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Jean Racine: LA THÉBAÏDE

Publié le 22/02/2012

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racine
CRÉON [...] Il lui perce le coeur, et son âme ravie, En achevant ce coup, abandonne la vie. Polynice frappé pousse un cri dans les airs, Et son âme en courroux s'enfuit dans les enfers. Tout mort qu'il est, madame, il garde sa colère ; Et l'on dirait qu'encore il menace son frère : Son visage, où la mort a répandu ses traits, Demeure plus terrible et plus fier que jamais. ANTIGONE Fatale ambition, aveuglement funeste ! D'un oracle cruel suite trop manifeste ! De tout le sang royal il ne reste que nous ; Et plût aux dieux, Créon, qu'il ne restât que vous, Et que mon désespoir, prévenant leur colère, Eût suivi de plus près le trépas de ma mère ! CRÉON Il est vrai que des dieux le courroux embrasé Pour nous faire périr semble s'être épuisé ; Car enfin sa rigueur, vous le voyez, madame, Ne m'accable pas moins qu'elle afflige votre âme. En m'arrachant mes fils... ANTIGONE Ah ! vous régnez, Créon : Et le trône aisément vous console d'Hémon. Mais laissez-moi, de grâce, un peu de solitude, Et ne contraignez point ma triste inquiétude ; Aussi bien mes chagrins passeraient jusqu'à vous. Vous trouverez ailleurs des entretiens plus doux ; Le trône vous attend, le peuple vous appelle ; Goûtez tout le plaisir d'une grandeur nouvelle. Adieu : nous ne faisons tous deux que nous gêner. Je veux pleurer, Créon, et vous voulez régner. CRÉON, attirant Antigone. Ah, madame, régnez et montez sur le trône : Ce haut rang n'appartient qu'à l'illustre Antigone. ANTIGONE Il me tarde déjà que vous ne l'occupiez. La couronne est à vous.

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