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John Locke (présentation de sa philosophie)

Publié le 22/02/2012

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Étrange destinée, qui est réservée à la philosophie de John Locke. Tant qu'il vécut, la République des Lettres, à travers toute l'Europe, l'entoura considération et de sympathie ; la publication longtemps attendue de ses grandes oeuvres fut un événement. Après sa mort, le XVIIIe siècle tout entier commenta ses idées et admira " le grand Monsieur Locke ". Et cependant il ne fournit plus, dans nos histoires de la philosophie et dans notre culture consciente, qu'une pâte molle et tiède, apparemment dépourvue désormais de levain. S'il sert encore de point de référence, on ne l'étudie guère et, par une bizarre ironie du sort, on le connaît surtout à travers Leibniz et à travers les commentaires critiques que celui-ci avait donnés de l'Essay concerning human understanding sous le titre Nouveaux Essais sur l'entendement humain. Une fois pour toutes, on lui a imposé l'étiquette d'empiriste et l'on a renoncé à sauver un empirisme que rien ne vient revigorer, ni l'immatérialisme absolu d'un Berkeley, ni le scepticisme éveilleur d'un Hume : ses commentateurs modernes eux-mêmes n'osent parler de lui qu'à la condition d'insister sur la confusion, l'équivoque, la platitude de ses idées. Il n'est pas jusqu'à son oeuvre politique, les Traités sur le gouvernement civil qui, après avoir fécondé et nourri toute la spéculation politique du XVIIIe siècle, après avoir inspiré les fondateurs des États-Unis d'Amérique, ne se soit vu privée d'un parrainage si bien mérité : les révolutionnaires américains, ne voulant pas appuyer leur action sur la philosophie d'un Anglais, préféraient se recommander ouvertement des philosophes français, d'un Montesquieu par exemple. Locke ne serait-il pas le type même des philosophes à redécouvrir et peut-être même à réhabiliter ?  

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« Étrange destinée, qui est réservée à la philosophie de John Locke.

Tant qu'il vécut, la République des Lettres, à travers toute l'Europe, l'entouraconsidération et de sympathie ; la publication longtemps attendue de ses grandes oeuvres fut un événement.

Après sa mort, le XVIIIe siècle toutentier commenta ses idées et admira " le grand Monsieur Locke ".

Et cependant il ne fournit plus, dans nos histoires de la philosophie et dansnotre culture consciente, qu'une pâte molle et tiède, apparemment dépourvue désormais de levain.

S'il sert encore de point de référence, on nel'étudie guère et, par une bizarre ironie du sort, on le connaît surtout à travers Leibniz et à travers les commentaires critiques que celui-ci avait donnés de l' Essay concerning human understanding sous le titre Nouveaux Essais sur l'entendement humain.

Une fois pour toutes, on lui a imposé l'étiquette d'empiriste et l'on a renoncé à sauver un empirisme que rien ne vient revigorer, ni l'immatérialisme absolu d'un Berkeley , ni le scepticisme éveilleur d'un Hume : ses commentateurs modernes eux-mêmes n'osent parler de lui qu'à la condition d'insister sur la confusion, l'équivoque, la platitude de ses idées.

Il n'est pas jusqu'à son oeuvre politique, les Traités sur le gouvernement civil qui, après avoir fécondé et nourri toute la spéculation politique du XVIIIe siècle, après avoir inspiré les fondateurs des États-Unis d'Amérique, ne se soit vu privée d'unparrainage si bien mérité : les révolutionnaires américains, ne voulant pas appuyer leur action sur la philosophie d'un Anglais, préféraient serecommander ouvertement des philosophes français, d'un Montesquieu par exemple.

Locke ne serait-il pas le type même des philosophes à redécouvrir et peut-être même à réhabiliter ? Né en 1632, il traverse sans encombre, grâce à son jeune âge, les troubles de la première Révolution anglaise et il passe le temps du Protectoratcomme étudiant, puis comme fellow à Oxford, à Christ Church College.

Il mène alors de front toutes sortes d'études, du grec et du latin à laphilosophie et à la médecine, drainant déjà, sur le chemin d'une culture universelle, les estimes et les amitiés les plus diverses, du savant Robert Boyle , avec lequel il fonde la Royal Society, au premier lord Shaftesbury .

Rien n'a manqué à sa formation, ni l'éducation universitaire la plus raffinée, ni les longs séjours à l'étranger il vivra en France de 1675 à 1679, puis en Hollande, de 1683 à 1689, et il prendra chaque fois de vivantscontacts avec les milieux savants ni la pratique des grandes affaires publiques.

On le voit aussi bien réussir de délicates interventionschirurgicales que participer aux grands conseils du Royaume ou servir de confident au comte Shaftesbury ou au futur roi Guillaume III d'Orange.

Il devait son charme personnel à cette curiosité universelle, à cette sympathie toujours offerte aux autres, à cettevolonté de conciliation et d'accord qui marque son activité politique et qui caractérise tout particulièrement sesconvictions religieuses.

Bien qu'ayant reçu une éducation d'un calvinisme strict, on le verra, en effet, tout au longde sa vie, manifester, en même temps qu'une foi réelle, un goût pour les doctrines larges qui, du latitudinarisme àl'arminianisme, tendent à limiter le christianisme à la foi dans le Christ comme le Messie et à la pratique de la moralechrétienne.

Il s'appuiera sur ce dogme simple pour prêcher la tolérance en affirmant qu'aucune église ne peutprétendre posséder une vérité absolue plus précise sur la vie ou la destinée de l'homme et en démontrant qu'aucunesociété n'a le pouvoir de persécuter ni le droit d'user du pouvoir civil à cette fin.

Sa tolérance accepterait des'étendre jusqu'aux athées exclusivement.

Car il s'agit là moins d'un effort vers la tolérance par la conciliation à toutprix et par le compromis pour le compromis que de la recherche et de l'affirmation d'un christianisme raisonnable.

Le titre de l'un de ses derniers ouvrages, The Reasonableness of Christianity, révèle bien, en effet, le principe central de la philosophie de Locke comme philosophie qui se veut raisonnable et pratiquement raisonnable.

La raison,aime-t-il à proclamer, est et doit être notre juge suprême et notre guide en toutes choses.

On l'oublie trop, car on connaît trop les thèmes de l'empirisme lockien : la tabula rasa , la polémique contre Descartes et les idées innées inscrites une fois pour toutes dans l'esprit, la thèse enfin selon laquelle toutes les idées, c'est-à-dire tout ce que l'esprit perçoit en lui-même ou qui est l'objet immédiat de la perception, de la pensée ou de l'entendement, vient de l'expérience, qu'il s'agisse d'une expérience par sensation, d'une expériencepar réflexion ou même d'une expérience par intuition.

La philosophie des lumières a si bien assimilé tous ces thèmes qu'ils en sont devenus le bagage commun.

Néanmoins, si l'expérience fournit à l'esprit toute la matière du savoir, si elle le remplit d'idées, elle ne lui fournitcependant pas tout à fait le savoir, c'est-à-dire, d'une part, les relations d'accord ou de désaccord entre les idéesdonnées, d'autre part le système de ces relations.

Or et nous découvrons là une attitude étonnamment pré-kantienne l'expérience n'est possible, aux yeux de Locke, et il ne peut y avoir d'observation empirique que sil'homme possède, par nature, le pouvoir de déterminer ces relations, ce qui est proprement la lumière naturelle, ceque les Platoniciens de Cambridge appelaient The Candle of the Lord, la Chandelle du Seigneur.

Cette lumière naturelle fixe les idées dans leur identité et dans leurs différences ; elle saisit le moi dans son existence à l'aided'intuitions qui sont les moments fondamentaux de la raison et qui, en servant de cadre, de forme à l'expérience, larendent possible.

L'intuition qui est après tout une expérience apparaît ainsi comme le plus haut degré de clartédans la raison.

Mais, réciproquement, l'observation nourrit et mûrit progressivement la raison.

L'expérience s'encadresous la forme d'idées dans les lumières de la raison naturelle, qui est discrimination et révélation formelle de véritéset non pas ensemble de vérités inscrites et révélées.

Mais l'expérience, qui rend possible le développement de la raison, lui impose des limites ; notre savoir est plus étroitque nos idées et l'intuition ne saisit de connexions nécessaires que là où il y a savoir.

Ce n'est pas le cas de laconnaissance du monde extérieur ; la connaissance de la nature physique ne nous découvre pas de relationsnécessaires et il faut, sur ce point, ne s'attendre qu'à un savoir probable.

Mais ce n'est point l'affaire des hommes de tout savoir sur toutes choses ; ils ont simplement à connaître ce quiconcerne leur conduite.

Or, Locke affirme avec conviction que la connaissance morale peut devenir une véritablescience de la morale, car les idées morales justice, courage, tempérance sont à elles-mêmes leurs véritablesarchétypes : c'est-à-dire que les essences nominales ne font qu'un, en ce qui les concerne, avec les essencesréelles.

Cela ne signifie pas qu'il existe des vérités morales inscrites dans l'esprit humain, mais que les idées moralessont des relations nécessaires entre des règles d'action et des actions effectives, et qu'il est possible de les. »

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