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Jordanie

Publié le 11/04/2013

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jordanie
1 PRÉSENTATION

Jordanie, en arabe Al Urdun, pays du Proche-Orient. Sa capitale est Amman.

La Jordanie est bordée au nord par la Syrie, au nord-est par l’Irak, à l’est et au sud par l’Arabie saoudite, au sud-ouest par la mer Rouge avec le golfe d’Aqaba et à l’ouest par Israël.

La Jordanie a renoncé en 1988 à ses droits sur la Cisjordanie (6 080 km2), occupée par l’armée israélienne depuis 1967, au profit des Palestiniens.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief et hydrographie

La Jordanie couvre une superficie de 89 556 km². Le pays est essentiellement constitué d’un plateau désertique prolongeant le désert de Syrie, à l’extrême est du pays. Environ 80 p. 100 du territoire sont donc composés de steppes désertiques peuplées principalement par des Bédouins. Les plateaux de Transjordanie sont entaillés par de profonds canyons.

La vallée du Jourdain, située à près de 390 m au-dessous du niveau de la mer à proximité du lac de Tibériade, s’inscrit dans une large dépression qui prolonge le fossé tectonique de la mer Morte et rejoint la zone sableuse du wadi Araba. Les activités et la population se concentrent dans cette vallée fertile et agricole (djebel Ajlun), située dans le nord-ouest de la Jordanie.

La Jordanie dispose d’un accès de 25 km sur la mer Rouge, par le golfe d’Aqaba, dans l’extrême sud-ouest du pays.

2.2 Climat

La Jordanie est dotée d’un climat de type méditerranéen ; les précipitations sont limitées à l’hiver et varient de 660 mm, sur le plateau, à moins de 50 mm, à l’extrême est. Sur les hautes terres, les températures moyennes varient entre 7,2 °C et 30 °C. Dans la vallée du Jourdain, elles atteignent près de 50 °C en août, le mois le plus chaud.

2.3 Végétation et faune

En raison de l’importante zone désertique, la végétation n’est pas très abondante en Jordanie. Les prairies et les régions boisées (chênes, oliviers, pins et palmiers) sont situées dans le djebel Ajlun, dans le nord-ouest du pays.

La faune sauvage se compose de hyènes, de gazelles, de bouquetins et de mangoustes.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

En 2008, la population jordanienne est estimée à 6,20 millions d'habitants, soit une densité moyenne de 67 habitants au km2.

Pour la période 1995-2000, le taux d’accroissement naturel de la population est estimé à 32,7 p. 1 000, avec un indice de fécondité de 2,47 enfants par femme. Les moins de 15 ans constituent 43 p. 100 de la population totale, les personnes âgées de 65 ans et plus, 4,1 p. 100 ; l’espérance de vie atteint 78,7 ans.

La population de la Jordanie est presque entièrement arabe. Elle est constituée pour près de 40 p. 100 par des réfugiés palestiniens, auxquels se sont ajoutés les quelque 400 000 « réfugiés du Golfe «, expulsés par le Koweït en 1991 après que le roi Hussein a refusé de condamner l’invasion de ce pays par l'Irak. Les Bédouins, traditionnellement nomades, ont été contraints à une semi-sédentarisation, et pratiquent désormais l’élevage et l’agriculture ; ils représentent à peine 5 p. 100 de la population. Les Circassiens, arrivés au xixe siècle à la suite de la conquête du Caucase par les Russes, forment la principale minorité ethnique (environ 20 000 personnes).

3.2 Découpage administratif et villes principales

La Jordanie comprend 12 gouvernorats (mouhafaza). Les trois anciens gouvernorats qui formaient la Cisjordanie sont occupés par Israël depuis la guerre des Six-Jours ; de plus, en 1988, durant l’Intifada, le roi Hussein a rompu les liens administratifs et légaux avec la Cisjordanie, au profit de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

La population nomade est administrée séparément, recevant des subventions en échange de son soutien à la monarchie.

La population jordanienne est urbanisée à 79 p. 100. Amman, la capitale, dont la population s’élevait à 321 000 habitants en 1966, a dû faire face à plusieurs vagues de réfugiés et compte aujourd’hui plus de 1,24 million d’habitants. Aqaba (10 000 habitants) est l’unique port du pays.

3.3 Institutions et vie politique
3.3.1 Organisation des pouvoirs

Selon les termes de la Constitution de 1952, la Jordanie est une monarchie parlementaire, dirigée par le roi Abdallah II depuis le 7 février 1999. Chef de l’exécutif, il est assisté d’un Premier ministre et d’un cabinet, responsable devant le Parlement.

Sans représentants palestiniens depuis 1988, la Chambre des députés jordanienne ne comprend plus que 80 membres, élus pour quatre ans au suffrage universel. Le Sénat est formé de 40 membres choisis par le roi et dont la nomination est approuvée par la Chambre des députés.

3.3.2 Partis politiques

Les partis politiques, interdits dans les années 1960, n’en n’ont pas moins joué un rôle important lors des élections législatives, notamment en 1989, même si les candidats ne pouvaient officiellement se réclamer d’aucune formation. L’interdiction a été levée par le roi en juin 1991, rendant possible, en 1993, les premières élections pluralistes depuis 1956. Le scrutin a mis en évidence la montée des partis islamiques fondamentalistes, principaux opposants au processus de paix engagé entre Palestiniens, pays arabes et Israël ; mais il a également permis l’élection de la première femme au Parlement. Parmi les mouvements politiques jordaniens, les Frères musulmans jouent un rôle croissant.

3.3.3 Défense nationale

Au début des années 2000, les forces armées jordaniennes comptaient un peu plus de 100 000 hommes, dont 90 000 dans l’armée de terre, 13 000 dans l’armée de l’air, 600 dans la marine. S’y ajoutent une réserve de 35 000 hommes et une milice civile de 200 000 hommes et femmes. En 2003, l’État a consacré 8,7 p. 100 du produit intérieur brut (PIB) aux dépenses de la défense nationale.

3.4 Langues et religions

L’arabe est la langue officielle du pays, mais 60 p. 100 de la population parle également l’anglais.

L’islam est religion d’État. Environ 90 p. 100 des Jordaniens sont des musulmans sunnites ; mais le pays compte aussi une minorité de druzes ; les chrétiens, dont un tiers sont des Grecs orthodoxes, représentent 8 p. 100 de la population.

3.5 Éducation

La Jordanie a beaucoup progressé sur le plan de l’éducation ces dernières années, en dépit des difficultés économiques et de la part importante du budget national affectée à la défense. En 2005, 92,4 p. 100 de la population était alphabétisée, 35 p. 100 des jeunes en âge d’étudier étaient scolarisés dans le 3e degré et 4,6 p. 100 du PIB étaient affectés aux dépenses d’éducation.

La Jordanie possède trois universités : l’université de Jordanie (1962) et l’université Mutah (1981), toutes deux à Amman, ainsi que l’université de Yarmouk (1976) située à Irbid. Le pays compte également plusieurs établissements d’enseignement supérieur spécialisés (statistiques, agriculture, métiers de la banque, affaires sociales et administration publique).

3.6 Arts et vie culturelle

La capitale jordanienne est le centre culturel du pays. Les principales bibliothèques sont celles de la ville d’Amman, de l’université de Jordanie et du British Council. Le Musée archéologique de Jordanie, la galerie de Mosaïques et le Musée folklorique possèdent de riches collections d’œuvres d’art.

Le pays abrite aussi de nombreux sites culturels, objets de fouilles archéologiques, tels que Pétra. Les manuscrits de la mer Morte ont été découverts après la Seconde Guerre mondiale dans des grottes situées en territoire jordanien. Voir archéologie biblique.

Voir aussi littérature arabe ; musique arabe ; art de l’islam.

4 ÉCONOMIE

Enclavée et dépendante de l’extérieur – notamment sur le plan agricole depuis la perte de la Cisjordanie (en 1988), qui représentait la moitié de ses terres arables –, peu développée industriellement, la Jordanie ne se suffit pas à elle-même économiquement et dépend fortement de l’aide internationale : 462 millions de dollars en 1997, 534 millions de dollars en 2002. C’est pourquoi les instances internationales (FMI ou OMC) ont largement influencé la volonté de redressement de l'économie nationale affichée par le gouvernement jordanien.

Toutefois, après la guerre du Golfe, deux sources importantes de revenus pour la Jordanie ont été en grande partie taries : l’aide financière apportée par l’Arabie saoudite et par le Koweït, ainsi que les transferts de devises par les travailleurs jordaniens employés dans les États de la péninsule Arabique ; le trafic routier entre Aqaba (Jordanie) et Bagdad (Irak) a également souffert de l’embargo décrété par les Nations unies sur toutes les marchandises en provenance et à destination de l’Irak. Un accord d'association conclu en 1997 avec l'Union européenne, la progression des échanges avec Israël ainsi que la reconduction de l'accord pétrolier avec l'Irak et, surtout, la libéralisation et la modernisation de l’économie (privatisation des grandes entreprises nationales, institution d’une TVA, développement des nouvelles technologies, ancrage du dinar jordanien au dollar…) ont permis une relance de l'économie jordanienne. En 2003, le produit national brut (PNB) de la Jordanie était de 9,86 milliards de dollars et son taux de croissance s’élevait à 4,59 p. 100 pour la période 1990-2003, mais le chômage continuait à toucher environ 15 p. 100 de la population active.

4.1 Agriculture

En 2003, le secteur primaire contribue à la formation de 2 p. 100 du PNB. Seuls 2,7 p. 100 du territoire sont cultivés. En 1958, la construction du canal du Ghor, entre le lac de Tibériade et la mer Morte, a permis la mise en valeur de toute la vallée du Jourdain et l’augmentation des terres irriguées ; en 2001, celles-ci représentent 19,3 p. 100 des terres cultivées (contre 11 p. 100 en 1981).

Les principales cultures sont l’orge (15 p. 100 des terres arables) et le blé (12 p. 100). Les fruits et légumes, essentiellement des olives, des amandes, des figues, des abricots, des tomates et des concombres, sont les seules exportations agricoles.

La balance agricole du pays demeure déficitaire.

4.2 Mines et industries

En 2003, le secteur secondaire contribue à la formation de 26 p. 100 du PNB.

L’exploitation des ressources minières est importante, notamment le phosphate et la potasse ; les productions de pétrole et de gaz naturel sont en revanche secondaires.

L’industrie, peu développée, consiste essentiellement en la production d’engrais (usine d’État d’Aqaba), de produits agroalimentaires, de ciment, de cuir et de cigarettes.

4.3 Secteur tertiaire

En 2003, le secteur tertiaire contribue à la formation de 72 p. 100 du PNB.

Depuis 1950, la monnaie nationale est le dinar jordanien, divisé en 1 000 fils.

Malgré une baisse récente en raison des tensions géopolitiques, le tourisme constitue une source de devises de plus en plus importante : environ 2 millions de touristes, attirés par les sites historiques et archéologiques, nombreux et variés (Pétra, Djérach, Kerak), ont apporté à l’économie jordanienne 720 millions de dollars en 1994.

Le pays possède une bonne infrastructure en matière de transports : un réseau routier moderne de 7 500 km, dont 40 p. 100 sont constitués de routes nationales et d’autoroutes ; une ligne de chemin de fer qui relie la frontière syrienne à Amman, puis se divise en deux branches, l’une vers l’Arabie Saoudite et l’autre vers le port d’Aqaba, totalisant 620 km de voies ; un aéroport international situé à Amman.

4.4 Commerce extérieur

Avec 8,14 milliards de dollars d’importations et 3,89 milliard de dollars d’exportations, la balance commerciale de la Jordanie était largement déficitaire en 2004. Le pays importe principalement des denrées alimentaires, du pétrole brut, des équipements industriels et des biens de consommation ; il exporte des phosphates, de la potasse, des engrais, des produits pharmaceutiques.

Ses principaux partenaires commerciaux sont les pays de l’Union européenne (43 p. 100 des importations, 11,3 p. 100 des exportations), hors Allemagne (10 p. 100 des importations), et les pays en voie de développement de l’Asie et du Proche-Orient (40 p. 100 des importations, 79,6 p. 100 des exportations).

5 HISTOIRE
5.1 Une terre de conquêtes
5.1.1 L’Antiquité

L’histoire de la Jordanie a toujours été étroitement liée à celle de la Palestine. Le territoire de l’actuelle Jordanie, construction artificielle, est le berceau des plus anciennes entités politiques connues à ce jour. Les Ammonites, présents dans le pays dès le xviie siècle av. J.-C., fondent Rabbath Ammon (Amman). La Bible fait également état des royaumes d’Édom, de Galaad et de Moab, situés à l’est du Jourdain. Le roi David est, au xie siècle av. J.-C., le bâtisseur d’un empire réunissant les royaumes de Juda et d’Israël. La région connaît ensuite la domination des Assyriens (ixe siècle av. J.-C.), puis des Babyloniens conduits par Nabuchodonosor II (ve siècle av. J.-C.). C’est à la même époque que les Nabatéens, peuple arabe anciennement nomade, fondent à Édom un royaume, avec Pétra pour capitale.

Les Babyloniens, vaincus par l’Empire perse achéménide, sont définitivement écartés en 539 av. J.-C. par les troupes de Cyrus le Grand. Ce dernier pacifie la région et autorise le retour de populations déportées par les Babyloniens, permettant un nouvel essor économique. Les armées d’Alexandre le Grand déferlent deux siècles plus tard, et l’actuelle Jordanie est intégrée dans l’Empire séleucide jusqu’à l’arrivée des Romains au ier siècle de notre ère. Lors du partage de l’Empire romain, le territoire rejoint l’Empire romain d’Orient (futur Empire byzantin).

5.1.2 La conquête musulmane

En 634, la bataille de Yarmouk scelle le destin du pays. Conquise par les Arabes, la Jordanie est gouvernée par les califes omeyyades, basés à Damas, puis par les abbassides, qui installent leur capitale à Bagdad. Délaissées, la Jordanie et la Syrie connaissent alors une période de déclin et sont partiellement occupées, aux xe et xie siècles, par les Tulunides et les Fatimides, souverains musulmans d’Égypte, puis menacées par les Turcs seldjoukides, qui s’établissent au nord de la Syrie jusqu’au milieu du xie siècle.

Le désordre qui règne dans la région, divisée entre des dynasties arabes et turques rivales, favorise l’établissement des croisés qui, après la prise d’Antioche (1098) et de Jérusalem (1099), intègrent le territoire jordanien au royaume latin de Jérusalem. En 1187, Saladin, fondateur du sultanat ayyubide, prend la tête de la lutte contre les Francs, qui sont définitivement chassés en 1291 par les Mamelouks, dynastie d’esclaves au pouvoir en Égypte. Les troupes de Sélim Ier envahissent la région en 1517, qui devient une province de l’Empire ottoman jusqu’en 1918.

5.2 La Transjordanie
5.2.1 Des aspirations déçues

Durant la Première Guerre mondiale, les Britanniques (au premier rang desquels le colonel Thomas Edward Lawrence, Lawrence d’Arabie) soutiennent la révolte arabe contre la domination ottomane. Elle éclate en 1916, conduite par le chérif hachémite de La Mecque, Hussein ibn Ali. Les Britanniques ont gagné l’appui des Arabes en leur promettant, en contrepartie de leur soutien, l’indépendance en cas de victoire sur l’Empire ottoman. Cet accord, prévoyant la création d’un grand État arabe, est formalisé en janvier 1916 par un échange de lettres entre le gouvernement britannique et Hussein. Dans le même temps, le Royaume-Uni conclut en secret avec la France et la Russie l’accord Sykes-Picot (mai 1916), par lequel les trois pays se partagent les terres arabes sous domination ottomane. L’année suivante, le Royaume-Uni affirme, par la déclaration Balfour, son intention de favoriser la création d’un foyer national juif en Palestine (2 novembre 1917).

Par le traité de Sèvres (1920), l’Empire ottoman est démantelé, et la Turquie perd ses territoires arabes du Proche-Orient. La Société des Nations (SDN) place alors la Palestine (Jordanie et Israël actuels), la Syrie du Sud (Transjordanie) et l’Irak sous mandat britannique, tandis que la France obtient le contrôle du Liban et de la Syrie. Le territoire jordanien est donc composé de deux entités : la Palestine, comprenant les terres à l’ouest du Jourdain, et la Transjordanie, regroupant les terres situées sur la rive orientale du fleuve.

5.2.2 Un statut autonome

Tout en demeurant sous la tutelle britannique, la Transjordanie est confiée, en 1921, à l’émir Abd Allah, fils de Hussein ; son autre fils, Fayçal Ier étant installé sur le trône d’Irak. Les Hachémites vont désormais présider aux destinées du pays. Des officiers britanniques forment la nouvelle armée transjordanienne, la Légion arabe, en 1923. Progressivement le pouvoir de l’émir est renforcé et, en avril 1928, une loi organique est proclamée, octroyant à la Transjordanie, sa propre Constitution.

Durant la Seconde Guerre mondiale, la Transjordanie se range du côté allié ; son territoire sert de base aux opérations britanniques dirigées contre les partisans de l’Axe qui ont pris le pouvoir en Irak.

En juin 1945, la région obtient son émancipation et le gouvernement britannique met définitivement fin à son mandat sur la Transjordanie en mars 1946, sous réserve de pouvoir conserver des bases militaires dans le pays. L’indépendance est proclamée et Abd Allah est couronné roi en mai 1946.

5.3 La Ligue arabe et la Jordanie

Membre de la Ligue arabe depuis sa création (mars 1945), la Transjordanie participe à l’attaque lancée par les États arabes, en mai 1948, contre le nouvel État d’Israël, occupant la partie orientale de Jérusalem et la Cisjordanie, avant de signer un armistice avec l’État hébreu le 3 avril 1949.

Le 24 avril 1950, le roi Abd Allah réunit la Transjordanie et la Palestine arabe sous le nom de Royaume hachémite de Jordanie.

Mais le souverain est assassiné le 20 juillet 1951 par un Palestinien qui lui reproche ses positions trop conciliantes à l’égard d’Israël. Le 11 août 1952, son petit-fils, Hussein, est proclamé roi et entreprend la modernisation du pays. Il doit faire face à la multiplication des incidents entre Israéliens et Jordaniens et cherche à atteindre un équilibre sur la scène internationale par le jeu des alliances. En 1956, afin de répondre à l’agitation anti-occidentale, il abroge le traité anglo-jordanien, renvoya Glubb Pacha, le chef britannique de son armée, et, pendant la crise de Suez, signe un accord militaire avec l’Égypte dirigée par Gamal Abdel Nasser.

Cependant, le 14 février 1958, en réponse à la création de la République arabe unie, associant l’Égypte et la Syrie, les souverains hachémites jordanien et irakien annoncent la constitution d’une Fédération arabe. Celle-ci est dissoute dès juillet, après la révolution baasiste irakienne, provoquée par des partisans de la République arabe unie (voir parti Baas). Les relations demeurent tendues entre la Jordanie et l’Égypte : en 1960, le roi attribue à Nasser la responsabilité de l’assassinat de son Premier ministre Hazza Majuli.

5.4 La question palestinienne
5.4.1 Le problème de l’OLP

La Jordanie connaît une période de stabilité sur le plan interne au début des années 1960. Au nom de l’unité arabe contre Israël, les relations diplomatiques avec l’Égypte sont rétablies en 1964 et un traité de défense est signé avec Nasser le 30 mai 1967. En revanche, les relations avec le nouveau régime baasiste de Damas se détériorent : des combattants de l’OLP s’infiltrent en Jordanie, à partir de la Syrie, pour lancer des attaques contre Israël, entraînant en retour des représailles israéliennes sur le royaume hachémite. En juillet 1966, celui-ci retire son soutien à l’OLP.

5.4.2 Les territoires occupés

Du fait de son alliance avec Nasser, la Jordanie se trouve engagée dans la guerre des Six-Jours qui éclate le 5 juin 1967. Ce conflit se solde par une lourde défaite : 10 000 victimes militaires, l’anéantissement des forces aériennes jordaniennes, mais surtout, l’occupation par Israël de la Cisjordanie et de la partie est de Jérusalem, qui chasse vers la Jordanie 250 000 nouveaux réfugiés palestiniens.

Au lendemain de la guerre, la Jordanie tente de renforcer ses liens avec l’Occident ; elle ne prend toutefois aucune initiative unilatérale pour aboutir à un accord de paix avec Israël, tandis qu’à l’intérieur la question palestinienne prend un tour tragique. En 1970, des combattants palestiniens se heurtent à l’armée régulière. En septembre, lors d’une action qui fait de nombreuses victimes, l’armée jordanienne expulse les groupes palestiniens armés, qui trouvent refuge au Liban. Au même moment, elle repousse l’armée syrienne qui tente d’intervenir en faveur des Palestiniens. Cet épisode de l’histoire du royaume, connu sous le nom de « septembre noir «, devait marquer durablement les relations entre la Jordanie et les pays arabes voisins et est à l’origine de la création du mouvement de guérilla palestinien Septembre noir. Malgré des tentatives de négociations au Caire (septembre 1970) et à Amman (octobre 1970) entre le roi Hussein et Yasser Arafat, chef de l’OLP, le royaume demeure isolé et se rapproche des pays occidentaux.

5.4.3 Vers la normalisation

En 1973, la Jordanie, dont la stabilité est jugée essentielle dans l’équilibre au Proche-Orient, reçoit des États-Unis l’assurance d’une aide militaire et économique. Au même moment, le roi Hussein cherche à régler le problème palestinien, en libérant des prisonniers politiques palestiniens et en proposant la création d’un État arabe confédéré réunissant la Jordanie et les territoires occupés par Israël. En 1974, lors du sommet de la Ligue arabe à Rabat, il reconnaît l’OLP comme seul représentant du peuple palestinien et admet sa souveraineté sur la Cisjordanie.

5.5 Le processus de paix
5.5.1 Un certain isolement

Dans la courte et indécise guerre israélo-arabe déclenchée le 6 octobre 1973 (guerre du Kippour), la Jordanie adopte une position neutre. Elle se rapproche cependant de la Syrie et, après un premier sommet de réconciliation en 1973, signe un accord de coopération en 1976. En 1978, le roi refuse les accords de paix de Camp David et dénonce, en 1979, la paix séparée signée par l’Égypte avec Israël.

Cependant, les relations de plus en plus étroites entre la Syrie et l’Union soviétique amènent Hussein à s’éloigner de son allié syrien. Ainsi, la Jordanie soutient l’Irak, frère ennemi de la Syrie, durant la guerre Iran-Irak.

Au cours des années 1980, les relations entre la Jordanie et la Palestine évoluent d’abord vers un rapprochement, avant une nouvelle rupture. Ainsi, après la proposition d’une confédération jordano-palestinienne énoncée par le roi Hussein, en 1982, la réintégration, en 1984, des députés palestiniens au sein de l’Assemblée nationale et l’idée d’instituer une délégation commune en 1985, les négociations échouent en 1986.

Le souverain jordanien maintient son soutien à l’Irak, après l’invasion du Koweït par les troupes irakiennes en août 1990. Il entend ainsi prévenir une insurrection des Palestiniens de Jordanie, favorables à Saddam Hussein. Cependant ce choix politique a de graves répercussions sur le plan économique puisque le pays doit faire face à un blocus. Sur le plan international, la Jordanie tente de maintenir un certain équilibre entre les États-Unis et l’URSS. Pourtant, en tentant de se poser en médiateur, le souverain hachémite ne parvient qu’à isoler son pays et à accroître les difficultés économiques, sans véritablement regagner la confiance de l’OLP et des Palestiniens.

5.5.2 Une difficile situation intérieure

À partir de 1986, la Jordanie subit les conséquences d’une crise économique. Trois ans plus tard, des mouvements de protestations se développent et aboutissent à de véritables émeutes contre le régime. Le roi Hussein décide alors d’entamer un processus de démocratisation et lance le remaniement de son gouvernement. En juin 1991, la Charte nationale consacrant le pluralisme politique est proclamée.

5.5.3 Conséquences de l’Intifada

Après le déclenchement de l’Intifada, le roi Hussein, en juillet 1988, manifeste clairement qu’il abandonne toute prétention jordanienne sur les territoires situés à l’ouest du Jourdain. Il rompt tous liens légaux et administratifs avec la Cisjordanie, reconnaissant ainsi que ce territoire revient de droit aux Palestiniens. Une délégation palestino-jordanienne participe aux négociations de paix qui débutent en octobre 1991, à la conférence de Madrid, mais le souverain jordanien est maintenu à l’écart des pourparlers qui aboutissent à la signature, en septembre 1993, d’un accord entre Israël et l’OLP sur l’autonomie palestinienne (Gaza et Jéricho).

5.5.4 Paix avec Israël

En juillet, puis en octobre 1994, le roi signe à son tour un traité de paix avec Israël, après quarante-six années de guerre entre les deux pays. Ce traité reconnaît à la Jordanie un rôle « historique « dans l’administration des Lieux saints de Jérusalem. Cependant, Hussein conclut, en février 1995, avec Yasser Arafat, dirigeant de la nouvelle Autorité palestinienne à Gaza et Jéricho, un accord de coopération et de coordination concédant une légitimité aux ambitions palestiniennes à la souveraineté sur Jérusalem-Est.

Au sein du royaume hachémite, le roi Hussein doit faire face à la montée d’une opposition grandissante, en raison notamment de la mise en œuvre, à partir de 1996, d’une politique d’ajustement de l’économie et de rigueur budgétaire. Malgré de bons résultats macroéconomiques (forte croissance, progression du PIB et maîtrise de l’inflation), le gouvernement, en août 1996, est confronté dans le sud du pays à de très violentes émeutes provoquées par la suppression de l’aide de l’État pour les produits de première nécessité. Par ailleurs, la Jordanie est pénalisée par l’embargo pétrolier pesant sur l’Irak. Surtout, le processus de paix avec Israël (qui trouve une nouvelle orientation avec l’arrivée au pouvoir de Benyamin Netanyahou) ne va pas sans rencontrer une forte hostilité de la part de la population jordanienne. L’attentat manqué des services secrets israéliens, à Amman, contre le chef politique du Mouvement palestinien de la résistance islamique (Hamas) en septembre 1997 contribue à aggraver cette situation dont profitent les islamistes, même si le roi Hussein obtient, en échange de la libération des agents secrets israéliens, celle du guide spirituel du Hamas, le cheikh Ahmad Yassine. Les élections législatives de novembre 1997 sont marquées par le boycott des mouvements islamistes protestant ainsi contre la politique extérieure du souverain, et manifestent l’exaspération grandissante d’une partie de la population exclue de la croissance et touchée par un fort taux de chômage.

5.6 L’avènement du prince Abdallah

Frappé d’un cancer et soigné aux États-Unis, le roi Hussein intervient lors du sommet de Wye Plantation pour convaincre Palestiniens et Israéliens de conclure un accord. Le 5 janvier 1999, il fait du prince Abdallah, son fils aîné né en 1962, l'héritier du trône après avoir écarté de la succession son frère, le prince Hassan. Le 7 février 1999, il décède après 46 ans de règne laissant au nouveau roi, d'importants défis à relever tant à l’intérieur que dans les relations avec les voisins.

Se rapprochant de la Syrie, la Jordanie continue d’être très attentive à la situation israélo-palestienne qui se dégrade à partir de septembre 2000 avec le déclenchement d’une nouvelle Intifada. Condamnant les attentats du 11 septembre 2001, la Jordanie apporte son soutien aux États-Unis dans leur lutte contre le terrorisme, mais s’inquiète des conséquences de leur intervention en Irak. Sur le plan intérieur, le scrutin législatif de juin 2003 conduit à l’élection de nombreuses personnalités indépendantes proches du pouvoir, tandis que le Front d’action islamique obtient 15 p. 100 des suffrages. Alors qu’elle lance de nombreuses réformes économiques, politiques et sociales (privatisations, décentralisation, lutte contre le chômage…), la Jordanie accueille en 2004 le Forum économique mondial. Cible de deux attentats en 2002, visant le chef de la lutte antiterroriste et un diplomate américain, la Jordanie est victime en août 2005 d’un attentat contre le port d’Aqaba qui fait un mort et au mois de novembre suivant de trois attaques simultanées contre de grands hôtels de la capitale qui font 57 morts, revendiqués par Al-Zarkaoui, le chef d’Al-Qaida en Irak, lui-même d’origine jordanienne.

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