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L'inconscient est-il démontrable ?

Publié le 08/02/2010

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La notion d’inconscient suppose en partie l’invention de la notion de conscience comme concept philosophique. Cette dernière intervient dans l’Essai de Locke (1690). Mais à vrai dire, les linéaments en sont posés avec l’invention cartésienne de la subjectivité moderne. Pour Descartes, il n’y a de pensées que conscientes, ainsi d’ailleurs se définissent les idées (présence à l’esprit sur le mode de la certitude immédiate). Et c’est précisément contre une telle conception de la pensée que s’érige par la suite Leibniz (Nouveaux essais, Monadologie). Pour Liebniz en effet, la pensée est une force, un principe dynamique fait de variations d’intensité. Ces variations produisent ce qui est perçu comme qualités. Et les qualités précisément varient dans une mesure infinie (ou infinitésimale) et imperceptible, afin de restituer la texture nuancée et continue du réel. C’est dans ce contexte qu’apparaît le concept moderne d’inconscient : il est la variation d’intensité imperceptible de la pensée – pour  Leibniz, l’imperceptible de la perception est l’inconscient. Serait-ce donc à dire que l’inconscient est pour autant démontré ?

  • I. Science et connaissance positive de l’inconscient
  • II. Preuve et démonstration de l’inconscient

 

« apparaît en conséquence comme le symptôme de l'existence réelle et effective de l'inconscient psychologique.

Lapsychanalyse intervient ici alors sur le mode d'une symptomatologie.

Elle a pour fonction le décryptage, ou ledécodage des manifestations patentes de l'inconscient pour en évaluer et en déterminer le contenu latent (commec'est le cas du rêve).

Ainsi avec Freud la structuration interne du psychisme du sujet peut se concevoir commel'articulation de trois complexes (inconscient – préconscient – conscience) dont la transition est assurée selon unfiltrage progressif par l'autorité du surmoi.

Et vouloir connaître les manifestations de l'inconscient consiste à lesdécoder comme on le fait d'un langage.

Par là, ces dernières peuvent être assimilées au fonctionnement d'unlangage (Lacan), organisé en structures hiérarchisées selon un ordre de différences caractéristiques, arbitrairementarticulées comme l'est le signe développé par le structuralisme saussurien.

Connaître l'inconscient passe donc par ledécryptage des figures de style, quasi linguistiques (le rêve procède selon la Traumdeutung à des manipulations de signifiance pensables en termes métaphoriques de déplacement et métonymiques de condensation), propres à sesmanifestations réelles.

L'inconscient se démontrerait ainsi précisément en vertu de la positivité de sa manifestationempirique.

II.

Preuve et démonstration de l'inconscient Ainsi que nous l'avons établi, l'existence de l'inconscient comme fait se prouve de manière indirecte.

Et sansl'hypothèse de l'inconscient, le domaine rêve, par exemple, reste opaque et réfractaire à toute interprétation dont lafinalité consiste en la constitution d'un savoir.

Sans inconscient, pas de savoir psychanalytique ; pas depsychanalyse comme science.

Comme tel, il n'est que principe épistémique transcendantal, et non démonstrationpar le fait, dans les faits, ou encore, preuve empirique.

Si l'inconscient n'est à ce stade qu'un postulat dont lavalidation factuelle ou empirique présuppose la position et l'acceptation, il importe d'en signaler l'insuffisance àl'endroit des exigences et critères de la démonstration.

La notion de démonstration et ses théories s'élaborent avecprécision dans la postérité du tournant formaliste de la logique à la fin du 19 e (Frege, Russell, ainsi que les formalismes axiomatiques visant à la fondation de l'arithmétique).

Elle peut se définir comme suit : la démonstrationest le propre d'une théorie ; une théorie est en ensemble fini d'énoncés ou formules engendrés à partir d'un lexiquedéfini (terminologie) et de règles de déduction déterminées.

Démontrer consiste ainsi à dériver à partir de principeshypothèses des conclusions en fonction de l'application de règles logiques strictes.

En ce sens l'inconscient, en tantqu'il se présuppose lui-même au principe de sa démonstration, c'est-à-dire doit être posé pour pouvoir être prouvé,n'est en aucun cas qualifiable de scientifiquement démontré.

Il est un principe transcendant(al) auto-fondé, unpostulat dogmatique impuissant à intégrer la réalité factuelle empirique sans avoir au préalable exigée lareconnaissance de son existence.

La théorie qui peut seule en découler est donc circulaire, et fonctionne en vaseclos comme un système complet.

Il est, en tant que tel, proprement infalsifiable – ce qui est le critère de la non-scientificité… * Conclusions L'inconscient n'a que le statut d'une hypothèse théorique.

Jamais il n'est vérifiable, mais toujours ne reste qu'unprincipe explicatif (dont la fonction heuristique est cependant certainement impressionnante).

L'inconscient, sonexistence, ne dépasse jamais le stade épistémologique du postulat – simplement parce qu'il se définit sur le modeprivatif.

Et comme tel, il est discréditable parce qu'infalsifiable : il s'auto-implique, dans sa démonstration, en tantqu'hypothèse.

Sa validation ne peut être indépendante de sa postulation préalable.

C'est un type de discours quePopper ( La structure des révolutions scientifiques ) qualifie d'idéologie ; jamais la psychanalyse ne pourra prétendre au titre de science.. »

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