Devoir de Philosophie

INTERPRÉTATION PHÉNOMÉNOLOGIQUE DE LA PERCEPTION

Publié le 18/03/2011

Extrait du document

perception

   A partir de certaines indications de la Gestalt, les phénoménologues, avec Merleau-Ponty, proposent une interprétation qui a sur la conception gestaltiste l'avantage de réintroduire dans l'explication un rôle du sujet percevant : le point de vue objectiviste de la Gestalt est donc dépassé par la phénoménologie qui définit la perception comme une fonction existentielle.

perception

« déterminer des relations spéciales et des objets avec leurs propriétés, c'est poser une question seconde, c'estdonner comme originaire un acte qui n'apparaît que sur le fond d'un monde déjà familier, c'est avouer que l'on n'apas encore pris conscience de l'expérience du monde.

Dans l'attitude naturelle, je n'ai pas des perceptions, je nepose pas cet objet à côté de cet autre objet avec leurs relations objectives, j'ai un flux d'expériences quis'impliquent et s'expliquent l'une l'autre, aussi bien dans le simultané que dans la succession. « Paris » n'est pas pour moi un objet à mille facettes, une somme de perceptions, ni la loi de toutes cesperceptions.

Paris, c'est tout autre chose : comme un être manifeste la même essence affective dans les gestes desa main, dans sa démarche et dans le son de sa voix, chaque perception expresse dans mon voyage à travers Paris,les cafés, les visages, les gens, les peupliers des quais, les tournants de la Seine, est découpée dans l'être total deParis.

Et quand j'y suis arrivé pour la première fois, les premières rues que j'ai vues à la sortie de la gare n'ont été,comme les premières paroles d'un inconnu, que les manifestations d'une essence encore ambiguë, mais déjàincomparable.

Nous ne percevons presque aucun objet, comme nous ne voyons pas les yeux d'un visage familier,mais son regard et son expression.

Il y a là un sens latent, diffus à travers le paysage ou la ville, que nousretrouvons dans une évidence spécifique sans avoir besoin de le définir.

Seules émergent comme des actes exprèsles perceptions ambiguës, c'est-à-dire celles auxquelles nous donnons nous-mêmes un sens par l'attitude que nousprenons ou qui répond à des questions que nous nous posons.

Elles ne peuvent pas servir à l'analyse du champperceptif, puisqu'elles sont prélevées sur lui, qu'elles le présupposent, et que nous les obtenons justement enutilisant les montages que nous avons acquis dans la fréquentation du monde.

Une première perception sans aucunfond est inconcevable.

Toute perception suppose un certain passé du sujet qui perçoit et la fonction abstraite deperception, comme rencontre des objets, implique un acte plus secret par lequel nous élaborons notre milieu.

Sousmescaline, il arrive que les objets qui se rapprochent paraissent se rapetisser.

Un membre, ou une partie du corps,main, bouche ou langue, paraît énorme, et le reste du corps n'en est plus que l'appendice.

Les murs de la chambresont à 150 mètres l'un de l'autre, et au delà des murs, il n'y a que l'immensité déserte.

La main étendue est hautecomme le mur.

L'espace extérieur et l'espace corporel se disjoignent au point que le sujet a l'impression de nager «d'une dimension dans l'autre ».

A certains moments, le mouvement n'est plus vu, et c'est d'une manière magique queles personnes se transportent d'un point à l'autre.

Le sujet est seul et abandonné à un espace vide « il se plaint dene bien voir que l'espace entre les choses, et cet espace est vide.

Les objets d'une certaine manière sont bienencore là, mais pas comme il faut...

» Les hommes ont l'air de poupées et leurs mouvements sont d'une lenteurféérique.

Les feuilles des arbres perdent leur armature et leur organisation : chaque point de la feuille a même valeurque tous les autres.

Un schizophrène dit : « Un oiseau gazouille dans le jardin.

J'entends l'oiseau, et je sais qu'ilgazouille, mais que ce soit un oiseau et qu'il gazouille, les deux choses sont si loin l'une de l'autre...

il y a un abîme...comme si l'oiseau et le gazouillement n'avaient rien à faire l'un avec l'autre.

» Un autre schizophrène n'arrive plus à «comprendre » la pendule, c'est-à-dire d'abord le passage des aiguilles d'une position à une autre et surtout laconnexion de ce mouvement avec la poussée du mécanisme « la marche » de la pendule.

Ces troubles neconcernent pas la perception comme connaissance du monde : les parties énormes du corps, les objets prochestrop petits ne sont pas posés comme tels; les murs de la chambre ne sont pas pour le malade distants l'un de l'autrecomme les deux extrémités d'un terrain de football pour le normal.

Le sujet sait bien que les aliments et son proprecorps résident dans le même espace, puisqu'il prend les aliments avec sa main.

L'espace est « vide » et cependanttous les objets de perception sont là.

Le trouble ne porte pas sur les renseignements que Von peut tirer de laperception, et il met en évidence sous la « perception » une vie plus profonde de la conscience. Même quand il y a imperception, comme il arrive à l'égard du mouvement le déficit perceptif ne semble être qu'uncas limite d'un trouble plus général qui concerne l'articulation des phénomènes les uns sur les autres.

Il y a unoiseau et il y a un gazouillis, mais l'oiseau ne gazouille plus.

Il y a un mouvement des aiguilles et un ressort, mais lapendule ne « marche » plus.

De même certaines parties du corps sont démesurément grossies, et les objets prochessont trop petits parce que l'ensemble ne forme plus un système.

Or, si Je monde se pulvérise ou se disloque, c'estparce que le corps propre a cessé d'être corps connaissant, d'envelopper tous les objets dans une prise unique etcette dégradation du corps en organisme doit être elle-même rapportée à l'affaissement du temps qui ne se lèveplus vers un avenir et retombe sur lui-même.

« Autrefois j'étais un homme, avec une âme et un corps vivants(Leibe) et maintenant je ne suis plus qu'un être (Wesen) ...

maintenant, il n'y a plus là que l'organisme (Körper) etl'âme est morte ...j'entends et je vois, mais je ne sais plus rien, la vie pour moi est maintenant un problème ...jesurvis maintenant dans l'éternité ...

les branches sur les arbres se balancent, les autres vont et viennent dans lasalle, mais pour moi le temps ne s'écoule pas : ...

la pensée a changé, il n'y a plus de style ...

qu'est-ce quel'avenir? on ne peut pas l'atteindre...

tout est point d'interrogation ...

tout est si monotone, le matin, midi, le soir,passé, présent, avenir, tout recommence toujours.

» La perception de l'espace n'est pas une classe particulière d'états de conscience ou d'actes, et ses modalitésexpriment toujours la vie totale du sujet, l'énergie avec laquelle il tend vers un avenir à travers son corps et sonmonde.

». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles