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L'inconscient est-il structuré comme un langage ?

Publié le 08/03/2004

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L'inconscient, dit Lacan, c'est le « discours de l'Autre ». Pour Lacan, il y a une suprématie de la parole et du signifiant. L'ordre symbolique est constitutif du sujet. Autrement dit, le signifiant habite l'homme et celui-ci ne constitue pas mais s'insère dans son ordre. D'autre part, ce n'est qu'en tant qu'il est insère dans cet ordre que l'homme existe. L'inconscient est soumis à des lois Lacan est persuadé que l'on peut établir des règles pour l'inconscient, tout comme la linguistique l'a fait pour les langues naturelles. Se désintéressant de plus en plus de la fonction thérapeutique de la psychanalyse, il va s'efforcer de découvrir ces lois. Vers la fin de sa vie, il tentera même d'élaborer une formalisation mathématique de l'inconscient. L'hypothèse de l'inconscient ne redistribue pas seulement les cartes dans le domaine des passions. Des phénomènes décrits et expliqués de façon éclairante par la psychanalyse permettent aussi d'envisager l'existence d'une forme de discours inconscient.
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« Enfin, toutes les perturbations du langage normal sont des indices qui renvoient au fonctionnement de l'autre langage.

Lapsus, oublistraduisent à leur manière une perturbation dans la chaîne de l'inconscient; ainsi de l'oubli d'un mot: à la place du rapport normal signifiant/signifié surgit un autre signifiant qui symbolise le refoulement d'un signifié interdit ou allusif.

De même, le lapsus montre qu'un intrusapparaît dans la chaîne signifiante et traduit-trahit un voeu, un conflit, une angoisse; le jeu dans le langage permet de découvrir unefissure révélant l'inconscient.

S'il y a un plaisir des jeux de mots, l'expression est à comprendre à la lettre: le jeu avec les mots procure duplaisir parce que, enfants, nous avons eu la liberté de jouer avec les mots et d'en jouir.

Il y a donc dans le jeu de mots, comme du restedans le fantasme ou l'oeuvre de fiction, une manière de rejouer, de répéter et de travestir des jouissances perdues.L'adulte civilisé ne connaît plus guère que deux lieux où souffle encore la liberté du non-sens, où les interdits que la logique nous infligepeuvent être levés et où l'inconscient vient tirer les ficelles du langage: l'humour et l'art.Aussi le rapport thérapeutique est-il d'emblée un rapport de dialogue entre l'analysé et l'analysant: il commence par le silence, ce point oùla parole bute, il se termine lorsque, au-delà de la relation transférentielle, un sujet a reconquis la possibilité de s'adresser à d'autressujets au sein du langage considéré comme constituant.

Selon l'expression de Lacan: "le sujet commence l'analyse en parlant de lui sansvous parler à vous ou en parlant à vous sans parler de lui.

Quant il pourra vous parler de lui, l'analyse sera terminée".Langage travesti, dissimulé dans la véhémence du discours, Freud rencontre la difficile question du symbole.Le terme de symbolique (utilisé par Lacan à la suite de Levi-Strauss) tend à désigner l'ordre humain du langage inhérent à la culture.L'activité langagière est essentiellement symbolique, c'est-à-dire exprimant et constituant la réalité par des mots, des symboles.

Aussi, lesujet humain s'insère dans un ordre pré-établi.Toutefois, Freud se refusera à l'élaboration d'une symbolique universelle (qui conduira chez Jung à la théorie d'un inconscient collectifsupra-sensible avec sa théorie des "archétypes".

Il en restera à une thèse nuancée.

[] L'inconscient, c'est l'émotionCertains psychanalystes, comme André Green, ont judicieusement critiqué les théories de Freud et surtout de Lacan.

Selon Green, l'erreurprincipale de Lacan a été d'ignorer le rôle de l'affect et de la représentation (l'image) dans la «composition» de l'inconscient.

Plutôt qu'unechaîne de mots sans sujet ou le « discours de l'Autre », l'inconscient doit être vu comme un «réservoir» d'émotions et d'imagesinconscientes. On lira avec intérêt cet article:http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Green#De_l.E2.80.99affect_.C3.A0_la_limite_dans_les_structures_cliniques_chez_Andr.C3.A9_Green La psychanalyse comme thérapeutique des névrosesLacan prétend effectuer un «retour à Freud».

En fait, contrairement à l'intention de ce dernier, qui voyait avant tout dans cette discipline unepratique thérapeutique (ayant certes des implications philosophiques), Lacan s'est tourné de plus en plus vers une spéculation abstraite,une sorte de logorrhée coupée de la réalité humaine.

Il est absurde, pour un psychanalyste, de vouloir réduire l'inconscient à des modèlesmathématiques ou mathèmes.La psychanalyse est une théorie et une thérapeutique des névroses, cad des troubles de l'équilibre psychique et de l'affectivité : angoisse,obsessions, phobies…Dans notre texte, Freud affirme « C'est que l'être humain tombe malade en raison du conflit entre les revendications de la vie pulsionnelleet la résistance qui s'élève en lui contre elles ».

La maladie provient d'un conflit entre les normes « éthiques, esthétiques et sociales » etdes désirs qui « semblent remonter d'un véritable enfer ».Or ces désirs censurés ne sont pas plus conscients que la censure elle-même.

Le malade subit donc un combat interne dont il n'a ni lamaîtrise, ni la connaissance : « La psychanalyse entreprend d'élucider ces cas morbides inquiétants, elle organise de longues etminutieuses recherches, elle se forge des notions de secours et des constructions scientifiques et, finalement peut dire au moi : « il n'y arien d'étranger qui se soit introduit en toi, c'est une part de ta propre vie psychique qui s'est soustraite à ta conscience et à la maîtrise deton vouloir.

»En quoi consiste alors le traitement ? A traduire l'inconscient en conscient : « On ne prête pas assez attention dans cette affaire à un pointessentiel, à savoir que le conflit pathogène des névrosés n'est pas comparable à une lutte normale que des tendances psychiques selivrent sur le même terrain […] Il y a lutte entre des forces dont quelques-unes ont atteint la phase du […] conscient, tandis que les autresn'ont pas dépassé la limite de l'inconscient.

C'est pourquoi le conflit ne peut aboutir que lorsque les deux se retrouvent sur le mêmeterrain.

Et je crois que la seule tâche de la thérapeutique consiste à rendre cette rencontre possible.

» (« Introduction à la psychanalyse »). Il n'y a pas de lois de l'inconscientFreud cite quelques exemples de processus par lesquels les phénomènes inconscients sont «traduits».

Le déplacement (une émotion estattribuée à une autre cause) ou la condensation (plusieurs fantasmes sont condensés dans une seule image) comptent parmi cesmécanismes.

De là à vouloir établir des lois infaillibles, il y a un fossé que Freud ne franchit pas.

L'interprétation de l'inconscient esttoujours problématique et dépend toujours de l'histoire personnelle du patient.Autrement dit, la cure n'a d'autre but que de remplacer chez le patient le ça, l'inconscient, par la conscience.

De favoriser le jugement et lechoix et d'éliminer un conflit vécu mais ni connu ni maîtrisé.

Le psychanalyste n'a donc pas à trancher le conflit à la place de son patient, nià transformer celui-ci.

A l'inverse, il doit permettre à ce dernier sa propre reprise en main.

Là où le patient était un individu scindé, déchiréentre conscience et inconscient , la cure devrait favoriser une réunification du sujet à partir de ses traumatismes personnels. [] Si l'on considère que les angoisses et les désirs inconscients s'expriment symboliquement au travers d'images, de.

symptômes, d'actesmanques, de rêves et que ceux-ci communiquent un sens précis que la psychanalyse peut tenter d'interpréter, alors, oui, l'inconscient est,au sens large, un langage.

Mais tenter de le réduire, comme Lacan, à un discours, à une suite de mots et de phrases qui sortiraientmystérieusement de notre «ça» comme d'une instance impersonnelle, ou en tout cas qui ne serait pas le sujet conscient, cela relève toutsimplement du pittoresque.

Il convient de replacer ici la théorie lacanienne dans la mode du structuralisme, qui voulait à tout prix«dissoudre le sujet» et voir dans les activités humaines, du langage à l'art, l'émanation de «structures profondes» impersonnelles faceauxquelles les vieilles notions de liberté, de volonté, de personnalité, héritées des Lumières, devenaient illusoires.. »

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