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L'invité de Pierre

Publié le 05/04/2013

Extrait du document

C'est retiré à la campagne que Pouchkine (1799-1837) écrivit en 1830, dans un seul élan, quatre « petites tragédies «, dont L'invité de pierre (ou Le Convive de pierre) est une version du mythe de don Juan. A la veille de se marier, il ne parla jamais de cette pièce en vers qui ne fut publiée qu'après sa mort (Pouchkine fut tué en duel après qu'on eut accusé sa femme d'infidélité). L'invité de pierre fut joué à deux reprises en Russie, en 1847 et en 1863, mais avec plus de succès en France en 1877, dans la traduction d'Ivan Tourgueniev et Viardot.

« «Arr êtez! Vous n'êtes pas dans la rue , vous êtes chez moi ! ,.

..----------- EXTRAITS Don Juan vient de tuer don Carlos chez Laura (Il veut l'embrasser.) LAURA (l'arrêtant).

- Oh ! mon ami ! ...

là, devant le mort ...

Qu'allons-nous faire de lui? DON JUAN.

- Laisse-le; avant le jour je l'emporterai sous mon manteau, et le mettrai dans un carrefour.

LAURA.

-Prends garde qu'on ne te voie.

Que tu as bien fait de ne pas venir un instant plus tôt ! Tes amis ont soupé chez moi.

Si tu les avais trouvés? DON JUAN .

- Y avait-il long­ temps que tu l'aimais? LAURA.

- Qui ? tu rêves . ..

Qui ? DON JUAN .

- Je ne rêve pas.

Combien de fois m'as-tu trahi depuis mon absence ? Scène II Pouchkine reprend la scène de Mozart dans le cimetière DON JUAN.

- Va, te dis-je.

LEPORELLO.

- Illustre et magnifique statue, mon seigneur don Juan vous requiert humblement de lui faire la grâce ...

Devant Dieu, je ne puis, j'ai peur.

DON JUAN.

-Lâche! Je vais te ...

LEPORELLO.

-Attendez.

Mon seigneur don Juan vous prie de venir demain, un peu tard, dans la maison de votre épouse, et de vous placer en faction à la porte.

(La statue fait un signe d'assentiment.) Aie! ...

DON JUAN.

- Qu'est-ce? LEPORELLO.

-Aie ! aie ! je suis mort.

Scène III Don Juan s'est rendu chez dofia Anna sous le nom de Diego DONA ANNA.

- Seriez-vous jaloux, don Diego ? Mon mari vous inquiète même dans la tombe? DON JUAN .

- Je ne dois pas oser être jaloux.

C'est vous-même qui l'aviez choisi ? DONA ANNA.

- Non ; ma mère a donné ma main à don Alvar.

Nous étions pauvres , il était riche.

DON JUAN.

- Heureux Alvar ! il a porté de misérables trésors à vos pieds ; et c' est cette misère qui lui a fait goater les joies du paradis.

Oh ! si je vous avais connue aupa­ ravant ! ce n'est pas seulement ma fortune, mon rang, tout enfin, que j'aurais donné avec bonheur pour un seul regard bien­ veillant de vos yeux ; je serais devenu l 'esclave de votre volonté sacrée.

Je me serais voué à étudier tous vos désirs pour les prévenir tous, pour que votre vie se déroulât dans un enchantement perpétuel .

Hélas! le destin ne l'a pas voulu.

DONA ANNA .

- Don Diego , cesse z.

Je fais un péché en vous écoutant.

Je ne puis vous aimer.

Une veuve doit être fidèle au-delà du tombeau.

Si vous saviez combien don Alvar m 'a aimée! Traduit du russe par Tourgueniev et Viardot.

Hachette, 1862 « LE COMMANDEUR.

-J'ai répondu à ton invitation, don Juan .•• » Scène IV / NOTES DE L'ÉDITEUR Pour cette brève pièce, Pouchkine s'est-il intéressé aux avatars plus ou moins célèbres du mythe de don Juan ? La première pièce consacrée à ce mythe moderne est celle de Tirso de Molina, Le Trompeur de Séville dont Pouchkine reprend le titre.

C'est cette pièce qui inspira Molière pour son Dom J_uan (1665) que Pouchkine connaissait, sans toutefois s'en être beaucoup inspiré.

De ces deux pièces, Pouchkine retint surtout le cadre et la préfiguration de la scène finale du Don Giovanni de Mozart (1787), qu'il avait pu entendre à Saint-Pétersbourg ou à Moscou en 1823, en 1827 ou en 1829 .

Ne retenant que les traits qui font de don Juan [don Giovanni] une figure mythique, Pouchkine suppose le héros connu, ne s 'attarde pas à camper les personnages dans des aventures significatives et ne se consacre qu'à l'action qui conduit à la scène finale avec la statue.

Pouchkine n'est pas de ce fait l'auteur d'une nouvelle aventure de don Juan, mais il corrige en quelque sorte le Don Giovanni .

Foin des trop rares représentations de l'opéra, foin du seul livret de Da Ponte ! Pouchkine restitue musique et texte en une seule courte pièce.

Son don Juan reste indissociable de celui de Mozart, tout comme celui d'Hoffmann (Don Juan, 1813), que Pouchkine avait dans sa bibliothèque mais dont il ne s'est apparemment pas inspiré.

1 Sipa-lcono 2 dessin de Pouc hkine I Edimédia 3 dessin de Repi na I éd.

Khoudojestvennaya Literatura, Moscou, 1975 4 dessin de Pouchki n e/ Edimédia 5 dessin de Vrubelja / Edimédia POUC HKINE 04. »

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