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L'imagination n'est-elle qu'une puissance trompeuse ?

Publié le 21/02/2004

Extrait du document

• Se méfier de l'opposition classique, et non dialectique, entre imaginaire et réel.  • Penser aux différents domaines où se déploie l'imagination (jeu, arts, science, etc.).  • Si l'on veut souligner les apports positifs de l'imagination, ne pas oublier d'en mentionner les critiques traditionnelles.

« dire plus secrètement une vérité autrement importante et profonde qui est celle de notre dignité.

La « tromperie »de l'imaginaire constituerait en quelque sorte un détour pour que nous soit dévoilée une vérité fondamentale.• Même si l'on n'admet pas cette interprétation kantienne, on peut reconnaître que l'œuvre d'art (par rapport àlaquelle la question de la vérité de la représentation n'a pas grand sens, en fait) possède au moins une portéecritique par rapport à la réalité quotidienne, ne serait-ce que dans la mesure où elle nous en propose une versiondifférente.

Les régimes totalitaires en semblent bien informés, qui lui retirent toute liberté pour lui imposer « leurvérité » : n'est-ce pas qu'ils devinent dans le discours artistique et dans les formes imaginaires qu'il propose d'autresvérités possibles (et non de simples tromperies) que celle qu'ils veulent imposer ?• Cette dimension « utopique » des œuvres se retrouve pleinement dans une autre catégorie de productionsimaginaires : les utopies politiques.

Qualifier ces dernières de simplement trompeuses, ce serait oublier que Platonconçoit la première, au terme d'une quête sur ce que pourrait être l'application de la vérité elle-même dans lapolitique.

Ce serait aussi méconnaître que toute construction utopique, qui s'affirme éloignée du « réel » dès sonappellation, ne manque pas d'avoir sur ce réel des effets, dès lors qu'elle suggère qu'il reste possible de l'organiserautrement.• Plus généralement, il est clair que tout programme politique envisageant quelque peu l'avenir d'une société estd'abord un produit de l'imagination, puisqu'il élabore une organisation qui a pour premier caractère d'être jusqu'à samise en pratique de l'ordre de l'absence...

Sans doute le programme politique, pour susciter l'adhésion, doit-ilparaître « réaliste », et donc applicable à court ou moyen terme, mais il lui est néanmoins nécessaire d'articuler desidées, des structures, des réglementations qui ont pour point commun de n'être pas (encore) là — ce qui est ladéfinition même de l'imaginaire.• Si on limite le réel ou le vrai à ce qui est là au présent, on voit que toute considération de l'avenir peut êtreaccusée de « tromperie ».

Un réel aussi étroitement défini, coupé de tout avenir, a peu de chances d'êtrepassionnant, ou de pouvoir se prolonger.

En fait, la conscience de l'homme (ne parlons plus même de l'artiste ou dupolitique) n'en finit pas d'échapper au présent et à l'immédiatement vérifiable.

Cette capacité à envisager l'avenir, lepas encore là, est même, à en croire par exemple Marx, ce qui la caractérise en tant qu'humaine, puisque c'est elle qui rend possible l'élaboration du projet, même le plus modeste, qui dirigel'activité laborieuse.

Ainsi l'imagination intervient-elle en permanence dans lequotidien : à peine suis-je en un lieu que je m'imagine dans le suivant ; et sije travaille aujourd'hui, c'est pour réaliser ce que j'imagine comme mon avenirpossible.• Cette présence de l'imagination dans toutes les tâches se vérifie aisémentjusque dans les démarches intellectuelles les plus orientées vers la recherchede la vérité, c'est-à-dire dans les sciences elles-mêmes.

Baudelaire affirmaitque « l'imagination est la plus scientifique des facultés » — suggérant qu'ellepossède une logique qui peut avoir quelques points communs avec celle duscientifique.

Et lorsque Claude Bernard analyse le raisonnement expérimental,ne définit-il pas l'hypothèse comme une « explication anticipée » ? Orl'anticipation est d'abord un produit de l'imagination, scientifique enl'occurrence, c'est-à-dire armée de connaissances antérieures et dirigée parce que lui suggère l'observation.

Le scientifique qui conçoit les étapes de sarecherche future, Je technicien qui prévoit un montage, le chercheur quitente d'anticiper les résultats d'une expérience prennent appui, de façonconstante, sur l'imagination — dans la mesure où cette dernière donne à lapensée une souplesse lui permettant de formuler ses hypothèses et d'articulerde façon inédite ses concepts.

Sans doute dans ces cas l'imagination nedonne-t-elle pas directement des vérités : elle en prépare l'accès ; mais enson absence, on voit mal comment elles pourraient être découvertes.• Qualifier l'imagination de nécessairement trompeuse, c'est n'en considérer que certains aspects, finalementmineurs.

On doit au contraire reconnaître dans l'imagination « la reine des facultés », car c'est grâce à elle quetoute pensée (qu'elle soit ludique, politique, artistique, scientifique ou quotidienne) effectue un décrochage parrapport au donné immédiat qui constitue le caractère fondamental de l'humanité.

Au point qu'il ne serait peut-êtrepas excessif d'affirmer qu'entre l'imagination et la réflexion, la différence est mince... Lectures • Bachelard, La Flamme d'une chandelle.• Francastel, L'Image, la vision et l'imagination.. »

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