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L'insociable sociabilité est-elle toujours source d'harmonie sociale ?

Publié le 23/12/2009

Extrait du document

« Le moyen dont la nature se sert pour mener à bien le développement de toutes ses dispositions est leur antagonisme au sein de la Société, pour autant que cet antagonisme finira pourtant par être la cause d'un ordre réglé par des lois. J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est toutefois doublée d'une répulsion générale à le faire menaçant sans cesse de dissoudre cette société. Une telle disposition est très manifeste dans la nature humaine. «

(Emmanuel Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, 1784).

« l'homme.

Privilégier l'une au profit de l'autre nous entraîne donc nécessairement à produire une histoire qui a lestatut de fiction mais ne rend pas compte de la manière dont les hommes évoluent effectivement.

D'autant plus quenotre élection d'une tendance supérieure à l'autre ne peut qu'être arbitraire.

Elle donne donc lieu à différentesconceptions de l'histoire toutes aussi injustifiables les unes que les autres: pourquoi la sociabilité l'emporterait-ellefinalement sur l'insociabilité ou vice versa? Une étude sérieuse de l'histoire nous impose de prendre pour fondementles hommes tels qu'ils sont, c'est-à-dire dans leur insociable sociabilité.

L'insociable sociabilité nous permet-elle alorsde penser une quelconque évolution historique? II) L'insociable sociabilité peut être le moteur de l'histoire: - Peut-on déterminer une orientation durable, susceptible de nous donner un principe d'intelligibilité de l'histoire, enassumer la tension propre à l'insociable sociabilité? C'est en tout cas la tentative de Kant dans son Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique .

Tout d'abord, il montre que la stagnation n'est pas du côté de l'insociable sociabilité, comme nous l'avions déduit des principes de dynamique, mais au contraire d'une sociabilitésans nuance.

En effet, comme il l'affirme dans la quatrième proposition de cet opuscule, si les hommes étaientabsolument sociables, ils vivraient comme des « bergers d'Arcadie »: dans un contentement et un amour parfait,rien ne pousseraient les hommes à lutter contre leur penchant à la paresse, aucun perfectionnement et aucunecréation ne serait donc envisageable.

Dans cette situation, les hommes n'auraient pas d'histoire: ils entretiendraientun état de béatitude intemporel.

A l'inverse, nous pourrions ajouter que si les hommes étaient absolumentinsociables ils se contenteraient de vivre de manière disperser, sans que rien ne puisse jamais faire évoluer cet étatd'isolement.

La réunion de ces deux tendances semble donc nécessaire à la mise en place d'une historicité. - Pour la penser nous pouvons reprendre l'image des arbres d'une foret, que Kant développement dans la cinquièmeproposition: « Ainsi dans une forêt, les arbres, du fait même que chaque arbre tente de ravir à l'autre l'air et lesoleil, sont contraints réciproquement à chercher l'air et le soleil au-dessus d'eux, et de ce fait, ils poussent beau etdroits ».

Deux conditions sont donc nécessaire pour penser une évolution historique (ici métaphorisée par la poussedroite): une sociabilité des êtres (ils sont groupés dans une forêt et pas éparpillés dans la nature) alliés à leurinsociabilité (ils luttent les uns contre les autres pour accéder aux richesses).

Ce que nous montre Kant, c'est quenon seulement l'insociable sociabilité est susceptible de rendre compte d'une évolution historique, mais aussi que nila sociabilité ni l'insociabilité prises sans leur contraire ne peuvent en faire autant. - Quelle conception de l'histoire est corrélative de cette position de l'insociable sociabilité comme moteur? Il s'agitde l'histoire comme évolution de l'humanité orientée vers un développement de ses facultés, notamment de safacultés la plus haute (la raison).

C'est ce qu'évoque l'image de l'arbre qui pousse de plus en plus haut.

Il S'agitd'une conception optimiste de l'histoire comme progrès continu.

Ainsi, Kant affirme dans l'introduction du mêmeouvrage que l'histoire peut être conçue comme le développement progressif de la raison humaine. Transition: Nous sommes parvenus à rendre compte de l'histoire en posant l'insociable sociabilité comme étant son principe.Cependant, peut-on en conclure que l'insociable sociabilité est bien le moteur de l'histoire? III)Il faut distinguer entre l'efficacité herméneutique d'un principe et sa vérité ontologique: - Nous appelons « efficacité ontologique d'un principe » le fait qu'un principe permette bien de rendre compte d'uncertain nombre de phénomènes, à leur donner un sens.

Par exemple, l'insociable sociabilité nous permeteffectivement de comprendre et de rendre compte de manière cohérente de certaines évolutions historiques (enparticulier les évolutions politiques: le passage des monarchies et des communautés clauses à des démocratie où laraison peut s'exprimer librement).

Au contraire, nous appelons « vérité ontologique » ce qui existe réellement, c'est-à-dire en dehors de la conscience. - En ce sens, si l'insociable sociabilité possède bien une effectivité herméneutique, rien ne prouve que ce principe nesoit pas un simple artifice poser par la conscience afin de rendre cohérent et intelligible le chaos de l'histoire.

Rienne nous prouve que l'insociable sociabilité est effectivement le moteur de l'histoire.

Nous avons simplement montréqu'il était possible d'en rendre compte ainsi. - Dans cette logique, d'autres explications possèdent peut-être une plus grande efficacité, au sens où ellespourraient rendre compte de plus d'évènement et donc procurer davantage de cohérence à l'histoire.

Notreargumentation laisse donc place à des modèles concurrents, tel que la conception hégélienne de l'histoire.

Dans laRaison dans l'histoire , Hegel affirme que le moteur de l'histoire est l'esprit absolu.

En effet, celui-ci utilise une « ruse de la raison » pour se réaliser à travers l'histoire.

Cette ruse consiste à utiliser les passions individuelles au servicede l'incarnation de l'esprit dans le monde.

Cf.

l'exemple de Jules César (section 2).. »

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