquence que la remise en cause du libre-arbitre, etplus généralement de l'idée de liberté de l'individuelle.

La mise en question de la responsabilitéSi l'inconscient nous manipule sans cesse à notre insu, nous ne sommes jamais sûrs de choisir nos actes en fonctionde mobiles librement délibérés.

Dès lors, quel sens peut-on donner à la notion de responsabilité ? Comment peut-onnous imputer des actes que nous n'avons pas vraiment voulus, au sens le plus fort de ce terme ? Il faudrait dansces conditions renoncer à l'idée même de responsabilité, puisque l'auteur d'un acte ne peut jamais l'assumertotalement, qu'il soit jugé positif ou négatif.

Il faudrait rappeler ici que la justice, aujourd'hui, tient compte decertains aspects psychologiques des accusés, avant de les condamner : justice et psychiatrie entretiennent desrelations de plus en plus étroites.

2 - L'autonomie de la conscience a) L'indépendance du moiLa conception psychanalytique, dans le schématisme précédent, transforme l'inconscient en une véritable fatalitéqui pèserait sur les hommes.

Or, Freud lui-même montre que nous pouvons avoir prise sur l'inconscient : letraitement des névroses par la cure permet de faire disparaître, au moins partiellement les troubles pathologiques.Comment l'activité consciente peut-elle obtenir ce résultat si elle ne dispose d'une certaine autonomie ? Il faudraitalors en conclure que la conscience n'est pas entièrement dominée par les pulsions ou les instincts, et qu'elle gardeune certaine autonomie.

L'hésitation des psychanalystes, voire les contradictions que l'on peut relever dans leursdifférentes conceptions, ne font que souligner l'importance de l'enjeu.

Quel est en effet le but de la curepsychanalytique ? Comment peut-on apprécier la guérison d'un patient ? Et plus profondément, quelle est la fonctionde la psychanalyse ? La réponse à ces questions est du plus grand intérêt pour le problème qui nous occupe, carelle conditionne l'idée que l'on se fait de la place du moi dans l'appareil psychique.Si l'on admet que le moi conscient garde une autonomie par rapport à l'inconscient, ce dernier n'apparaît plus commeune fatalité, mais comme un obstacle à la libre expression du moi. b) L'inconscient comme déterminismeDans ce cas, la liberté n'est plus niée par l'existence de l'inconscient.

Celle-ci devient un obstacle à franchir, undéterminisme supplémentaire qui limite l'autonomie de l'individu, mais ne la supprime pas.

Or, l'existence dedéterminismes ne fait pas disparaître la liberté, elle l'oblige seulement à se redéfinir.

Bien mieux, la connaissance desdéterminismes accroît la capacité d'action des individus, en permettant la maîtrise de l'obstacle.

Savoir est toujoursun auxiliaire de pouvoir.

La découverte de l'inconscient peut, en ce sens, être un facteur de libération.

En prenantconscience des origines de son trouble, le patient retrouve son équilibre et se libère d'un fardeau.

Dans cetteperspective, l'inconscient n'exclut pas l'idée de liberté, il contribue au contraire à étendre, et préciser son domaine.Mais on voit bien que le mot liberté n'est plus porteur de la même signification.

Dans le premier cas, il renvoyait àune essence de l'homme ; ici, il réfère seulement à son pouvoir d'agir. 3 - L'enjeu philosophique. »

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