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L'imagination est-elle le refuge de la liberté ?

Publié le 05/03/2004

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a) Un constat : La pensée philosophie rationaliste, inspirée par Descartes, nous a fait longtemps tenir en suspicion l'imagination, considérée non seulement comme maîtresse d'erreur et de fausseté, mais encore comme relativement pauvre : « Comme les bornes de notre imagination sont fort courtes et fort étroites, écrit Descartes, au lieu que notre esprit n'en a presque point, il y a peu de choses, mêmes corporelles, que nous puissions imaginer, bien que nous soyons capables de les concevoir. « b) Toutefois, nous pouvons nous demander si un tel jugement dépréciant l'imagination ne doit pas être révisé, notamment en nous demandant si cette « folle du logis «, comme l'appelait Malebranche, n'est pas en réalité le refuge de la liberté.
   * [L'imagination est une pure création de l'esprit. Elle n'obéit qu'à ses propres règles. Elle n'est soumise à aucune contrainte extérieure. L'homme n'est jamais autant libre que lorsqu'il imagine.]   * [L'imagination appartient autant à l'homme librequ'à celui qui est emprisonné. Elle n'est donc pas un refuge, mais une illusion. Être libre, c'est pouvoir parler, se mouvoir, agir sur le monde.]


« comme désignant l'apparat) par lequel les magistrats, les médecins, les savants (les « docteurs ») en imposent est-il mensonger puisqu'il masque l'absence d'une véritable science.

Néanmoins, en ce qui concerne plus particulièrementla justice, Pascal considère que la raison est incapable de nous en assurer.

Vouloir substituer l'autorité de la raison à celle de la justice, c'est livrer la société à des conflits violents.

Il estimera préférable le mensonge qu'accréditel'imagination à cette violence.

(cf.

Pensée 60 ). 3) Lorsqu'on affirme que l'imagination est trompeuse, il se peut d'ailleurs que nous l'accusions à tort.

Est-cel'imagination qui peuple certaines nuits de monstres ou bien plutôt l'angoisse et la peur? Est-ce l'imagination quiporte à rêver des romans ou des désirs inassouvis? Les fantasmes ne sont-ils pas, plutôt que des productions del'imagination, des images déformées par quelque désir déréglé? On peut penser que l'imagination n'est pasresponsable de ces dérèglements. 4) Plus radicalement, en ce qui concerne l'aptitude de l'imagination à faire apparaître les choses autrement qu'ellesne sont, il faut faire justice des vieux arguments sceptiques relatifs aux apparences.

L'image qui se forme pour nousd'un bâton à demi-plongé dans l'eau est fonction de la réfraction des rayons lumineux, celle que nous avons dusoleil, qu'un doigt suffit à occulter, de la distance de la terre au soleil.

Savoir la réfraction, c'est comprendre que lebâton à demi-immergé ne saurait nous apparaître autrement et que l'image que nous en formons est une image duphénomène de réfraction.

De même, la distance d'un objet et sa taille étant données, sa grandeur apparentedépends nécessairement de l'angle sous lequel nous le voyons.

Les apparences ne sont pas trompeuses: elles sontau contraire fondées dans la nature des choses.

L'imagination ne nous trompe pas; c'est nous, qui nous trompons. 5) SARTRE : l'imagination, manifestation de la libertéPour Sartre, « l'imagination est une condition essentielle et transcendantalede la conscience.

Il est aussi absurde de concevoir une conscience quin'imaginerait pas que de concevoir une conscience qui ne pourrait effectuer lecogito ».

Conscience réalisante et conscience imageante sont indissociables.L'imagination est la fonction irréalisante de la conscience.

En effet, lorsque jeperçois un objet réel, je le perçois comme élément d'un ensemble qui est laréalité totale.

Même si je concentre mon attention sur lui, je le saisis commeprésent et en continuité avec les autres objets réels, eux-mêmes présents,c'est-à-dire avec le monde.

En revanche, quand j'imagine ce même objet, jel'isole des autres et le saisis comme absent.

Certes, je sais que cet objetexiste réellement, mais en tant que je l'imagine, je le vise là où il ne m'est pasdonné.

Dès lors je le saisis « comme un néant pour moi ».

Ainsi donc imaginerest un acte négatif : c'est poser une thèse d'irréalité, à savoir simultanémentisoler et anéantir un objet.

Mais poser l'objet comme un néant par rapport aumonde, c'est la même chose que poser le monde comme un néant par rapportà l'image.

Car « poser une image c'est constituer un objet en marge du réel,c'est donc tenir le réel à distance, s'en affranchir, en un mot le nier ».L'imagination permet donc de se détacher du monde, de le dépasser : sanselle, la conscience serait « engluée dans l'existant ».

C'est pourquoil'imagination est liberté. « Rien n'est plus libre que l'imagination humaine; bien qu'elle ne puisse déborder le stock primitif des idées fourniespar les sens externes et internes, elle a un pouvoir illimité de mêler, composer, séparer et diviser ces idées danstoutes les variétés de la fiction et de la rêverie.

» Hume, Enquête sur l'entendement humain, 1748. « Par l'imagination nous abandonnons le cours ordinaire des choses.

[...] Imaginer c'est s'absenter, c'est s'élancervers une vie nouvelle.

» Bachelard, L'Air et les Songes, 1943. « Grâce à l'imaginaire, l'imagination est essentiellementouverte, évasive.

Elle est dans le psychisme humain l'expérience même de l'ouverture, l'expérience même de lanouveauté.

» Bachelard, L'Air et les Songes, 1943. « L'imagination [...], c'est la conscience tout entière en tant qu'elle réalise sa liberté.

» Sartre, L'Imaginaire,. »

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