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L'imagination créatrice comme condition du bonheur ?

Publié le 08/02/2004

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Ce renoncement est la première cause de nos malheurs. La création artistique, royaume de l'imagination par excellence, me permet d'entrer dans un univers qui laisse libre cours à l'expression des désirs. Ce rôle consolateur de l'imagination avait déjà été bien perçu par Épicure. Il affirme ainsi dans la Lettre à Ménécée que le souvenir et l'image de plaisirs passés peuvent servir de remèdes et de consolation face à des maux présents (maladie, vieillesse). L'imagination, en tant que mémoire, permet de rendre présents, actuels, des biens que la réalité peut faire croire définitivement perdus.Une fois encore, c'est précisément parce que l'imagination contredit la réalité présente qu'elle constitue un remède au malheur de l'homme. La même propriété de l'imagination peut donc avoir des effets contraires : engendrer le malheur, ou inversement faire revenir le bonheur. L'imagination n'est donc pas, par essence, la cause d'un supposé malheur de l'homme. 3. L'imagination créatrice comme condition du bonheurA.


« La vie sociale, explique Freud dans Malaise dans la civilisation, nous contraintà renoncer à la pleine satisfaction de nos pulsions.

Ce renoncement est lapremière cause de nos malheurs.

La création artistique, royaume del'imagination par excellence, me permet d'entrer dans un univers qui laisselibre cours à l'expression des désirs. Ce rôle consolateur de l'imagination avait déjà été bien perçu par Épicure.

Ilaffirme ainsi dans la Lettre à Ménécée que le souvenir et l'image de plaisirspassés peuvent servir de remèdes et de consolation face à des mauxprésents (maladie, vieillesse).

L'imagination, en tant que mémoire, permet derendre présents, actuels, des biens que la réalité peut faire croiredéfinitivement perdus.Une fois encore, c'est précisément parce que l'imagination contredit la réalitéprésente qu'elle constitue un remède au malheur de l'homme.

La mêmepropriété de l'imagination peut donc avoir des effets contraires : engendrer lemalheur, ou inversement faire revenir le bonheur.

L'imagination n'est doncpas, par essence, la cause d'un supposé malheur de l'homme. 3.

L'imagination créatrice comme condition du bonheur A.

Imagination et projet Bien plus, l'imagination peut même apparaître comme la condition d'un bonheur de l'homme.

En effet, elle seule peutdonner à l'homme une image de son avenir, et le déterminer dans le présent à réaliser cette image.

Dès lors,l'imagination apparaît comme la condition d'un bonheur possible, c'est-à-dire d'un bonheur que l'on conçoit et quel'on s'efforce de réaliser.En ce sens, si l'homme n'imaginait pas, il serait incapable de dépasser la réalité présente : il ne pourrait faire aucunusage de sa liberté ; il ne pourrait se construire un avenir conformément à un projet.

Sartre affirme ainsi : « S'ilétait possible de concevoir un instant une conscience qui n'imaginerait pas, il faudrait la concevoir commetotalement engluée dans l'existence et sans possibilité de saisir autre chose que de l'existant.

» L'image est généralement pauvre, car elle est un monde en miniature, coupé du vrai monde.

Les éléments qui laconstituent tissent entre eux un nombre de rapports finis, à la différence du symbole qui aspire et tend vers leconcept.

De plus, l'image est irréelle, car "les objets n'existent quepour autant qu'on les pense".

Il s'ensuit que la perception d'une chose concrète et la visée par laquelle notreconscience s'y rapporte sont infiniment plus féconds que la conscience d'une simple image.

L'image se réduitstrictement à la conscience qu'on en a, alors que l'objet perçu déborde constamment la conscience.

Tout est donnédans l'image, il n'y a rien à en apprendre.

Dans sa transparence, elle est la certitude même.

Un objet imaginaire peutêtre pensé de trois manières : il est soit inexistant ; soit absent ; soit existant ailleurs.

C'est à chaque fois unenégation qui le constitue, et une négation de la réalité.

"Poser une image, c'est constituer un objet en marge de latotalité du réel, c'est donc tenir le réel à distance, s'en affranchir, en un mot : le nier." Cette mise à distancenécessaire à la constitution de l'image implique que la conscience soit libre par rapport au réel même.

La consciencereste inéluctablement dans le monde, mais elle est capable de le transcender par sa liberté ; cette transcendanceet ce dépassement ne peuvent se faire que par la négation.

Le néant ne peut être une image, mais l'acte denégation en est sa condition. B.

L'imagination créatrice Ce rôle fondamental de l'imagination dans la construction du projet fait apparaître la dimension créatrice del'imagination : dans l'accomplissement d'un projet, l'imagination construit la réalité et ne s'oppose plus à elle.À cet égard, le – supposé – malheur de l'homme dû à l'imagination n'est plus une donnée éternelle de la conditionhumaine.

Bien au contraire, l'imagination est ce qui permet de dépasser la réalité pour la reconstruire, en faveur d'unbonheur à venir.

Bergson, dans l'Énergie spirituelle, souligne bien cette dimension créatrice de l'imagination : tous lesinventeurs (mécaniciens, écrivains, peintres, musiciens...) construisent leurs inventions à partir d'un schéma del'imagination déterminé à l'avance.. »

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