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L'influence de Voltaire. L'oeuvre de Voltaire exeree-t-elle encore quelque influence sur les lettres françaises? Est-ce heureux pour elles ?

Publié le 17/02/2012

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voltaire

Avant de mourir, Voltaire put assister à sa propre apothéose : ses contemporains n'avaient guère pour lui que de l'admiration; son nom était sur toutes les lèvres, et ses ouvrages dans toutes les mains. Arouet était vraiment le Roi Voltaire.

Cent cinquante années nous séparent de cette mort, et à mesure que Voltaire s'enfonce dans le passé, son influence diminue sur les écrivains : philosophes, historiens, auteurs dramatiques, poètes. La seconde moitié du xixe siècle, le premier tiers du XXe ont été sévères pour l'irrévérencieux moqueur dont le prestige s'évanouit. Est-ce un bien pour notre littérature d'avoir échappé à son influence? Nous tâcherons de répondre à cette question après avoir appuyé sur des preuves l'affîrmation précédente.

voltaire

« ces lignes odieuses : « Je n'ai point d'illusion sur les hommes; et, pour ne les point hair, je les meprise...

je les meprise tendrement; mais ils ne m'en saveut point gre.

Its veulent etre hais.

On les fache quand on leur montre le plus doux, le plus indulgent, le plus charitable, le plus gracieux, le plus humain des sentiments qu'ils puissent inspirer, le mepris.

Pourtant le mepris mutuel, c'est la paix sur terre. Si l'influence religieuse et philosophique de Voltaire est, de nos jours, peu pres nulle, l'histoire du moins, lui sait-elle gre de l'avoir orientee en des voies nouvelles? Car on fait grand cas, dans les manuels litteraires, des inno- vations de l'historien.

Nous devons reconnaitre qu'en ce domaine it n'a pas laisse non plus des traces bien praondes.

En tant qu'ceuvre d'erudition, l'histoire tient ses methodes de Port-Royal, des Benedictins de Saint-Maur, des Oratoriens et de la science moderne, mais nullement de Voltaire.

L'auteur de Charles XII et du Siècle de Louis XIV crie tres haut les laborieuses recherches auxquelles it a du se livrer : quand ses haines antireligieuses ne sont pas en cause, it est assez consciencieux; s'agit- il du christianisme, ii ment avec une impudence qui &passe tout.

Au xixe siècle, ni Thierry, ni Guizot, ni Taine, ni aucun des historiens serieux ne s'est reclame du patronage de Voltaire.

Ses admirateurs pretendent qu'il est le pere de la critique moderne, sans - doute, it accepte moins nalvement que le bon Rollin le premier temoignage venu; it est plus defiant.

Mais l'histoire scientifique ne lui doit a peu pres rien.

C'est du moins ce que Renan declarait des 1865 : « Voltaire n'est pas plus un savant et un critique qu'un philosophe et un artiste : c'est un homme de guerre.

On ne fait pas de bonne science, pas plus qu'on ne fait de grand art, avec la polemique.

Ce qu'elle poursuit, ce n'est pas la verite, c'est la victoire.

Quand on veut vaincre a tout prix, on ne regarde pas beaucoup A la qualite des arguments...

Je ne dis pas qu'au milieu de ce verbiage, etince- lant d'esprit, qui remplit le Dictionnaire philosophique et l'Essai sur les Mceurs, it n'y ait des details traites avec bon sens; mais rien n'est &dull de maniere savante; les questions sont mal posses; ce sont des A-peu-pres de conversation, des vues rapider hasardees, jamais fondees sur de solides re- cherches...

3 Voltaire a eu toutes les defiances, sauf la defiance de soi-meme, la premiere que doit posseder tout vrai critique.

En tant qu'ceuvre de patriotisme, Phistoire a repudie les doctrines de Voltaire, insulteur de Jeanne d'Arc, denigrateur de la France, apologiste d'une Angleterre libre-penseuse et francophobe, vii courtisan du vainqueur de Rosbach, adulateur ehonte de Catherine II.

Voltaire est un sans-patrie.

Or, si « le bon historien, selon Fenelon, ne doit etre d'aucun temps ni d'aucun pays 3, it peut, ii doit se souvenir qu'il a une patrie, et l'on trouve legitime qu'il ne loue pas avec un meme enthousiasme « Talbot et du Guesclin 3.

Il presente, a un degre rare, quelques-unes des qualites du style historique : clarte, rapidite, natures; mais it lui manque - grave lacune - Pelevation et la serenite.

A cet egard encore it a cesse d'être considers comme un modele. Voltaire, qui, volontiers, posait au revolutionnaire et it l'iconoclaste, s'est montre - en depit de ses pretentions - d'un gout etroit, d'un traditionalisme timore en matiere de poesie.

Dans ce domaine son influence ne pouvait se prolonger. La Henriade, regardee encore au debut du xixe siecle comme le chef- d'ceuvre du genre en France, n'a ete pour rien dans le renouvellement de l'epopee.

Ni Jocelyn, ni In Legende des Siecles, ni les Poemes Barbares, ni les Trophees ne doivent rien A Voltaire.

Et si quelqu'un de nos jours, s'avisait de celebrer en vers Saint Louis, Jeanne d'Arc ou les heros de la grande guerre, ce n'est pas lui qu'il prendrait pour modele.

Mediocre auteur tragique, it n'a guere inspire au xixe siècle que les pales ecrivains qui defrayerent la scene sous le premier Empire : paix a leurs cendres! Il a, dit-on, fourni A Victor Hugo la conception du drame histarique A coup sur, le style dramatique de Hugo ne vient pas de Voltaire; or ce style est ce par quoi Hernani et Ray Blas ont echappe a un rapide outwit ces lignes odieuses : « Je n'ai point d'illusion sur les hommes; et, pour ne les point haïr, je les méprise...

je les méprise tendrement; mais ils ne m'en savent point gré.

Ils veulent être haïs.

On les fâche quand on leur montre le plus doux, le plus indulgent, le plus charitable, le plus gracieux, le plus humain des sentiments qu'ils puissent inspirer, le mépris. Pourtant le mépris mutuel, c'est la paix sur terre. » Si l'influence religieuse et philosophique de Voltaire est, de nos jours, à peu près nulle, l'histoire du moins, lui sait-elle gré de l'avoir orientée en des voies nouvelles? Car on fait grand cas, dans les manuels littéraires, des inno­ vations de l'historien. Nous devons reconnaître qu'en ce domaine il n'a pas laissé non plus des traces bien profondes.

En tant qu'œuvre d'érudition, l'histoire tient ses méthodes de Port-Royal, des Bénédictins de Saint-Maur, des Oratoriens et de la science moderne, mais nullement de Voltaire.

L'auteur de Charles XII et du Siècle de Louis XIV crie très haut les laborieuses recherches auxquelles il a dû se livrer : quand ses haines antireligieuses ne sont pas en cause, il est assez consciencieux; s'agit- il du christianisme, il ment avec une impudence qui dépasse tout. Au xix e siècle, ni Thierry, ni Guizot, ni Taine, ni aucun des historiens sérieux ne s'est réclamé du patronage de Voltaire.

Ses admirateurs prétendent qu'il est le père de la critique moderne, sans doute, il accepte moins naïvement que le non Rollin le premier témoignage venu; il est plus défiant. Mais l'histoire scientifique ne lui doit à peu près rien. C'est du moins ce que Renan déclarait dès 1865 : « Voltaire n'est pas plus un savant et un critique qu'un philosophe et un artiste : c'est un homme de guerre. On ne fait pas de Bonne science, pas plus qu'on ne fait de grand art, avec la polémique.

Ce qu'elle poursuit, ce n'est pas la vérité, c'est la victoire. Quand on veut vaincre à tout prix, on ne regarde pas beaucoup à la qualité des arguments... Je ne dis pas qu'au milieu de ce verbiage, étince- iant d'esprit, qui remplit le Dictionnaire philosophique et Y Essai sur les Mœurs, il n'y ait des détails traités avec bon sens; mais rien n'est déduit de manière savante; les questions sont mal posées; ce sont des à-peu-près de conversation, des vues rapides hasardées, jamais fondées sur de solides re­ cherches... » Voltaire a eu toutes les défiances, sauf la défiance de soi-même, la première que doit posséder tout vrai critique.

En tant qu'œuvre de patriotisme, l'histoire a répudié les doctrines de Voltaire, insulteur de Jeanne d'Arc, dénigrateur de la France, apologiste d'une Angleterre libre-penseuse et francophobe, vil courtisan du vainqueur de Rosbach, adulateur éhonté de Catherine II.

Voltaire est un sans-patrie. Or, si « le bon historien, selon Fénelon, ne doit être d'aucun temps ni d'aucun pays », il peut, il doit se souvenir qu'il a une patrie, et l'on trouve légitime qu'il ne loue pas avec un même enthousiasme « Talbot et du Guesclin ».

Il présente, a un degré rare, quelques-unes des qualités du style historique : clarté, rapidité, naturel;,mais il lui manque — grave lacune — l'élévation et la sérénité.

A cet égard encore il a cessé d'être considéré comme un modèle.

Voltaire, qui, volontiers, posait au révolutionnaire et à l'iconoclaste, s'est montré — en dépit de ses prétentions — d'un goût étroit, d'un traditionalisme timoré en matière de poésie. Dans ce domaine son influence ne pouvait se prolonger.

La Henriade, regardée encore au début du xixe siècle comme le chef- d'œuvre du genre en France, n'a été pour rien dans le renouvellement de l'épopée.

Ni Jocelyn, ni la Légende des Siècles, ni les Poèmes Barbares, ni les Trophées ne doivent rien à Voltaire. Et si quelqu'un de nos jours, s'avisait de célébrer en vers Saint Louis, Jeanne d'Arc ou les héros de la grande guerre, ce n'est pas lui qu'il prendrait pour modèle.

Médiocre auteur tragique, il n'a guère inspiré au xixe siècle que les pâles écrivains qui défrayèrent la scène sous le premier Empire : paix à leurs cendres! Il a, dit-on, fourni à Victor Hugo la conception du drame historique : à coup sûr, le style dramatique de Hugo ne vient pas de Voltaire; or ce style est ce par quoi Hernani et Ray Blas ont échappé à un rapide oubli.. »

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