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L'imagination n'est-elle personnelle ou collective ?

Publié le 14/09/2012

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D'autre part, elle n'a pas l'impersonnalité des autres facultés intellectuelles. La raison de cette différence, nous venons de la donner : c'est précisément que son objet est irréel; il est inventé par le sujet qui imagine et son irréalité est d'autant plus grande qu'il est davantage le produit de la seule imagination. Faute d'objet servant de repère, l'imagination est laissée à elle-même. Elle est essentiellement personnelle. Tout le contenu de ses constructions vient de la personne qui imagine...

« affectifs; tandis qu'en vous écrivant ma douleur je ne provoquerais dans votre sensibilité qu'un écho très infidèle de ce que j'éprouve, je puis susciter en vous une représentation assez exacte de ce que j'imagine et même vous faire partager mes rêves.

L'ima,gination est surtout personnelle en ce sens que ses œuvres portent notre marque, qu'on y trouve l'écho de tout ce que nous pensons et sentons, avons pensé et avons senti, qu'elles révèlent notre personnalité.

3.

Enfin, étant donné qu'elle est classée au nombre des facultPs intellec­ tuelles, l'imagination dont il s'agit ne se réduit pas à ce qu'on appelle l'imagination reproductrice, laquelle d'ailleurs n'existe pas à l'état pur.

C'est avant tout l'imagination créatrice ou inventive qu'on a en vue.

Sous sa forme reproductrice, l'imagination, qui n'est alors qu'une mémoire particulièrement ooncrète, présente bien quelques caractères personnels : la faculté de revoir concrètement le passé est fort variable et chacun le revoit à sa manière.

Mais, étant donné que cette sorte d'imagina­ tion ne fait que reproduire un passé objectif, elle est liée par celui-ci qui lui impose une impersonnalité foncière.

Voilà ce qui nous permettra de comprendre l'affirmation que nouR avons à examiner.

II.

- COMMENT LA COMPRENDRE.

Facultés personnelles et facultés impersonnelles.

Du point de vue qui nous intéresse ici, nous •pouvons diviser nos facultés en deux groupes : les facultés personnelles et les facultés impersonnelles.

Les facultés personnelles n'ont pas de normes objectives réglant leur activité, ou ces normes leur sont imposées de l'extérieur par des facultés impersonnelles.

Ainsi, dans le domaine affectif, on a beau dire à celui qui souffre qu'il n'a pas raison valable de souffrir, qu'un homme nol'mal, à sa place, supporterait allègrement ce qui l'accable : il n'en est pas moins effectif qu'il est accablé.

Mais il est des faüultés impersonnelles dont les opéTations sont soumises à des normes objectives.

Ainsi, je •puis bien aligner des syllogis­ mes, si je n'observe pas les règles codifiées par les logiciens, je ne raison­ nerai pas, mais déraisonnerai.

Si la justification de mes idées constitue un vrai raisonnement, c'est parce que je me conforme aux règles de la logique, lesquelles sont objectives, par suite valables pour tous et impersonnelles.

Les facultés intellectuelles sont essentiellement impersonnelles.

Leur rôle, en effet, est de nous faire connaître la vérité.

Or, la vérité est nécessairement une, la même pour tous, impersonnelle.

On dira peut-être que la •perception et la mémoire procèdent à de cons­ tantes sélections dans lesquelles se manifeste la personnalité de chacun.

Le fait est indiscutable; 'Cependant, à y regarder de près, il n'infirme pas le caractèrf' imp~ersonnel de ces facultés.

En regardant un paysage, par exemple, chacun se place à son point de vue : il le faut bien, car il est impossible de tout percevoir, de tout enregistrer et d'évoquer à la fois tout ce qui a été enregistré.

Mais, à moins que n'intervienne l'imagination, tout ce qui est sélectionné parce que plus intéressant est bien réel pour tous et, •par le fait même, impersonnel.. »

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