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Le jugement de goût est-il naturel ?

Publié le 24/02/2004

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D'une façon générale, un connaisseur reconnaît autant qu'il connaît, il sait reconnaître autant qu'il prend plaisir à connaître. Il sait donc dépasser les apparences et dénicher les choses rares. L'art étant unique et rare, il faut donc être connaisseur. Enfin, une oeuvre d'art n'a pas que du sens par rapport à elle-même ou à nous. Elle en a parce qu'elle fait histoire. Comme l'a dit Hegel elle fait événement. Cela dit, il convient d'être prudent. La connaissance peut être un piège. Connaître peut donner la tentation d'aborder l'art avec le préjugé du connaisseur qui croit connaître ou qui veut connaître. Or, l'art ne doit-il pas être abordé sans préjugé ?
Le goût est naturel et innée. Point n'est besoin de culture ou d'éducation pour savoir si l'on aime ou pas. Mais, Le goût est aussi culturel, cad le résultat d'un apprentissage, d'une éducation voire d'un conditionnement.

« Gout et éducationNous savons tous qu'un enfant n'a pas les mêmes goûts qu'un adulte.

Cela vient du fait que le goût se formepetit à petit par les expériences vécues et les savoirs acquis.

On peut donc dire que le goût dépend toujoursde la culture.

L'homme ne peut aimer que ce qu'on lui a appris à apprécier tant sur le plan du sensitif que surcelui de l'esthétique.

Certains mets demandent un apprentissage, certaines oeuvres nécessitent une initiation. Le goût exige une culture esthétiquePour entrer dans l'univers d'un artiste, il est besoin de faire un effort.

Le beau n'est pas toujoursimmédiatement accessible.

Ce n'est qu'en étendant ma connaissance de l'art que je peux saisir toutes lesfinesses et les qualités d'une oeuvre et ainsi parfaire mon goût.

Avoir du goût, c'est être capable de juger dubeau.

Si je veux juger Dante, il faut que je m'élève à sa hauteur.Si la connaissance vient à l'appui du sentiment, elle ne saurait le remplacer.A son actif, il y a bien des raisons de la défendre.

Aimer, cela s'apprend.

Souvent, nous nous sommes mis àaimer des oeuvres parce qu'un connaisseur a su nous les faire voir en nous ouvrant à leur signification. D'une façon générale, un connaisseur reconnaît autant qu'il connaît, il sait reconnaître autant qu'il prendplaisir à connaître.

Il sait donc dépasser les apparences et dénicher les choses rares.

L'art étant unique etrare, il faut donc être connaisseur.

Enfin, une oeuvre d'art n'a pas que du sens par rapport à elle-même ou ànous.

Elle en a parce qu'elle fait histoire.

Comme l'a dit Hegel elle fait événement.

Cela dit, il convient d'être prudent.

La connaissance peut être un piège.

Connaître peut donner latentation d'aborder l'art avec le préjugé du connaisseur qui croitconnaître ou qui veut connaître.

Or, l'art ne doit-il pas être abordé sanspréjugé ? Ne doit-il pas étonner ? N'est-il pas quelque chose qui nousapporte ce que l'on ne connaissait pas en bousculant nos préjugés ?Bref, être face à l'art c'est naître au monde ; comme l'a dit Bachelard,avoir un regard neuf.

Aussi la connaissance est-elle mise en échec.

Sil'art requiert qu'on s'éduque toujours, ainsi que l'a vu Kant, il n'est pasune science. Le goût est d'origine socialeLes analyses sociologiques (inspirées plus ou moins fidèlement de Marx)ont montré que le goût de l'individu est formé en grande partie par saclasse sociale et les conditions de vie qu'elle implique.

C'est pour cetteraison d'ailleurs qu'il peut fonctionner comme un moyen de«distinction»: «Dis-moi ce que tu aimes et je saurais qui tu es!» Lesstatistiques sont formelles, il faut être l'héritier (Bourdieu) de milieuxaisés pour apprécier comme pour produire une oeuvre d'art ; le sachemiroquois n'appréciera jamais, à Paris, que les rôtisseries (Kant). Dans L'Amour de l'art, Pierre Bourdieu montre que les étudiants issusdes classes populaires sont nettement moins sensibles que les autres à la peinture moderne, à celle d'artistes moins connus que Renoir, Van Gogh, Cézanne.

D'où la difficulté de«briser le cercle qui fait que le capital culturel va au capital culturel» Faire de la culture une condition de possibilité du goût, ce serait réduire le beau et le bon à n'être quel'expression d'une classe sociale, et l'acquisition du bon goût constituerait alors un instrument de dominationsociale: manifester du «bon goût» reviendrait à affirmer son appartenance à la classe dominante ou sonsouhait d'y parvenir.

C'est du moins ce que l'on peut dire si l'on suit les analyses de Pierre Bourdieu dans LaDistinction.

Victor Basil n'est pas loin non plus de cette position lorsqu'il écrit: «Le bon goût est la faculté dejuger immédiatement de ce qui doit me plaire» (Essai critique sur l'esthétique de Kant).

Cependant, si l'éruditionest souvent superflue (on peut aimer un vin sans être capable de parler savamment de sa robe, on peut aimerMozart sans connaître le solfège), la culture n'est jamais absente des plaisirs du goût.

Qu'il soit sensitif ou qu'ilsoit esthétique, le goût se perfectionne et s'affine dans son commerce avec les oeuvres de l'art et, pour cetteraison, dépend toujours nécessairement d'une culture et d'un apprentissage. SUPPLEMENT: LA CULTURE DU GOUT - Si le beau peut ne pas plaire en ce qu'il se différencie radicalement de l'agréable, c'est peut-être parce qu'il. »

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