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JEAN-PAUL DE DADELSEN

Publié le 03/09/2012

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Jean-Paul de Dadelsen1 qui, de son vivant, n'avait, je crois, rien publié, hormis un poème, Bach en automne, dans la Nouvelle Revue Française, doit à ses amis Albert Camus et Henri Thomas d'avoir pu nous transmettre, après sa mort prématurée, une oeuvre qu'il écrivit comme en se jouant, toute douloureuse et pathétique qu'elle soit, dans les rares trous d'une vie extrêmement pleine, erratique et agitée. L'apparition de son Jonas; en 1962, dans notre poésie, y a produit une très forte impression qui n'est pas près de s'éteindre...

« POÈTES FRANÇAIS D'AUJOURD'HUI 163 sa richesse généreuse, sa ferveur fraternelle, ses incessants envols, enfin, vers le sublime, chacun provoqué par quel· qu'un de ces mystérieux attouchements de l'invisible qu'une âme constamment « livrée » est seule à ressentir et seule à mériter.

On peut, certes, situer Dadelsen dans l'orbite de certains poètes hantés comme lui par la fringale de Dieu (Milosz, Boschère) ou dont le ly'Tisme fut, comme est le sien, de na· ture éruptive, ou seulement expansive, plutôt que réfléchie (Cendrars, Artaud), mais ce sont là de simples rapproche· ments ; Dadelsen a une voix toute à lui, semble hien ne rien devoir à personne ; c'est «un cas», eût dit Max Jacob.

Et ce cas est d'autant plus bouleversant que le poète et l'hom• me, en Dadelsen, ne se sauraient disjoindre.

Le garçon qui écrivait: Et tout au profond des eaux dorman.tes grandit à toute petite vie la tumeur qui dans 20 ans tuera ...

n'est pas mort d'autre chose que de cette tumeur là.

Autre• ment dit, la gratuité, si fréquente aujourd'hui dans le ver~ tige du verhe 1 n'est pas du monde de Jonas, un monde dont voici un fragment : ••• Vévêque venu de Guéret dans la Creuse parla en termes pénétrés et paternels et dit en substance que ça nous apprendrait à manquer les offices.

Et le drap vide contenait par avance les cendres de tous nos morts à venir : Bernard, John, Richard, Maurice.

C'était une messe militaire : aux endroits où d'ordinaire l:enfant de chœur agite sa sonnette, ici éclataient les sauvages tambours, bramaient les féroces clairons.

Ouvrez le ban ! 1.

Verbe et Vertige, par Àlai.'l.

Bosquet CÈlachette).. »

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