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L'Insurgé

Publié le 30/03/2013

Extrait du document

L'insurgé (1886) est dédicacé « A tous ceux qui, victimes de l' injustice sociale, prirent les armes contre un monde mal fait et formèrent, sous le drapeau de la Commune, la grande fédération des douleurs. «

« « ••.

j'ai vu des femmes fuir, emportant leurs hardes dans un mouchoir et tirant leur mioches par la main.

» ~------- EXTRAITS La révolte de Vallès s'exprime dans les journaux auxquels il participe et qui lui attirent de nombreux ennuis Un article de La Rue m'a retiré le pain de la bouche.

J'y signalais comme farceurs ou fusilleurs futurs les députés de Paris.

Désormais, les jour­ naux del' opposition me sont fermés.

J'ai osé toucher aux idoles : les bonapartistes m'ont emprisonné, les trico­ lores vont m'affamer.

Chaque barreau de l'échelle parlementaire porte un des cinq coqs de la gauche que j'ai déplumés, dont j'ai fait saigner le croupion.

Ils ont juré, pour leur re­ vanche, de me faire sai­ gner l'estomac et le cœur.

Vallès refuse d'aller mourir pour Napoléon III Oui, il m'arrive au cœur des bouffées de regrets -le regret de ma jeunesse sacrifiée, de ma vie Livrée à la famine, de mon orgueil Livré aux chiens, de mon avenir gâché pour une foule qui me semblait avoir une âme, et à qui je voulais faire, un jour, honneur de toute ma force douloureusement amassée.

Et voilà que c'est sur les talons des soldat s qu'elle marche à présent, cette foule ! Elle emboîte le pas aux régiments, elle acclame des colonels dont les épaulettes sont enco re assez grasses du sang de Décembre- et elle crie « A mort ! » contre nous qui voulons boucher avec de la charpie le pavillon des clairons! Oh! c'est la plus grande désillusion de ma vie! Les versaillais dominent le combat Je m'imagine que nous n'avons plus que quelques heures devant nou s pour embrasser ceux que nous aimons, bâcler notre testam ent, si c'es t la peine, et nous préparer à faire bonne figure devant le peloton d'exécution.

Corrompu que je suis ! Je voud rais dîner royalement avant de partir.

Il m'es t bien permis de me ga rgariser la gorge et le cœur avec un peu de vin vieux, avant qu'on me lave la tête ou qu'on me rince les entrailles avec du plomb ! La Commune ne sera pas perdue pour si peu! ...

Et j'aurai eu la veine de finir co mm e un viveur, après avoir vécu comme un meurt de faim! Vingtras-Vallès sera l'un des derniers à se battre La prise de Montmartre a exaspéré les plus sages et semé le ven t du soupçon.

Montmartre, qui devait être armé pour la lutte jusqu'aux dents, Mont­ martre que ne laissait pas approcher l'éta t­ major du quartier, sorti on ne sait d'où, Mont­ martre, dont le délégué à la Guerr e é loignait lui-m ême les pékins, ./ Montmartre a été Livré, -.....

vendu ! - Les munitions n'étaient pas de calibr e, les pièces ne tenaient pas sur Leurs jambes, des mots d'ordre menteurs avaient été donné s ...

Le drapeau tricolore flotte sur la butte ! Jules Vall ès fut l' un des derniers combattants de la Commune, sur les barricade s du x1e arrondissement.

Condamné à mort , il rejoignit Londre s, où il resta en exi l jusqu'en 1883.

C'est l à qu ' il réd igea L'insurgé.

Il ne regagna Pari s qu'à cette date, après l 'am ni stie généra le .

« On amène, à chaque minute, des arrêtés qu 'on veut fusiller .» NOTES DE L'ÉDITEUR Vallès désire se fondre dans le peuple, mais so n origine socia le et sa culture le marquent bien trop pour qu'il pui sse s'en affranchir: «La rancune la plu s secrète de Vallès est autre: c'est de se sentir , par cette éducat io n qu 'il a reçue , différent du peuple aux côtés duquel et pour lequel il co mb at; c'est de porter une redingote au milieu des blouses.

S es moyens d 'ex pression même , il les doit à l'éducation classique qu 'il a reçue, donc à cette bourgeoi sie exécrée qui lui colle à la peau plus qu'il ne pense.

» G .

Lanson, Histoire de La littérature française, Hachette, 1951.

se nsibilité , il parvient à faire entrer les éclairs de sa colère.

» Pierre Pillu, Encyclopœdia Vniversalis, 1989.

Plus qu'un roman, L'in surgé est un reportage, Je témoignage d'un morceau d'Histoire: «Il [V allès] ne par vient à invent er ni des situatio ns, ni des intrigues ; il ne peint bien que ce qu 'il a lui-m ême vu et vécu, mais il donne à ce tableau une vie prodigieuse.( ...

) Ce roman subj ectif a le frémissement de la vie .

Dan s une série d'instantanés qu'unit le flux d'une puissante 1 gravur e de Bert a ll / Lauro s-Giraud on 2, 3, 4 grav ure s de Leg ran d.

éd.

Nalio nales / B.N.

Gr âce à Vallès, la Commune devient épopée.

Son style transfigure les évé nements : « Sur les paroles de ses amis et maître s" communards", Vallès a mis la mu sique de ses emportements et de son ve rbe , pour composer, jour après jour , l 'opéra naïf et grandiose de la démocratie à ses début s.

» Angelo Rinaldi, les Cahie rs de /'Express, juin 1990.

VALLES0 3. »

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