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L'intérêt général n'est-il que la somme des intérêts particuliers ?

Publié le 23/02/2004

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Personne ne paie ses impôts de gaieté de cœur, pourtant chacun sait que l'Etat a besoin de la fiscalité pour assurer une survie des institutions publiques que sont les écoles, les hôpitaux ou les routes, etc. Dans ce cas, l'intérêt général, semble s'opposer à l'intérêt particulier: comment donc le premier pourrait-il être la somme du second ?
• L'opposition entre général et particulier n'est pas, ici, simplement logique : concernant la notion d'intérêt, elle renvoie à une réalité qui peut faire quotidiennement problème.
• Le problème est directement politique : il concerne l'organisation même de la Polis ou de l'Etat, et son équilibre. • Sur quels théoriciens pouvez-vous vous appuyer?
 
L’intérêt général = bien commun = bien de tous. Intérêt particulier = bien particulier = mon bien à moi seulement, en tant qu’individu. On peut préciser que quand on pense à son intérêt particulier, on ne pense qu’à soi : l’intérêt particulier est toujours égoïste. Rousseau, quand il loue la volonté générale, la façon de vouloir qu’aurait le peuple assemblé en train de faire les lois, pense à une volonté qui se pense en totale contradiction avec l’intérêt particulier : quand on élabore les lois, donc, quand on cherche ce qui est bien pour tous, dans l’intérêt de tous, il faut faire abstraction de tout intérêt particulier. Il faut essayer de se dépouiller de ce qui nous est propre, de notre sexe, de notre condition dans la société, etc., afin de dire ce qui est véritablement bien pour tout le monde, et non pour certains (en l’occurrence pour moi). L’intérêt général n’est donc en aucun cas la somme des intérêts particuliers, il n’a rien à voir du tout avec la particularité des intérêts !
Rousseau va même jusqu’à dire que la volonté générale vous libère, vous rend libre, en ce qu’elle vous permet de vous dégager de l’immédiateté des instincts, des passions, des désirs : vous prenez du recul par rapport à cette immédiateté, qui ne correspond peut-être pas à ce que vous voulez vraiment, quand vous êtes guidés, dans vos choix, et dans vos décisions, par la volonté générale que vous avez en tant que citoyen. En vous demandant si ce que vous voulez est bien pour tous, vous vous demandez en effet si votre « bien « ou votre « intérêt « est un bien/ intérêt véritable… (exemple : vouloir fumer).
 
Introduction
  • I. Incompatibilité des intérêts privés.
  • II. Le schéma rousseauiste.
  • III. L'intérêt général et la loi.
Conclusion


« fasse taire les égoïsmes et la lycanthropie humaine en imposant la paix et la sécurité.

Paix et sécurité quiconstituent l'intérêt de tous. Hobbes est considéré, avec Machiavel , comme le fondateur de la politique moderne.

Contemporain de la Révolution anglaise du XVII ième siècle, Hobbes sera frappé de la violence de la guerre civile et des conséquences désastreuses de la vacance du pouvoir.

Au chapitre XII du « Léviathan », il écrit : « Il apparaît clairement par là, qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tiennetous en respect, ils sont dans cette condition que l'on nomme guerre, et que cette guerre est guerre dechacun contre chacun. » L'expérience inédite qu'est la Révolution va amener Hobbes à se faire le théoricien d'un pouvoir fort, de l'absolutisme. Hobbes appartient au courant dit du « droit naturel » qui rompt avec les conceptions politiques traditionnelles.

L ‘héritage antique affirmait avec Aristote que « l'homme est un animal politique » et assurait la prééminence de la communauté sur l'individu.

L'héritage chrétien, le droit divin, interdisaient toutecontestation de l'autorité politique, laquelle était censée venir de Dieu. La Réforme religieuse de Martin Luther au XVI ième ébranle la tradition catholique et rejette le pouvoir qu'exerçait le pape non seulement sur les Eglises, mais aussi sur les Etats.

La philosophie de Descartes fait du passé table rase et place la conscience, l'homme conçu comme volonté autonome, au centre de l'univers. Hobbes est en un sens l'héritier politique de cette double fracture religieuse et métaphysique.

La Révolution anglaise, qui l'obligera à se réfugier à la cour de Louis XIV , l'assure que les fondements traditionnels de la politique sont vermoulus, et qu'il faut accomplir en politique ce que Descartes a accompli en métaphysique : une contestation radicale de la tradition et de l'histoire, et une nouvelle fondation,rationnelle, cette fois, de l'Etat : « De toute manière, un argument tiré de la pratique des hommes est sans valeur […] En effet, même si en tous les endroits du monde les hommes établissaient sur le sable lesfondements de leurs maisons, on ne pourrait inférer de là qu'il doit en être ainsi.

L'art d ‘établir et de maintenirles républiques repose, comme l'arithmétique et la géométrie, sur des règles déterminées, et non comme le jeude paume, sur la seule pratique. » L'expérience cruciale de la guerre civile, la montée de l'individualisme, la rupture des anciennes solidarités sociales, invitent Hobbes à penser qu'en dehors d'un pouvoir commun fort, les hommes vivent en rivalité, défiants les uns vis-à-vis des autres, dans un état de suspicion, sinon de guerre. Cherchant les fondements d'une autorité légitime, et les causes de la vie sociale, Hobbes reconstitue ce que l'on nomme l'état de nature.

L'état de nature est un état fictif, correspondant à ce que vivraient leshommes si chacun jouissait de sa liberté naturelle.

Hobbes en effet accepte l'idée que les hommes sont naturellement libres, c'est-à-dire pourvus d'une volonté autonome dont ils ont le droit d'user.

La question estalors de savoir pourquoi, étant donné qu'ils sont libres, les hommes acceptent un pouvoir commun.

Si j'ai ledroit naturel de décider pour moi-même de mes actions, pourquoi est-ce que j'accepte de me soumettre à laloi ? Pour quel motif est-ce que je donne aux lois une partie au moins de ce droit naturel que j'ai de décider demes actes ? Rechercher ces motifs demande de reconstruire par la pensée l'état de nature, pour comprendre ce que seraient les hommes sans un pouvoir commun, et examiner pourquoi et comment ils en sortent. Hobbes considère que les hommes sont égaux.

C'est-à-dire que les différences de force ou de ruse ne sont pas si grandes que l'un d'entre nous puisse s'approprier une chose et en exclure les autres : Hobbes emploie pour le montrer un argument très étrange ; tout homme a toujours assez de force pour en tuer un autre.

Les hommes sont donc égaux en aptitude et en droit : chacun a un droit égal sur toute chose :« De cette égalité des aptitudes découle une égalité dans l'espoir d'atteindre nos fins.

C'est pourquoi, si deuxhommes désirent la même chose alors qu'il ne leur est pas possible d'en jouir tous les deux, ils deviennentennemis ; et dans leur poursuite de cette fin (qui est, principalement, leur propre conservation, mais parfoisseulement leur plaisir), chacun s'efforce de détruire et dominer l'autre. » Le simple désir de se maintenir en vie, mais aussi parfois l'agrément, nous rend naturellement ennemis, rivaux,défiants.

Je ne suis jamais assuré, dans l'état de nature, qu'un autre ne cherchera pas à s'emparer des biensnécessaires à ma vie, du terrain que j'ai cultivé, etc.

Les hommes sont donc méfiants et cette rivalité naît larecherche de la domination, l'offensive : la meilleure défense, c'est l'attaque.

Il faut se mettre à l'abri endominant les autres.

La recherche du profit, de la sécurité, voire de la réputation nous font prendre les armes. Or, en l'absence d'un pouvoir commun, l'égalité des hommes fait que ce combat ne peut connaître nivainqueur, ni vaincu définitif, qu'à chaque moment chacun craint pour sa vie, que l'état de nature est un étatmisérable d'insécurité et de peur de la mort violente.. »

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