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Qu'est-ce que l'idéologie ?

Publié le 28/03/2009

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L'idéologie est le système d'idées et de valeurs caractéristiques d'un groupe social donné.  Inventé par Destutt de Tracy, le terme n'a fait véritablement son entrée dans le vocabulaire philosophique qu'avec Karl Marx. Celui-ci définit l'idéologie comme le discours de l'illusion, par lequel une classe impose sa domination à l'ensemble de la société. A en croire nombre d'analystes et de théoriciens, les idéologies seraient aujourd'hui mortes ou moribondes: c'est peut-être en finir, cependant, un peu vite avec ce qui reste l'une des dimensions obligées de toute société.

 

 

« une série de questions sur la nature du phénomène ainsi décrit.Et tout d'abord, cette illusion que constitue l'idéologie, quelle en est la nature véritable? Consiste-t-elle en unemanœuvre machiavélique de la classe dominante pour imposer ses valeurs à l'ensemble de la société, en s'assurantle contrôle de tous les canaux de diffusion du savoir et des valeurs : école, Eglise, littérature? Est-elle à l'inverseune sorte d'« illusion généralisée » que partagent, en toute bonne foi, en toute sincérité, aussi bien ceux qui sontles victimes de cette mystification que ceux qui en sont les bénéficiaires et sont convaincus de tenir un discours devérité là où ils ne défendent en fait, et à leur insu, que les valeurs de leur classe? La réponse est sans doutedouble, tant le texte de Marx hésite entre ces deux images, et Patrick Tort a bien montré dans Marx et le problèmede l'idéologie qu'il y avait, chez Marx, non pas une théorie de l'idéologie mais deux théories en conflit.Autre question plus décisive encore: de quelle manière exacte les infrastructures agissent-elles sur lessuperstructures? S'agit-il d'une détermination entière et mécanique? Ou bien existe-t-il la possibilité d'une action enretour de l'idéologie sur le socle matériel qui constitue la société? Soulevée par Mao Zedong dans De lacontradiction, comme par Althusser dans Pour Marx, la question est d'importance car de la réponse qu'on lui apportedépend toute la stratégie révolutionnaire qui devra être adoptée.On le voit, la théorie marxiste de l'idéologie est loin d'être bouclée sur elle-même en une série rigoureuse decertitudes.

Elle laisse place à l'interprétation et à l'interrogation. D'autres définitions... La définition marxiste de l'idéologie, on vient de le voir, était essentiellement critique: elle présentait avant toutl'idéologie comme le discours — pervers ou innocent — de l'illusion.Mais, dans cette définition critique est loin de s'épuiser le problème total de l'idéologie et de ses sens multiples.

Onpeut chercher à saisir ce qu'est le phénomène idéologique indépendamment de tout jugement de valeur ou de touteambition polémique.

Dans cette perspective, on peut proposer d'autres définitions de l'idéologie qui, si elles sontmoins prestigieuses que celle de Marx, sont peut-être plus opératoires dans la perspective d'une appréhension largedu phénomène.Ainsi, avec l'anthropologue Louis Dumont (Essais sur l'individualisme), on pourra considérer, de manière très claire ettrès simple, que l'idéologie est «le système d'idées et de valeurs qui a cours dans un milieu social donné».

Lesociologue Jean Baechler, dans Qu'est-ce que l'idéologie?, préfère, lui, parler d'«un discours lié à l'action politique»ou encore d'«une formation discursive polémique, grâce à laquelle une passion cherche à réaliser une valeur parl'exercice du pouvoir dans une société».

L'intérêt pratique de cette définition est d'affirmer qu'il ne peut y avoird'idéologie que dans la conjonction de deux domaines souvent disjoints, celui du discours et celui du politique, celuides ambitions intellectuelles et des réalisations pratiques.

Ainsi, conformément à cette définition, ni uneconstruction philosophique sophistiquée mais sans impact dans le champ du politique, ni une pratique politique sansaucune dimension théorique pour venir l'orienter, ne peuvent mériter le nom d'idéologie.On pourrait multiplier les définitions.

Conservons pour la suite de notre présentation l'idée que l'idéologie est unsystème cohérent et organisé d'idées et de valeurs, caractéristique d'un groupe social donné dont il assure lacohésion.

Si l'on se situe dans une perspective plus strictement marxiste, l'on ajoutera que l'idéologie permetégalement l'exploitation des autres groupes qui constituent la société.

De manière particulièrement retorse d'ailleurs,puisque l'emprise de l'idéologie dominante sur les classes dominées (aujourd'hui surtout, grâce à la sophistication destechnologies de l'influence), peut aboutir à ce que les dominés désirent leur propre condition, et la justifient àtravers des discours empruntés à cette même idéologie dominante.Tout cela étant posé en gardant à l'esprit que, dans les lignes qui précèdent, on a moins cherché à proposer «la»définition ultime de l'idéologie qu'à faire sentir toute la difficulté du problème.

L'idéologie n'est pas une notioncohérente, c'est une notion fragmentaire particulièrement difficile à saisir.

Sans doute, d'ailleurs, parce qu'il n'y apas de définition non idéologique possible de l'idéologie. La crise des idéologies Le sentiment quasi général aujourd'hui est qu'on serait enfin rentré dans ce qu'il est convenu de nommer une criseidéologique ou un âge sans idéologie.

En 1955, dans L'Opium des Intellectuels, Raymond Aron en prédisait la venueavec un certain goût pour le paradoxe et la provocation.Il y aurait beaucoup à corriger de la prophétie de Raymond Aron.

Cependant, à ne considérer que l'Occident, lesannées 70 semblent avoir donné raison au «spectateur engagé» qu'il s'était voulu.

Avec la parution en France deL'Archipel du Goulag, on prit tout à coup conscience de ce que, pour reprendre le titre d'un ouvrage de Jean-MarieBenoist, Marx était mort et les «nouveaux philosophes » s'attachèrent à liquider son héritage.

Le dernier grandmessianisme historique s'écroulait au moment même où se défaisait la dernière des grandes synthèses intellectuellesde l'après-guerre, celle du structuralisme.

« L'ère du vide » s'ouvrait, nous découvrant les incertitudes duscepticisme politique et les plaisirs du narcissisme post-moderne.Comme souvent, le paradoxe d'hier est devenu le préjugé d'aujourd'hui: l'idée que nous vivrions le temps de la mortdes idéologies est devenu le plus répétitif des lieux communs.De ce décès, certains se désolent, se demandant quel peut être l'avenir d'un monde dans lequel les grandes causeset les grandes idées n'ont plus droit de cité.

L'essoufflement des mots en -isme nous condamnerait à une monotoneet interminable fin de l'histoire où plus rien ne nous resterait que la gestion d'un terne quotidien infiniment identiqueà lui-même.La plupart des commentateurs se réjouissent plutôt île la disparition des idéologies, partant de l'hypothèse quecelles-ci ne sont que l'autre nom du Mal.

Les discours idéologiques sont assimilés à de machiavéliques systèmesintellectuels qui enivrent les cœurs et troublent les esprits, nous faisant abandonner le contact avec la claire réalitépour nous mettre en quête de fantômes historiques.

L'âge de la fin des idéologies serait, dans cette perspective,. »

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