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l'intérêt personnel est-il un principe de tout échange ?

Publié le 28/11/2005

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L'intérêt personnel est-il un principe de tout échange ? Cette question pose en son sein un paradoxe : d'un côté, il semble assez évident que l'intérêt personnel soit au principe de l'échange. En effet, on peut penser aux premiers échanges qu'on opère quand on est enfant : l'enfant qui échange des billes, c'est bel et bien pour obtenir des billes qu'il n'a pas et donc pour son intérêt personnel. Cependant, prenons l'exemple de l'échange particulier qu'est le mariage : longtemps moins qu'un échange en vue de l'intérêt particulier, on l'a considéré comme étant un ciment de la diplomatie. Autrement dit, l'intérêt personnel semble ne pas être l'unique principe de l'échange. L'échange n'aurait donc pas réellement besoin d'un principe, d'un fondement égoïste, dès lors qu'il serait lui-même principe de société. D'où notre question : dans quelle mesure l'échange peut-il faire l'économie de l'intérêt personnel ? L'enjeu est à la fois économique, socio-politique et éthique.

  • I. Echanger, c'est avant tout le faire en vue de son propre profit, de son intérêt personnel : échanger pour recevoir
  • II. Echanger, c'est satisfaire dans certains cas à l'intérêt général.
  • III. L'échange comme fondement de la société

 

« mère donne la vie à son enfant et dans un sens ne peut rien demander en retour, tout du moins rien de tel.A l'opposé, quand j'échange des euros en dollars, j'attends de la part du guichetier, qu'il me rende en retourune somme équivalente, voire égale.

La distinction serait donc justement dans cette notion d'intérêt.

Le donserait idéalement désintéressé, quasi synonyme de grâce et serait à penser sur le modèle de la grâce divine,alors que l'échange lui serait intéressé.

On échangerait en vue de ce que l'on veut recevoir.

Prenons unexemple sportif.

Quand le ramasseur de balle donne une balle, il ne s'attend pas à ce que le joueur lui larende ; alors que les deux tennismen lors d'un échange de balle s'attendent à un retour. 2.

L'échange a un caractère fondamentalement intéressé BAUDELAIRE conçoit l'échange comme la manifestation de l'égoïsme à l'état pur.

J'échange en vue de monintérêt propre.

Ainsi si j'échange des cours de guitare contre des cours de cuisine, ce n'est pas purementaltruiste, c'est en vue de mon intérêt propre.

Apprendre la guitare me permettra d'assouvir un souhaitancien.

Poussé à l'extrême, l'échange aboutit à ce que décrit Baudelaire dans ce texte : « Le commerce est, par son essence, satanique.

Le commerce, c'est le prêté-rendu, c'est le prêt avec lesous-entendu : Rends-moi plus que je ne te donne.

L'esprit de tout commerçant est complètement vicié.

Lecommerce est naturel, donc il est infâme.

Le moins infâme de tous les commerçants, c'est celui qui dit :"Soyons vertueux pour gagner beaucoup plus d'argent que les sots qui sont vicieux".

Pour le commerçant,l'honnêteté elle-même est une spéculation de lucre.

Le commerce est satanique, parce qu'il est une desformes de l'égoïsme, et la plus basse, et la plus vile.

» SMITH, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations « On n'a jamais vu d'animal chercher à faire entendre à un autre par sa voix ou ses gestes: Ceci est à moi, cela est à toi; je te donnerai l'un pour l'autre.

Mais l'homme a presque continuellement besoin du secours de ses semblables, et c'est en vain qu'ill'attendrait de leur seule bienveillance.

Il sera bien plus sûr de réussir, s'il s'adresse à leur intérêt personnel ets'il leur persuade que leur propre avantage leur commande de faire ce qu'il souhaite d'eux.

C'est ce que faitcelui qui propose à un autre un marché quelconque; le sens de sa proposition est ceci: Donnez-moi ce dont j'ai besoin, et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin vous-même ; et la plus grande partie de ces bons offices qui nous sont nécessaires s'obtiennent de cette façon.

Ce n'est pas de la bienveillance du boucher,du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent àleurs intérêts.

Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme et ce n'est jamais de nosbesoins que nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage » L'espèce humaine occupe dans l'histoire de la vie une place particulière.

Si les hommes partagent avec tousles êtres vivants la même condition matérielle, ils n'en ont pas moins développé un monde qui échappe à laseule logique des besoins naturels.

En effet, l'homme ne se contente pas de vivre dans la nature mais il latransforme, il produit des richesses qui font l'objet d'échanges.

Par la circulation des marchandises mais aussides hommes, il acquiert une maîtrise sur la nature et traduit ainsi le désir de construire un monde à sonimage. II.

Echanger, c'est satisfaire dans certains cas l'intérêt général. 1.

L'échange est une modalité du social – l'échange comme élément même de la démocratie On peut penser aux mariages qui sont une sorte d'échange qui permettent à certaines puissances deprospérer ; mais aussi aux échanges de femmes et d'esclaves dans l'Antiquité qui possédaient un caractèrediplomatique essentiel.

L'échange est moins personnel que collectif M.

MAUSS, Essai sur le don "Dans les économies et dans les droits qui ont précédé les nôtres, on ne constate pour ainsi dire jamais desimples échanges de biens, de richesses et de produits au cours d'un marché passé entre les individus.D'abord, ce ne sont pas des individus, ce sont des collectivités qui s'obligent mutuellement,échangent et contractent ; les personnes présentes au contrat sont des personnes morales: clans, tribus, familles, qui s'affrontent et s'opposent soit en groupes se faisant face sur le terrain même, soit parl'intermédiaire de leurs chefs, soit de ces deux façons à la fois.De plus, ce qu'ils échangent, ce ne sont pas exclusivement des biens et des richesses, des meubles et desimmeubles, des choses utiles économiquement.

Ce sont avant tout des politesses, des festins, des rites, desservices militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes, des foires dont le marché n'est qu'undes moments et où la circulation des richesses n'est qu'un des termes d'un contrat beaucoup plus général etbeaucoup plus permanent.Enfin, ces prestations et contre-prestations s'engagent sous une forme plutôt volontaire, par des présents,des cadeaux, bien qu'elles soient au fond rigoureusement obligatoires, à peine de guerre privée ou publique.Nous avons proposé d'appeler tout ceci le système des prestations totales.". »

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