L'île des esclave, scène 6, Marivaux
Publié le 06/03/2012
Extrait du document
Explication :
Marivaux est un auteur du XVIIIe siècle. Il était très ami avec les comédiens Italiens, et il s’inspire des personnages de la Commedia dell’arte pour ses pièces. Il aime les mises en abîme et on trouve souvent des échanges maîtres/valets dans ses pièces, comme Le jeu de l’amour et du hasard et L’île des esclaves.
Sur l’île des esclaves, les maîtres deviennent des valets, et les valets des maîtres. Cet échange de rôle est caractéristique de l’esthétique de Marivaux.
Dans cette scène, les valets vont imiter une scène topique (cliché) des maîtres, c’est-à-dire une scène de séduction.
Pb : En quoi cette scène est-elle une parodie du langage amoureux ?
Nous allons voir dans une première partie qu’il s’agit bien d’un essaye de badinage amoureux de valets à la façon des maîtres ; et dans une seconde que cette tentative est ratée puisque leur attitude de valets les rattrapes.
«
« Il saute de joie » « Oh oh oh oh » (l.9) : Arlequin ne parvient plus à maîtriser ses émotions.
« (…) vous défigurez notre conversation » (l.10) : Le verbe « défigurer » montre qu’Arlequin
se démasque et redevient valet car il n’arrive plus à se maîtriser.
Cléanthis, elle, aurait bien voulu y croire, mais elle est déçue par le comportement
d’Arlequin qui n’a pas su se contenir.
C’est une situation vive, elle aurait voulu être séduite
mais il échoue.
« Oh ! Ce n’est rien, c’est que je m’applaudis » (l.11) : c’est une phrase binaire.
Avec la
première partie de la phrase « ce n’est rien » on pense qu’il va se rattraper ; mais avec la
deuxième partir, plus longue, de la phrase « c’est que je m’applaudis » , c’est une désillusion
et une déception pour Cléanthis.
Le verbe « applaudir » montre qu’il joue un personnage et
qu’il s’arrête parce qu’il est content de sa scène, même si il n’est pas du tout investi dans ce
rôle.
Cléanthis montre son mécontentement de manière injonctive, en lui donnant des ordres
(ex : « rayez ces applaudissements, ils nous dérangent » (l.12) Ici, le « nous » désigne tout le
monde, c’est-à-dire, Cléanthis, Arlequin et les spectateurs.
Lignes 12 à 15 : Elle essaye de rattraper les dérapages d’Arlequin et de rétablir un discours
amoureux par de longues phrases.
Elle parle à l’impératif car elle voit qu’Arlequin n’arrive
pas à rester sérieux.
Elle est supérieure à lui parce qu’elle veut être séduite, elle essaye de
maintenir le discours et dispense de continuer pour aller plus vite. « Je vous dispense de
compliments » (l.15)
« Et moi, je vous remercie de vos dispenses » (l.16) : Malheureusement, Arlequin s’enfonce
dans sa bêtise en la remerciant, ce qui la vexe.
Lignes 17/18 : Cléanthis essaye de l’empêcher de parler et d’anticiper ce qu’il pourrait dire
pour avoir son discours galant.
« Vous êtes aimable mais coquet, et vous ne persuaderez pas » (l.18) : Elle est déçue, elle lui
dit qu’il est galant mais pas très doué.
« Faut-il m’agenouiller(…) » (l.19) : Arlequin reprend un topos (cliché) galant mais il le rend
encore une fois comique en lui demandant s’il doit le faire.
« (…) vous ne persuaderez pas » (l.18) / « (…) pour vous convaincre (…) » (l.19) : On a une
opposition entre les attentes de Cléanthis et les intentions d’Arlequin, puisque elle veut être
persuadée, avec des sentiments ; alors que lui veut la convaincre, avec des arguments.
Lignes 21/22 : Cléanthis est énervée après Arlequin, car il fait une caricature de la
déclaration amoureuse.
La déception de Cléanthis rend la situation encore plus comique,
parce qu’on voit qu’elle s’attendait vraiment à être séduite.
Didascalie « Arlequin (riant à genoux) » : Il pousse la parodie de cette situation à l’extrême
en s’agenouillant mais en riant..
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