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Jean-Paul SARTRE: Nous sommes condamnés à être libres.

Publié le 02/04/2005

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Nous sommes condamnés à être libres. Jean-Paul SARTRE
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« se fabrique lui-même au cours de l'histoire.

La première signification de la liberté est cette capacité humaine à sedéfinir par soi-même.

Un objet technique, voire un objet naturel, une pierre, ne sont rien d'autre que ce que leurdéfinition préalable nous dit qu'ils sont.

L'homme, à l'inverse, parce qu'en lui « l'existence précède l'essence » a reçucet étrange privilège de se fabriquer lui-même.Mais « si vraiment l'existence précède l'essence, l'homme est responsable de ce qu'il est ».

Sur chacun de nous pèsela responsabilité pleine et entière de nos actes et choix.

Nous ne pouvons nous retrancher derrière aucune « nature» qui nous définirait et limiterait notre possibilité d'agir et de nous faire.

Pire : « Nous ne voulons pas dire quel'homme est responsable de tous les hommes ».

En effet, en posant tel ou tel choix politique, affectif, etc.

j'enaffirme la valeur, et la valeur pour la totalité de l'humanité.Cette liberté, nous nous la masquons la plupart du temps, car elle est terriblement difficile à assumer.

Il vaut lapeine de citer le passage où Sartre résume et sa position philosophique et son athéisme, et décrit l'angoisse quipeut nous atteindre quand nous comprenons notre liberté.« Dostoïevsky avait écrit : « Si Dieu n'existait pas, tout serait permis ».

C'est là le point de départ del'existentialisme […].

Autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est libéré.

Si, d'autrepart, Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notreconduite.

Ainsi, nous n'avons ni devant nous, ni derrière nous, dans le domaine lumineux des valeurs, desjustifications ou des excuses.

Nous sommes seuls, sans excuse.

C'est ce que j'exprimerai en disant que l'homme estcondamné à être libre.

»Etre condamné à la liberté signifie être totalement libre et par suite responsable, devant les autres et devant soi-même, d'une conduite qui n'est guidée par aucune valeur prédonnée.

Nul Dieu, nulle Eglise, nul credo ne peuventdéfinir à l'avance notre conduite ni la justifier.

A chaque fois, dans chaque situation concrète, nous avons à nousengager, à choisir, à agir, sans qu'aucune ligne de conduite ne soit fixée à l'avance.C'est pourquoi, aussi exaltante que soit notre liberté, elle sonne comme une condamnation, et produit de l'angoisse,cette angoisse que Sartre décrira dans « La Nausée ».

Ainsi nous tentons de nous défaire de cette responsabilité.C'est alors une conduite que Sartre qualifie de « mauvaise foi ».« L'Etre & le Néant » en donne un exemple cocasse.

Soit une jeune femme qui se rend à un rendez-vous galant.

Ellesait pertinemment à quoi elle s'attend, mais elle refuse de céder ou de rompre immédiatement.

Elle refuse en un sensde faire usage de sa liberté.

Par suite, dit Sartre dans une description qui est un morceau d'anthologie, elleabandonnera sa main, mais « comme si » elle ne s'en apercevait pas, ce qui est à la fois une façon d'accepterl'invitation et de la dénier : une façon de se démettre de sa capacité de choix.

Cet exemple d'ordre intime peut seredoubler de l'exemple politique de Garcin dans « Huis-clos » : celui-ci refuse de reconnaître qu'il a agi de la dernièredes façons possibles dans l'ordre politique en cédant à la lâcheté.Sartre ne nie pas le conditionnement social ou historique.

A l'inverse celui-ci forme des « situations ».

Mais s'il estdonné à tout homme d'agir en situation, dans des conditions données, sociales, historiques, familiales, celles-ci nedéfinissent en rien un déterminisme qui aliénerait notre liberté.

En déclarant « nous n'avons jamais été aussi libresque sous l'occupation allemande », Sartre n'est pas seulement provocant.

Il entend aussi signifier que la libertéd'action et de choix, aussi douloureuse et difficile soit-elle, est toujours entière.La « condamnation » à la liberté signifie que nous sommes responsables d'une conduite qui n'est guidée et justifiéepar aucune valeur préétablie, aucune norme, aucun destin.

L'homme est essentiellement un projet, il se définit parses actes, sans qu'aucune excuse ne vaille.

Nous avons à assumer l'angoisse d'une telle liberté, au lieu de sombrerdans la mauvaise foi.. »

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